[ [ [ Après le carburant, la grève des ordures menace - Yannis Lehuédé

La vision, inhabituelle, interpelle les automobilistes du périphérique parisien à hauteur de la porte de Bercy. Depuis jeudi, plus aucune volute de fumée ne s’échappe des deux cheminées du centre de traitement des déchets d’Ivry (Val-de-Marne), le plus important d’Europe, avec plus de 600 000 tonnes d’ordures traitées chaque année en provenance d’une douzaine d’arrondissements parisiens et de quatorze villes du Val-de-Marne.

Sur place hier matin, grelottant autour de leur brasero, une trentaine de grévistes, pour la plupart éboueurs de la ville de Paris, entament leur cinquième jour de blocage devant l’usine. Parmi eux, des syndicalistes de la CGT-Nettoyage — majoritaire —, mais aussi des cheminots de la gare d’Austerlitz ou encore des agents territoriaux du Val-de-Marne, venus prêter main-forte.

« Depuis 7 heures du matin mardi, plus aucune benne n’a déchargé ses déchets ici, assurent Frédéric, Nicolas, François et Kamel, quatre grévistes emmitouflés dans leurs anoraks. On fait les trois-huit ! On se relaye jour et nuit pour empêcher l’entrée des camions », expliquent-ils en désignant, bloqués à l’intérieur du site, la vingtaine de camions-poubelles verts, remplis à ras bord.

Entre 15 % et 20 % d’éboueurs grévistes à Paris

« On est entourés d’un grand mouvement de solidarité! Les gens klaxonnent, viennent nous déposer du pain, des viennoiseries. Il y a même des bûcherons qui livrent du bois pour le feu », assure Régis Vieceli, secrétaire général de la CGT-Nettoyage, qui estime que 15 % à 20% des éboueurs sont grévistes à Paris. « Depuis des années, nos conditions de travail se dégradent alors que notre productivité a augmenté de 30% en six ans. Soixante nouvelles suppressions de postes ont été annoncées cette année. On ne veut pas que ce soit nos salaires et nos emplois qui financent les retraites! » poursuit-il.

Du côté du Syctom (syndicat intercommunal de collecte des ordures ménagères), gérant du site, qui dispose de deux autres incinérateurs dans la région à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), on estime la situation « compliquée », tout en affirmant « tout mettre en œuvre pour assurer au jour le jour le traitement des déchets en Ile-de-France ». Mais jusqu’à quand ?

À l’usine de Saint-Ouen, des arrêts de travail ont été signalés vendredi. Depuis cinq jours, les déchets sont notamment transférés vers d’autres sites non gérés par le Syctom, comme les incinérateurs de Créteil ou de Rungis (Val-de-Marne). Selon les grévistes, les bennes sont aussi réorientées vers le centre de stockage de Romainville (Seine-Saint-Denis), aujourd’hui saturé, ou encore le centre d’enfouissement des déchets de Claye-Souilly, en Seine-et-Marne.

[Source : le Parisien]

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