[ [ [ Aung San Suu Kyi libérée ! - Yannis Lehuédé

Vingt ans après les élections remportées triomphalement par le parti d’Aung San Suu Kyi, la NLD, voilà que la junte birmane est finalement parvenue à organiser des élections bidon. Se croyant forte de cette "légitimité", voilà qu’elle s’est hasardée à libérer la leader incontestée de l’opposition démocratique, la fille du général Aung San, héros de l’indépendance.

Aussitôt des milliers de birmans se sont précipités pour l’acclamer.
elle a donné rendez-vous au bureau de la NLD, son parti, officiellement dissous pour la mascarade électorale qui vient de s’achever.

Les hypocrites gouvernements anglais et français se sont félicités de cette libération, appelant à la libération des nombreux autres prisonniers politiques enfermés en Birmanie.

Rappelons que le gouvernement français, en particulier, est le principal soutien de la dictature birmane, ce qui se concrétise dans l’important contrat de Total pour l’exploitation du gaz birman, principale ressource financière légale pour les militaires birmans qui, par ailleurs, engrangent d’importants bénéfices de leur mainmise sur la production et le trafic de stupéfiants.

Soulignons ici l’implication criminelle de l’État français, aussi bien dans l’exploitation de gaz, pour laquelle la junte recourt au travail forcé, que par le soutien multiforme apporté principalement par les services secrets, que ce soit pour le trafic de drogues ou pour l’organisation de la répression sanglante dont le peuple birman est victime depuis plusieurs décennies..

Aung San Suu Kyi réclame depuis des années le retrait de Total, sans que cela ait jamais été pris en compte à Paris.

AFP
13 novembre 2010 - 21h05

RANGOUN - L’icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi est libre

Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie, a été libérée par la junte samedi après plus de sept ans en résidence surveillée, demandant à des milliers de partisans en liesse de travailler "à l’unisson" pour l’avenir du pays.

La lauréate du prix Nobel de la paix, considérée par ses admirateurs comme l’unique solution face au régime militaire au pouvoir, est apparue souriante aux grilles de sa vieille demeure familiale, quelques minutes après avoir pris connaissance de l’ordre de libération la concernant.

Portant dans ses cheveux une fleur lancée depuis la foule, elle a prononcé quelques mots devant des partisans en délire, la plupart de ses paroles étant couvertes par les hurlements et les applaudissements.

"Nous devons travailler ensemble, à l’unisson" à l’avenir du pays, a-t-elle déclaré, en invitant la foule à la rejoindre dimanche midi au siège de la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Elle prononcera ainsi son premier discours politique depuis sept ans au siège du parti, désormais dissous, avec lequel elle a mené tout son combat depuis son apparition sur la scène politique birmane, en 1988.

"Je veux vous dire qu’il y aura un moment pour sortir. Ne restez pas silencieux quand ce moment viendra", a-t-elle ajouté. "J’ai beaucoup de choses à dire, car nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps".

Aung San Suu Kyi La fille du général Aung San, héros de l’indépendance birmane, a passé plus de 15 des 21 dernières années privée de liberté. Elle n’avait pas circulé librement depuis mai 2003.

Après avoir déjà patienté vendredi en vain près de la maison et au siège de la LND, ses supporters avaient commencé à se rassembler samedi à l’aube pour assister à ce moment historique. Beaucoup d’entre eux portaient des T-shirts à son effigie, avec comme slogan "Debout avec Aung San Suu Kyi", bravant la surveillance des policiers en civil.

Les premières réactions sont venues des capitales européennes, notamment Londres qui a estimé que sa libération aurait dû être acquise "depuis longtemps". Paris a mis en garde contre "toute entrave à sa liberté de mouvement ou d’expression".

Le président américain Barack Obama a salué la libération de son "héroïne" et réclamé la libération de tous les autres prisonniers politiques, tout comme le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

"Elle est complètement libre, il n’y a absolument aucune condition", a affirmé à l’AFP un haut responsable birman.

L’Occident avait violemment critiqué ces derniers mois le refus des militaires de laisser sortir l’opposante avant les élections de dimanche dernier, les premières depuis 20 ans, à l’issue desquelles le parti pro-junte revendique quelque 80% des sièges, et ce avant même les résultats officiels.

