[ [ [ 52ème jour de grève de la faim pour la cause des intermittents et (...) - Yannis Lehuédé

Ci-dessous un communiqué de la coordination qui s’est constituée pour défendre les droits des travailleurs précaires, intermittents du spectacle ou autres, chômeurs, intérimaires.

Voilà des semaines que la hache de guerre est sortie, précisément depuis que se concluait, le 22 mars 2014, un accord entre patronat et syndicats instituant de nouvelles règles critiquées par la CIP, historique coordination des intermittents et précaires, avec une telle pertinence qu’il y a là comme l’émergence d’un nouveau syndicalisme.

Premier indice de ce renouveau : la revendication de remettre à plat le système. "Force de proposition, la Coordination nationale propose un système juste et solidaire de l’assurance chômage." Rien de moins. Comment faire mieux et moins cher, ou beaucoup mieux et pas plus cher…

Pire encore, "la Coordination nationale lance dès aujourd’hui une étude sur le financement de la protection sociale". On croirait entendre un coup de feu dans un concert de musique classique… En voilà une bonne idée ! Il serait temps, et c’est bien d’ailleurs pour avoir totalement démissionné de cette fonction élémentaire que les syndicats ont signé leur arrêt de mort, ou du moins laissé la place à l’émergence de ce nouveau syndicalisme, juste un peu plus cohérent – et moins corrompu.

On se souvient de cet énorme scandale dénoncé il y a dix ans par quelques mutuelles, et qui avait dû acheter de l’espace publicitaire dans les journaux pour ça suivant lesquelles le "trou de la sécu" n’existe simplement pas, l’Etat ne reversant pas des impôts pourtant affectés à cet usage, telles les taxes sur les tabacs et alcools.

Beaucoup plus grave, le vrai problème que pose la CSG, cette extraordinaire invention fiscale, forgée par Michel Rocard il y a bientôt un quart de siècle, pour justement combler ce fameux trou, objet de toutes les sollicitudes. C’était un impôt de 1,1%, nous rappelle avec émotion Wikipedia.

De fil en aiguille et de réformes en tours de passe-passe l’impôt prévu comme variable en fonction de l’ampleur du "trou" deviendra un impôt fixe de 10% sur l’ensemble des revenus, salariaux et non salariaux. Peut-être la plus belle invention fiscale de tous les temps. Ni vue ni connue, l’Etat sera parvenu à imposer rien de moins qu’une dîme supplémentaire par-dessus la montagne des autres impôts qui existaient déjà et auxquels la CSG ne s’est nullement substituée. C’est pourtant l’impression qu’elle donnait, puisque, pour les salariés, elle prendra en effet la place des prélèvements précédemment effectués au titre des charges sociales.

Le tour de passe-passe résidait là : pour ce qui est des salaires (soit la moitié des revenus concernés par ce nouvel impôt), il n’y avait pas d’augmentation des prélèvements. Le revenu des salariés ne bougea pas d’un poil, les points de CSG se substituant aux points de cotisation à la sécurité sociale et aux diverses caisses concernées.

Ainsi, c’était sous un gouvernement de gauche, avec Lionel Jospin à Matignon et Dominique Strauss-Khan au pilotage de cette délicate manœuvre, à Bercy. Ce que syndicalistes et résistants avaient refusé en 1945 lorsque se négociaient les principes de cette sécurité sociale que le monde nous envie, la fiscalisation de la sécu. Finalement, après un demi-siècle de pratique plus ou moins chaotique de l’assurance maladie telle qu’elle avait été voulue, on renonçait à ce principe essentiel de la prise en charge mutuelle des travailleurs par eux-mêmes, l’Etat se chargeant désormais de tout…

Au passage, en élargissant l’assiette du prélèvement à l’ensemble des revenus, Rocard, Strauss-Khan et les petits génies de Bercy avaient réussi rien de moins que… le doublement des recettes au titre de la sécu. Vraiment astucieux, ils prendront la précaution de ce que ce nouvel impôt soit considéré parmi les recettes générales de l’Etat, et non comme un impôt affecté.

Strauss-Khan peaufinera la chose en même temps qu’il portait le prélèvement à 10%, liquidant le système d’assurance mutuelle des travailleurs, en décomposant cette nouvelle dîme en deux parties : CSG proprement dite, d’environ 8%, et la CRDS, d’environ 2%. En fait seule la CRDS est un impôt affecté à la sécu. La CSG est une recette générale de l’Etat qui sert aussi bien à payer les voyages en avion du Président de la République que les feux rouges ou l’école… – et qui parfois même dans une moindre mesure, peut aussi servir à renflouer la sécu… Ça s’est vu…

On nous pardonnera ce petit rappel historique, état des lieux de l’escroquerie sociale que la CIP se propose de mettre à plat. Il serait temps.

