[ [ [ Contre la chasse aux Roms, jeûne de solidarité avec Nancy Bernad - Yannis Lehuédé

Depuis le 13 septembre, Nancy Bernad, 54 ans, est en grève de la faim contre la politique raciste du gouvernement français, ses lois et ses circulaires. Elle déclare :

« Les droits de l’homme et du citoyen sont bafoués, et ces lois signent l’arrêt de mort de la communauté. Or, je refuse d’être complice d’un système d’État raciste et xénophobe. »

Depuis le 27 septembre, Roland Denis, de Nevers, s’est associé à son mouvement. Il s’en explique :

« Je suis fier de ce qu’ont accompli mes parents en luttant contre les nazis, et jamais on ne me fera taire et je serai toujours présent pour défendre jusqu’au bout, s’il le faut, les droits des citoyens, et plus particulièrement en ce moment précis ceux de la communauté Rom qui vit au pays des droits de l’homme. »

De même que Roland Denis, Nancy Bernad se dit déterminée à poursuivre son combat « jusqu’au bout ».

Or, sa santé est d’ores est déjà en danger. Elle a été hospitalisée, au dix-septième jour de jeûne, et devrait l’être à nouveau dans les prochains jours. « Elle décline, n’a plus de forces, dans 48 heures elle repart à l’hôpital, ses reins ne fonctionnent plus bien », rapportent ses proches qui tentent de la persuader de cesser ce qu’elle a appelé, dès le premier jour, la « grève de la vie ».

Le mouvement de Nancy Bernad nous interpelle tous. Tous ceux qui, comme elle, refusent de se résigner à vivre dans un État xénophobe, raciste, plus que largement inspiré du précédent fasciste que rappelle Roland Denis.

Le silence assourdissant qui entoure cette émouvante et digne réaction citoyenne est un scandale de plus. Pour tenter de briser ce mur effroyable, le Collectif contre la xénophobie appelle à des jeûnes de solidarité – pour que Nancy Bernad puisse suspendre son mouvement avant que sa « grève de la vie » ne l’entraîne trop loin – et pour l’abrogation des lois et des circulaires racistes qui organisent la persécution des Roms en France.

Note technique : le jeûne de solidarité est un mouvement symbolique qui peut se matérialiser par des jeûnes d’un ou deux jours. Pour que cela serve à quelque chose, quiconque s’inscrirait dans cette chaîne de protestation solidaire est invité à en informer les autorités, à commencer par la Présidence de la République et le Premier ministre, l’AFP, la presse nationale et locale, les amis de Nancy Bernad, et le Collectif contre la xénophobie (contrelaxenophobie@gmail.com).

Tout un chacun est invité à relayer cet appel, que ce soit dans son entourage ou auprès de journalistes ou de personnalités susceptibles de donner un écho à cette action.


Ci-dessous, l’unique mention de cette grève de la faim dans la presse nationale :

UNE FEMME EN GRÈVE DE LA FAIM POUR DÉFENDRE LES ROMS

Nancy Bernad a 54 ans. Cette aide-soignante qui vit actuellement à Saint-Etienne, a vraisemblablement été touchée par ce qui arrive à la communauté des Roms en France. Résultat : elle a entamé une grève de la faim pour « défendre jusqu’au bout le respect des droits et de la dignité des citoyens de la communauté rom », explique-t-elle dans la presse. D’après « Le Progrès », elle en serait à son dix-huitième jour de grève et aurait déjà perdu neuf kilos. Souffrant d’insuffisance rénale, elle a néanmoins été hospitalisée hier. « Mon médecin a jugé préférable de me faire conduire à l’hôpital », a-t-elle déclaré. Mais pas question pour autant d’abandonner son combat. Même sous perfusion, elle compte poursuivre sa grève de la faim.

Une lettre au président Sarkozy

Né d’un père hongrois, naturalisé après la Seconde Guerre Mondiale, Nancy Bernad avait écrit une lettre au président Nicolas Sarkozy avant d’entamer sa grève. Elle lui avait demandé « l’abolition complète de toutes les lois ségrégationnistes françaises, à l’encontre de la communauté rom, citoyens européens ».

Khadjia Moussou Le 01/10/2010

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