[ [ [ De Landruk à Chumrung - Yannis Lehuédé

Au matin, la vue sur l’Annapurna Sud, qui surplombe la vallée, est dégagée. On aperçoit également, sur la montagne d’en face, le village où nous nous arrêterons au retour de notre périple.

La lodges et l’Annapurna sud

Notre groupe reprend sa marche sur les escaliers d’ardoises, en descente. Nous quittons à nouveau les cultures de riz en terrasse (les pousses sont embryonnaires et les bassins sont rarement remplis) pour entrer à nouveau dans la forêt. Arrivés à la rivière, nous la traversons sur un immense pont suspendu. Le même manège que la veille se produit, immortalisé par quelques séances de photo.

Nous arrivons ensuite sur la crête de la montagne d’en face. Le lieu du repas de midi est un petit amas de deux ou trois maisons nichées au sommet. Nous nous posons sur la terrasse qui surplombe la vallée pour nous désaltérer.

La vallée

La plupart d’entre nous repartent vers une rivière pour aller se baigner dans des sources chaudes. Les autres nous attendent là pour le déjeuner, profitant de la présence de tibétains qui vendent des babioles pour exercer leurs talents au marchandage. Nous descendons en direction des sources à vive allure, traversant les rayons du soleil qui perçent la forêt. Il y a ladeux bassins en ardoise, nous nous jetons à l’eau. La température des bassins est de 30 ou 40°, ce qui est fort agréable même sous le soleil cuisant. L’une d’entre nous testera également la température de la rivière ! Cette petite cure thermale me sort de l’ambiance mystique de la forêt, mais nous prenons le temps de discuter. Nous ne pouvons nous attarder trop longtemps et remontons vers le restaurant. C’est plus difficile, l’eau nous a quelque peu ramollis, mais la faim nous tiraille tant et plus… et le reste du groupe nous attend.

Les nuages sur la vallée

Après le repas, nous reprenons notre marche à travers l’escalier escarpé en nous pressant : des nuages venus du haut des montagnes recouvrent maintenant la vallée (ce qui devient une habitude l’après-midi). À croire que les éléments nous pressent inlassablement de continuer sans prendre le temps d’en profiter. Nous devons arriver avant la pluie.

Au cours de l’après-midi, nous montons jusqu’à l’étape du soir, Chumrung. Notre arrivée est saluée de façon spectaculaire. Notre lodge, tout en haut du village est entourée de nombreuses « guirlandes » de drapeaux à prières bouddhistes, brusquement agitées par un vent violent qui se lève. Les nuages qui sont chahutés découvrent de temps en temps les sommets dans le lointain. La scène a vraiment quelque chose de surnaturel cette fois. La brise rafraîchit l’air depuis peu et notre guide confirme : nous avons gagné en altitude. Fini le climat tropical, c’est maintenant « tempéré » et nous auront prochainement un climat froid de haute montagne. Chic, on se rapproche !

L’étage de la lodge n’a de fenêtres qu’aux chambres, les parties communes et les couloirs sont balayés par le vent. Un masseur du village se présente, certains s’inscrivent pour une séance tandis que je pars avec d’autres pour un tour dans le village. Il n’y a que très peu de commerces mais… une boulangerie-pâtisserie qui exhibe des pains au chocolat !

De retour à la lodge, un étale est dressé dehors malgré les vents. Elle est tenue par des réfugiés tibétains. Ces gens sont toujours entourés d’une sorte d’aura inspirant le respect. Là encore, c’est difficile à décrire de manière rationnelle, mais cette impression est très marquante en contact des tibétains.

Le soir, dans la salle commune, d’autres randonneurs sont rassemblés autour de la grande table carrée aux bords tapissés de feutre. C’est l’endroit où tous se rassemblent au chaud : il y a un petit groupe de francophones et deux jeunes russes qui ont l’air enchantées des sommets d’où elles reviennent. L’ambiance ressemble à une vraie auberge de jeunesse, mais qu a ceci de particulier à l’endroit : la communication verbale y est restreinte, l’aventure est intérieure. Les assistants de notre guide nous servent du poulet avec une sauce qui frétille dans des auges en bois, toujours avec la bonne humeur qui les caractérise…

Comme la veille, nous ne voyons pas beaucoup les porteurs. La journée, ils marchent à leur rythme, on ne les croise donc que rarement et le soir, ils restent avec les népalais de l’habitation. Plus tard dans la soirée, quelques uns s’attardent à boire un verre de Cognac. Il faut dire que nos journées se terminent assez tôt et, même après une journée de marche, il est difficile d’espérer dormir quand on se couche avant dix heures !

Le lendemain.

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