En la maintenant enfermée pendant toute la campagne, le généralissime Than Shwe, homme fort de la junte, a écarté sa pire ennemie du tableau électoral, après le camouflet subi par le pouvoir en 1990.

Mme Suu Kyi et la LND avaient à l’époque remporté une très large victoire aux élections. La junte a toujours refusé d’honorer ces résultats, mais l’opposante les a constamment brandis pour justifier de sa légitimité.

Des voix s’élevaient d’ailleurs samedi pour dénoncer une manipulation de la junte pour détourner l’attention du monde entier après ces élections.

"La libération d’Aung San Suu Kyi n’est qu’une affaire de relations publiques et n’a rien à voir avec les réformes démocratiques", a estimé Burma Campaign UK, tandis que Human Rights Watch dénonçait un "stratagème cynique".

Même si ses partisans continuent de voir en elle le seul espoir pour la démocratie dans un pays dirigé par des militaires depuis un demi-siècle, la position de Mme Suu Kyi est aujourd’hui affaiblie.

La LND a boycotté le dernier scrutin et a été dissoute par la junte, laissant l’opposition démocratique divisée et exténuée. Certains de ses cadres ont fait défection pour créer la Force démocratique nationale (NDF) et participer au scrutin sous de nouvelles couleurs.

Aung San Suu Kyi va devoir réapprendre à connaître un pays dont elle a été complètement coupée. Elle n’a pas vu non plus ses deux enfants qui vivent en Grande-Bretagne depuis près de dix ans, et avait renoncé à se rendre en 1999 au chevet de son mari mourant, de peur de ne plus pouvoir retourner en Birmanie.

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AFP
13 novembre 2010 - 20h49

Suu Kyi: Prague appelle la Birmanie à libérer les autres prisonniers

PRAGUE - Le ministère tchèque des Affaires étrangères a appelé samedi les autorités de la Birmanie à libérer les autres prisonniers politiques, après la libération de l’opposante Aung San Suu Kyi.

"En Birmanie, il y a actuellement quelque 2.100 prisonniers politiques. Nous appelons le gouvernement birman à leur permettre de recouvrer la liberté et à respecter pleinement leurs droits", a déclaré le ministère dans un communiqué.

"Cette libération en elle-même, il n’est pas possible de la considérer comme une expression des efforts de démocratisation des milieux gouvernementaux militaires", souligne le texte.

Prague "salue la libération d’Aung San Suu Kyi et demande aux autorités birmanes que cette libération soit inconditionnelle, que ses droits soient respectés, dont celui au libre choix de participer à la vie politique en Birmanie", poursuit le ministère.

"Aung San Suu Kyi sait qu’elle a en République tchèque des amis fidèles qui l’ont soutenue. Nous lui souhaitons bonne chance, tout en espérant que nous pourrons lui rendre visite un jour", a déclaré le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg, cité dans le communiqué.

De son côté, l’ancien président tchèque Vaclav Havel, artisan de la "Révolution de velours" de 1989, a également salué la libération d’Aung San Suu Kyi, tout en exprimant l’espoir qu’elle serait bientôt suivie par celle des autres prisonniers politiques.

"Il s’avère que la mise en garde systématique contre la violation des droits de l’homme dans le monde est très importante, et peut produire de bons résultats en depit des régimes dictatoriaux, même très durs", a écrit M. Havel dans un message adressée à l’opposante birmane publié sur son site internet.

"Cela m’encourage mais je n’oublie pas les autres Birmans épris de liberté, qui continuent à être pourchassés et emprisonnés", a souligné l’ancien dissident anti-communiste, qui avait passé au total cinq ans dans les prisons avant 1989, et qui a été président tchécoslovaque puis tchèque de 1989 à 2003.

Lauréate du prix Nobel de la paix, l’opposante birmane libérée samedi a été privée de liberté pendant près de 15 ans au total, pendant trois périodes distinctes, depuis le début de son combat pour la démocratie en 1988.