Autre chose : Franck Halimi, metteur en scène bourguignon, est en grève de la faim depuis plus de 50 jours, 52 aujourd’hui.

Est-il vraiment acceptable que ce silence de la presse au point où un citoyen engage une telle action, jusqu’à un point aussi avancé, sans que personne soit au courant !?

Il y a des scandales qui passent les bornes.

La profonde et saine entreprise de renouvellement du syndicalisme qu’opère la CIP mériterait un peu plus que les vagues mentions qui lui sont accordées par-ci par-là. Et un homme qui arrête de s’alimenter pendant une telle durée simplement pour attirer l’attention du public sur ce combat mériterait peut-être qu’on l’écoute un peu. En fait, c’est bien parce que la presse est en dessous de tout que Franck Halimi est en grève de la faim… Ainsi il ne faudrait pas s’étonner de ce que celle-ci, réduite à un service de propagande du gouvernement, persiste en ignorant aussi superbement cette grève de la faim sans précédent connu quant à son durée ou son genre d’objet.

Si la honte de la presse peut se vérifier, il est quelqu’un d’autre qui n’aura pas eu honte, c’est Anne Hidalgo qui, à peine élue, a envoyé à répétition les CRS contre la CIP, déployant une violence très disproportionnée – et un réel manque d’intelligence des intérêts essentiels de la ville.

Car on peut regretter surtout que la mairie n’ait pas saisi l’occasion de la prise de la caserne de Reuilly par ces manifestants bien organisés pour leur accorder un contrat d’occupation temporaire, jusqu’aux travaux prévus là en mai 2015, dans un an. Pendant un an cette ancienne caserne pourrait devenir la grande maison de la démocratie qui décidément manque dans la grand ville de Paris.

Paris s’éveille

Communiqué de la Coordination nationale des PRÉCAIRES, CHÔMEURS, INTERMITTENTS ET INTÉRIMAIRES

Saint-Denis, le 27 avril 2014

Depuis plusieurs semaines, dans toute la France, des collectifs luttent contre l’agrément de l’accord des nouvelles règles d’assurance chômage du 22 mars 2014.

Les 26 et 27 avril, 20 régions se sont réunies pour constituer la Coordination nationale des PRÉCAIRES, CHÔMEURS, INTERMITTENTS ET INTÉRIMAIRES.

Toutes les mesures de précarisation que prévoient ces accords entrent dans le cadre d’une casse générale de la protection sociale : pacte de responsabilité, attaque de la Sécurité sociale et du code du travail...

Nous signalons que le MEDEF a prévu dans ce texte le cadre nécessaire (article 13) pour se passer de tout contrôle du gouvernement.

Monsieur Rebsamen, ministre du Travail, si vous agréez cet accord, vous ne servirez plus à rien !

Force de proposition,

la Coordination nationale propose un système juste et solidaire de l’assurance chômage.

La Coordination nationale lance dès aujourd’hui une étude sur le financement de la protection sociale.

Force de colère,

la Coordination nationale affirme que nos actions ne connaîtront aucune pause.

La Coordination nationale rappelle que Franck Halimi, metteur en scène dijonnais, est en grève de la faim depuis 49 jours.

La Coordination nationale appelle les précaires, chômeur-se-s, intérimaires intermittent-e-s, retraité-e-s, salarié-e-s du public et du privé, avec ou sans papiers, à se joindre à la mobilisation.

La Coordination nationale réunie en Assemblée générale appelle à la grève le samedi 17 mai 2014.

Ne vous y trompez pas, ceci est une déclaration de guerre.

[Source : CIP]

PARIS 13H RÉPUBLIQUE (et non plus Bastille comme annoncé précédemment)

NON À L’AGRÉMENT !

51 ème jour de grève de la faim [1] pour Franck de Bourgogne, metteur en zen dijonnais membre de la Coordination des Intermittents et Précaires.

Le Bureau de l’Unédic chargé d’examiner le projet de convention est reporté au 22 mai prochain. Cette journée de manifestations et d’actions avait néanmoins été maintenue dans la plupart des localités. De plus, suite à la coordination nationale de ce week-end, nous avons décidé de faire de cette journée un moment national de médiatisation de la grève de la faim de Franck.

NOS ACTIONS NE CONNAÎTRONS PAS DE PAUSE

Liste partielle de rendez-vous de ce jour :

PARIS 13H RÉPUBLIQUE (et non plus Bastille comme annoncé précédemment)
pour un départ en action. NON À L’AGRÉMENT !

