[ [ [ Ça fait longtemps que je n’ai pas vu mon enfant. Le problème c’est les (...) - Yannis Lehuédé

Occupante de la Bourse du travail, C. B. vient de Mauritanie. Elle vit en France depuis 2004

En Mauritanie, il y a beaucoup de problèmes. Ça a commencé en 1989 jusqu’à aujourd’hui. C’est la guerre. Dans ma famille, ils sont tous décédés là-bas. Mon père, ma mère… tous ! Dans ma famille, on était éleveurs. Mon père avait beaucoup de vaches. Quand la guerre a éclaté, un homme est venu, il a tué mon père et a volé les vaches. On était enfants, on l’a trouvé par terre, mort. La guerre, ça fait mal.

Depuis 1989, on travaille dans les villages, on fait du commerce, on s’est démerdés pour récolter de l’argent pour venir ici.

J’ai laissé mes enfants dans la merde là-bas. Mon fils de 19 ans était malade, il est mort l’année dernière. Je suis sans-papiers, je n’ai pas d’argent, je n’ai pas pu lui envoyer de l’argent pour se soigner. J’ai pleuré, pleuré. Impossible de retourner là-bas. Comment on peut faire ? Il me reste trois filles et un garçon. Ils sont dans un village au Sénégal. En Mauritanie il y a beaucoup trop de problèmes.

Pour obtenir nos papiers, on fait comment ? Les enfants sont là-bas dans la merde, moi je suis là sans-papiers. On fait quoi ? J’ai toutes les preuves de ma présence ici, depuis cinq ans…

Je suis venue en bateau, de Nouadibou jusqu’à Marseille. C’est un pêcheur qui nous a pris sur son bateau, contre un peu d’argent. On était cinq, quatre hommes et moi. On a mis quinze jours pour venir, serrés dans le bateau, dans l’eau, dans le froid… J’ai été malade deux mois après.

Maintenant on fait quoi pour les papiers ? Quelle solution on a ?

Il nous faut des papiers. Alors les soucis vont diminuer un peu.

Ici, nous, on travaille. Tous ceux qui se lèvent à quatre heures du matin, c’est nous.

Ceux qui font les routes c’est nous. Un Français, il ne va pas prendre un marteau-piqueur. C’est les immigrés qui font ça. C’est dur. Si la France est propre, c’est grâce aux sans-papiers.


Problemam gilan garmi do mi ali suka bam. Problemam gilan ergani do ala kaïtaji.
Ça fait longtemps que je n’ai pas vu mon enfant. Le problème c’est les papiers.

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