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AFP
13 novembre 2010 - 19h09

PARIS - Les partisans d’Aung San Suu Kyi en France entre "joie" et "prudence"

La libération de l’opposante birmane et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, qui a été privée de liberté pendant quinze des 21 dernières années, a été accueillie avec "joie" mais aussi "prudence" et "vigilance" par ses partisans rassemblés samedi à Paris.

"Ce beau visage derrière moi, c’est le visage de la liberté", a déclaré sur le parvis de l’Hôtel de Ville Bertrand Delanoë, dévoilant sous les applaudissements et les cris de joie la photo de Aung San Suu Kyi, faite citoyenne d’honneur de Paris en 2004, accompagnée de l’inscription "Libre".

"J’espère juste que cette liberté est une liberté totale qui la laissera libre d’agir pour son pays", a confié à l’AFP Jane Birkin, porte-parole du comité de soutien français à Aung San Suu Kyi qu’elle a rencontrée en 1999.

"Nous sommes heureux de cette libération, mais nous ne sommes pas sûrs que cette libération veuille dire liberté", a renchéri Pierre Martial, président du Collectif France Aung San Suu Kyi.

"C’est un jour historique car Aung San Suu Kyi est incarcérée et en isolement total depuis mai 2003", a rapporté à l’AFP Isabelle Dubuis, coordinatrice de l’association Info-Birmanie, accueillant toutefois l’annonce de la libération de l’opposante birmane avec "beaucoup de prudence".

"Elle a déjà été libérée deux fois par le passé, puis enfermée à nouveau", a-t-elle rappelé, demandant à la communauté internationale de "maintenir la pression" sur la junte birmane.

"Aung San Suu Kyi est libre. Il en reste 2.200 autres en prison qui n’ont rien à faire là", s’est émue Mireille Boisson, coordinatrice pour la Birmanie à Amnesty International France.

"Elle est libérée mais pour combien de temps ?", a-t-elle demandé. Sous pression de la communauté internationale, la junte birmane "a besoin de se refaire une virginité après cette mascarade d’élections" qui se sont tenues dimanche dernier, a poursuivi Mme Boisson.

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ATS
13 novembre 2010 - 17h37

L’icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi est libre

Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie, a été libérée par la junte samedi après plus de sept ans en résidence surveillée. Après cette mesure saluée par de nombreux pays, elle a demandé à des milliers de partisans en liesse de travailler "à l’unisson" pour l’avenir du pays.

La police s’est retirée des abords de sa maison de Rangoun, sur les rives du lac Inya. La lauréate du prix Nobel de la paix de 1991, considérée par ses admirateurs comme l’unique solution face au régime militaire au pouvoir, est apparue souriante aux grilles de sa vieille demeure familiale, quelques minutes après avoir pris connaissance de l’ordre de libération la concernant.

Portant quelques instants dans ses cheveux une fleur lancée depuis la foule, elle a prononcé quelques mots devant des partisans en délire, la plupart de ses paroles étant couvertes par les hurlements et les applaudissements.

"Nous devons travailler ensemble, à l’unisson" à l’avenir du pays, a-t-elle déclaré.

Appel

Elle a aussi ajouté: "Si vous voulez entendre, venez s’il vous plaît demain à midi" au siège de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), son parti dissous avec lequel elle a mené tout son combat depuis son apparition sur la scène politique birmane, en 1988.

La fille du général Aung San, héros de l’indépendance birmane, a passé plus de 15 des 21 dernières années privée de liberté. Elle n’avait pas circulé librement depuis mai 2003.

Souhait par la Suisse

Le président américain Barack Obama a salué la libération de son "héroïne". Il a réclamé que tous les plus de 2000 autres prisonniers politiques du pays soient élargis à leur tour. La Suisse et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, ont lancé le même appel.

L’Occident avait violemment critiqué ces derniers mois le refus des militaires de laisser sortir l’opposante avant les élections de dimanche dernier, les premières depuis 20 ans, à l’issue desquelles le parti pro-junte revendique quelque 80% des sièges au total, et ce avant même les résultats officiels.

En la maintenant enfermée pendant toute la campagne, le généralissime Than Shwe, homme fort de la junte, a écarté sa pire ennemie du tableau électoral, après le camouflet subi par le pouvoir en 1990.