AVIGNON 10H Square Agricol Perdiguier pour partir en ActionS, prévoir du
temps disponible.

BESANÇON 18H AG à « La Rodia »

CAEN 14H au théâtre des Cordes pour réaliser l’action préparée en AG.

MONTPELLIER 14H rdv à la DIRECTE - place Paul Bec pour un départ en
action.

NANCY 10H Place Maginot pour une installation qui durera toute la journée. Venez avec une tente, du mobilier, une corde à linge, des fringues à suspendre, des affaires en tous genres. OCCUPONS L’ESPACE PUBLIC !

NANTES 11H AG au Lieu Unique + action en fonction du nombre

ORLÉANS interpellation

RENNES 18H rdv aux Ateliers du vent.

ROMANS (DRÔME-ARDÈCHE) 10H AG au Théâtre de la Courte échelle.

SAINT-ETIENNE 14H AG à la Bourse du travail

STRASBOURG 10H : rassemblement devant la DIRECTE, 6, rue Gustave
Adolphe Hirn.

[Source : CIP]

Solidarité, convergence des luttes ! Occupation des centres de tri de la Poste de Paris 19

Nous chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, occupons les centres de tri de la Poste Paris 19 aux côtés de nos camarades postiers en grève depuis le 16 avril 2014.
Nous sommes une cinquantaine à avoir investi ce lieu pour dialoguer avec les salariés de la Poste sur la précarisation qu’ils subissent.

L’objectif est :

  • de faire entendre que certains sont déjà en luttes, qu’il ne faut pas se résigner, mais s’unir pour que la peur change de camp. Après 2 jours de coordination nationale des précaires, chômeurs, intermittents et intérimaires avec ou sans papiers, notre énergie a redoublé.
  • que les luttes s’unissent sur les territoires au sein et entre « les secteurs ».

Le gouvernement et la majorité des « partenaires sociaux » sous l’emprise du medef imposent une précarisation de toutes, et tous, cherchant à briser les solidarités

C’est ensemble que nous voulons faire valoir nos droits.

Texte de la prise parole :

Nous sommes ici chômeurs, précaires, intérimaires, intermittents avec ou sans papiers car nous sommes solidaires de votre lutte.

  • Nous sommes fiers d’être aujourd’hui aux côtés de nos camarades postiers en grève depuis 92 jours. Nous saluons le courage, la ténacité de leur engagement et nous soutenons toutes leurs revendications.
  • Quand on précarise les salariés de la poste, on précarise le service public et on tue des valeurs fondamentales de notre société.

C’est donc en tant que travailleurs et en tant que citoyens que nous sommes ici présents parce que nous refusons de payer les conséquences du néo-libéralisme.

  • Quand la pauvreté touche plus de 9 millions de personnes, quand 80% des embauches se font en contrats courts, quand un chômeur sur deux n’est pas indemnisé, il est scandaleux de s’attaquer aux droits sociaux, en faisant payer les plus précaires.
  • Partout en France, des salariés et des citoyens luttent pour garder des conditions de vie décentes. Nous sommes ici parce que nous pensons que les postiers, les fralibs, les salariés de Peugeot, de la Redoute, les enseignants, les personnels soignants, et la liste est longue, mènent un seul et même combat.

On tente de nous diviser, rassemblons-nous. Ensemble nous sommes plus forts.

  • Un nouvel accord a été conclu sur les règles relatives à l’assurance chômage. Il se fait encore sur le dos des plus précaires et s’attaque aux droits sociaux des chômeurs, intérimaires, intermittents et de nous les travailleurs à activité réduite et à contrats courts et en conséquence à tous les salariés.
  • Nous sommes atteints par ses réformes, vous l’êtes aussi. Encore une fois, nous sommes tous concernés
  • Pour donner de la force à nos luttes, l’union est indispensable

Une Union Nationale, nous espérons que vous arriverez à unir les luttes existantes partout en France au sein de la Poste.

Ce n’est pas une utopie.

Depuis plusieurs semaines, dans toutes la France, des collectifs luttent contre l’agrément de l’accord des nouvelles règles de l’assurance chômage du 22 mars 2014.

Les 26 et 27 avril 20 régions se sont réunies pour constituer la Coordination nationale des Précaires, Chômeurs, Intermittents et intérimaires.

Mais aussi une union interprofessionnelle, comme celle qui germe ici. Nous appelons tous ensembles à un point fixe unitaire le 1 mai pour la convergence des luttes, contre la précarisation.

Ce que nous défendons nous le défendons pour tous.

http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6901