[ [ [ Nouvel an à Gandrung - Yannis Lehuédé

Au matin, je suis rétabli. Une bonne nuit de sommeil aidant ! Il fait beau et nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse car un groupe d’australiens occupe la salle commune, c’est un plaisir de la leur laisser !

Sur les chemins

La route que nous prenons ensuite bifurque de l’itinéraire que nos avions pris jusqu’à présent. C’est maintenant une route très peu fréquentée. Les villageois que nous rencontrons sont, de fait, peu habitués à la présence d’étrangers. Notre progression croise des caravanes de mulets qui transportent des sacs de riz et des bonbonnes de gaz. Leurs chargements sont lourds et c’est quelque peu rassurant de voir enfin des bêtes faire le travail de porteur ! Il est vrai que les chemins, moins escarpés, ressemblent à des sentiers de terre avec quelques pierres ici et là, Pour nous, fini les durs escaliers pavés d’ardoises luisantes au soleil !

Les paysages changent, il n’y a plus de bambous, moins de rhododendrons, mais ils regorgent de fleurs.

Nous sentons la fatigue accumulée des derniers jours. Notre rythme ralentit dans les montées (même si elles sont moins nombreuses et moins abruptes) et nous avons tendance à nous éterniser durant les pauses où nous buvons désormais plus de boissons gazeuses sucrées que notre thé habituel (ce qui n’est évidemment pas l’idéal pour le commerce local). Certains d’entre nous s’essayent à jouer avec les enfants des villages aux jeux locaux.

Après le repas, notre guide Anup nous annonce la dernière grande descente dans le fond de la vallée et la dernière montée de notre randonnée. C’est un peu triste, ça sonne l’approche de la fin de la randonnée. C’est également le dernier jour de l’année sur le calendrier népalais.

En bas, arrivés à la rivière, nous traversons un nouveau pont suspendu en fer (ce qui nous change des troncs surmontés de quelques pierres bancales) et entamons une rude montée sur le versant d’en face, menant au village de notre dernière lodge.

Ferme à Gandrung

Le village, Gandrung, est magnifique. Il est très grand comparé aux précédents. De nombreux bovins sont là, des légumes poussent juste derrière les maisons, des femmes battent le grain dans les cours et les épis sèchent aux balcons des étages de maisons. La majorité des maisons ressemblent à ce qui nous a servi de lodge ces derniers jours, on retrouve ici leur utilité originelle de grenier et il y a d’innombrables ruelles.

On trouve aussi un musée d’outils agricoles (ce qui montre que ce village est une sorte d’éco-musée pour les visiteurs…) et un temple bouddhiste « municipal », notre premier !

Quelle joie de voir un village si vivant, où on distingue plusieurs corps de métier. Les hameaux que nous avions vus en haute montagne étaient si petits et dans des zones si peu fertiles qu’on pouvait à peine se rendre compte de l’organisation d’un village népalais.

la rue du village de montagne

Nous nous éparpillons donc, à flâner, à la recherche de belles photos malgré la lumière faiblissante ou à la rencontre des enfants du village qui chantent en chœur des hymnes d’alpinistes, ces héros nationaux.

Ce village, comme toujours à flanc de montagne, regorge de jolies maisons et d’une population très traditionnelle. Il y a quelques bâtiments modernes en parpaings, mais notre regard s’en détourne lorsque nous les apercevons…

l’école
 
 

Notre lodge propose ici un confort dont nous-mêmes ne somme pas habitués : il y a des toilettes et une douche (tiède) dans chaque chambre double !

Lodge

Le soir, c’est fête, tout le monde est convié à la même table : porteurs, assistants, guide et randonneurs. Je suis convié à côté des porteurs et assistants. Même ayant bien sympathisé avec eux durant notre périple, j’en reste très touché. Parfois avec du mal, on a toujours réussi à se comprendre. Ils entreprennent maintenant de m’enseigner des mots plus sophistiqués de népalais. Ma prononciation hasardeuse transforme les phrases en expressions obscènes. Mes amis en rient beaucoup, mais ça me décourage de pratiquer cette langue plus sérieusement. Si tout ce monde est rassemblé dans la joie, c’est un peu notre dernière soirée tous ensemble, mais surtout, nous célébrons le dernier jour de l’année népalaise 2065 ! Nous buvons donc de l’alcool de café chaud.

Le guide présente au groupe l’ensemble de l’équipe des porteurs, qui ont entre 17 et 36 ans. Il sont en majorité fermiers et arrondissent ainsi les fins de mois de leurs familles ou bien financent leurs études.

Après quelques verres assez forts, nous dégustons un dal bat de luxe. Après ce dîner accompagné de chants, les assistants et porteurs s’enfuient dans le village terminer l’année avec quelques connaissances (ils connaissent tous les jeunes des villages). Je n’ai pas le courage de les suivre.

Le lendemain.

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