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AFP
13 novembre 2010 - 15h54

Aung San Suu Kyi libérée sans condition

RANGOUN - L’opposante birmane Aung San Suu Kyi, libérée samedi après sept ans de résidence surveillée, n’a été soumise à aucune condition de la part de la junte et est donc entièrement libre, a affirmé à l’AFP un haut responsable birman sous couvert de l’anonymat.

"Elle est complètement libre, il n’y a absolument aucune condition", a affirmé ce responsable, alors que plusieurs capitales occidentales ont exhorté samedi le régime militaire à n’imposer aucune restriction aux mouvements et activités de la lauréate du prix Nobel de la paix.

La télévision birmane a par ailleurs indiqué qu’Aung San Suu Kyi avait été libérée pour bonne conduite.

"Aung San Suu Kyi s’est bien comportée", a estimé la télévision, ajoutant que l’opposante avait "obtenu une amnistie pour l’ensemble de sa peine".

En mai 2009, alors qu’elle pouvait espérer être libérée, un illuminé américain s’était introduit à la nage dans le domicile de l’opposante, situé sur les rives d’un lac.

En août, elle avait été condamnée à trois ans de prison et travaux forcés pour violations des règles de sécurité qui lui étaient imposées. La peine avait été commuée le jour même en 18 mois de résidence surveillée.

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Nouvel Observateur
13 novembre 2010 - 10h16

REPORTAGE (avec AFP)
Les partisans de la "Dame" de Rangoun entre espoir et crainte

"Debout avec Aung San Suu Kyi": c’est avec ce T-Shirt porté fièrement que des dizaines de supporters de la "Dame" de Rangoun attendaient samedi 13 novembre près de sa maison, espérant qu’elle viendra enfin les saluer, après plus de sept ans de résidence surveillée.

Ils craignent la police qui les observe, ils craignent que la junte birmane change d’avis, mais avant tout ils ont l’envie brûlante de la voir. Les partisans de l’opposante Aung San Suu Kyi donneraient tout pour saluer celle qui incarne leurs espoirs d’une vie meilleure.

La rue qui mène à cette vieille bâtisse familiale posée sur le bord d’un lac, en plein centre de Rangoun, est toujours coupée par un barrage des forces de sécurité. Badauds, journalistes birmans et quelques étrangers sont là, certains depuis le petit matin.

Mais même si plusieurs responsables birmans ont assuré qu’elle serait bien libérée ce samedi, au terme de sa dernière condamnation prononcée en août 2009, personne ne sait quand elle apparaîtra vraiment.

Fébriles

Après s’être déjà rassemblés en vain vendredi, des centaines d’admirateurs patientent fébrilement au siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), dissoute par la junte après sa décision de boycotter les élections de dimanche dernier.

"Je ne crois pas qu’elle soit coupable. Alors j’ai espéré tous les jours qu’elle soit libérée", explique Lei Lei, une responsable de la LND, devant un portrait géant de son idole souriante.

Appareils photos et micros encerclent Win Tin, un des compagnons de route de l’opposante, qui a payé de 19 ans de prison son engagement à ses côtés jusqu’à sa libération en 2008. Mais lui non plus n’a eu aucune confirmation des autorités.
Et que la junte ne la libère pas n’est pas leur seule crainte. Des camions de la police patrouillent dans les rues et de nombreux policiers en civil se sont mêlés à la foule, caméras et appareils photos pointés sur le rassemblement.

"Les militaires vont nous frapper"

"Les gens ont peur de manifester bruyamment. Les militaires vont nous frapper et nous abattre", dit un ingénieur de 40 ans, qui ajoute ne pas parvenir à trouver un travail décent dans un pays dont les richesses sont accaparées par la junte.

La population a toujours en mémoire le soulèvement populaire de 1988, réprimé dans le sang (3.000 morts). Et plus récemment la "révolte safran", mouvement de protestation conduit par des moines bouddhistes en 2007 (31 morts et 74 disparus selon l’ONU).

Malgré tout, une trentaine de personnes osent crier et prier à haute voix près de la maison de la dissidente, semblant prendre confiance à mesure que les heures passent.

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