[ [ [ Des enfants sont internés centre de rétention d’Hendaye - Yannis Lehuédé

Ce n’était qu’une question de temps depuis le réaménagement du centre de rétention d’Hendaye. Les premiers mineurs ont été transférés au centre, en attente de l’application de l’arrêté préfectoral d’expulsion signé à leur encontre et de leur famille. Anisa Kuka, âgée de sept ans, et son petit frère Arselio de cinq ans ont dormi mercredi et hier soir au centre de rétention d’Hendaye, accompagnés de leurs parents albanais Aleksander et Aréta.

La famille albanaise a été arrêtée mercredi 16 juillet à l’aube à Pau où elle résidait, en application de l’arrêté d’expulsion prise à son encontre. Elle a ensuite été transférée au centre de rétention.

Vif émoi

Ce premier cas d’internement de mineurs revêt un poids symbolique fort, et a causé un vif émoi au sein d’élus locaux palois, dont le maire de Billère, où siège la Police de l’Air et des Frontières à l’agglomération paloise. La teneur émotionnelle du cas est évidente. Les deux enfants enfermés sont très jeunes (cinq et sept ans). Tous deux étaient scolarisés au sein de l’établissement Henri IV de Pau et avaient été parrainés par des élus palois. De plus, le plus jeune des deux enfants, Arselio, fête son cinquième anniversaire aujourd’hui. Il le fêtera donc enfermé. Et dans l’incertitude quant à son avenir.

Ce premier cas d’enfermement de mineurs a été de suite décrié, notamment par la Cimade, qui lutte en faveur du respect des droits de l’homme. Même si Florence Hardouin, avocate et membre de la Cimade, nous a avoué « s’attendre » à un enfermement de mineurs après le réaménagement du centre hendayais, ce premier cas n’en a pas moins offusqué l’association: «la place d’un enfant n’est pas dans un centre d’enfermement», précise la Cimade dans un communiqué.

Les conditions d’internement des enfants aussi sont décriées par Florence Hardouin : « ils ne peuvent pas courir librement dans la cour. Ils sont entourés d’étrangers et doivent être constamment surveillés par leurs parents ». Hardouin dénonce aussi le « hasard du calendrier » : alors que l’arrêté d’expulsion à l’encontre de la famille Kuka avait été pris en février, l’application se fait en plein mois de juillet, « lorsque les petits sont en vacances et que la mobilisation à l’école devient impossible ».

Vendredi 18 juillet la famille est passée devant le juge des libertés. La Cimade avait appelé à un rassemblement devant le palais de justice de Bayonne ce jour là, pour protester contre l’enfermement de la famille. Elle avait appellé aussi « tous ceux qui le souhaitent » à se rendre au centre de rétention d’ Hendaye pour apporter des cadeaux au jeune Arselio qui fête son anniversaire. Plusieurs organisations, dont la LCR, se sont jointes à cet appel.

La famille Kuka a émigré d’Albanie en 2006 suite à une « canoun » prononcée à son encontre. La canoun constitue une sorte de crime d’honneur, et la vie de la famille est menacée en cas de retour au pays. Une première demande d’asile politique avait été refusée contre la famille, le juge considérant que l’Albanie était « un pays sûr ». Or, depuis, l’Albanie a été effacée de cette liste, et une nouvelle demande d’asile est en cours de procédure suite à la promesse d’embauche dont a bénéficié le père. Le père de la famille Kuka enfermé à Hendaye a aussi un frère réfugié à Lyon pour lequel la demande d’asile politique pour des faits similaires a été acceptée.

L’avenir de la famille est maintenant entre les mains du préfet des Pyrénées Atlantiques, M. Rey. Ce dernier peut décider de la poursuite de la procédure d’expulsion. Il peut aussi accepter la demande de régularisation formulée du fait de l’embauche du père. Enfin, il dispose d’un pouvoir discrétionnaire lui permettant d’annuler le premier arrêté d’expulsion.

Le séjour de la famille albanaise Kuka au centre de rétention d’Hendaye est parti pour durer. Les quatre membres de la famille, dont les deux enfants Arselio et Anisa, resteront quinze jours de plus au moins enfermés au centre suite à la décision rendue par le juge Vendredi 18 juillet.

En effet, le juge des libertés a décidé de rejeter la demande de sortie du centre formulée par l’avocate de la famille, et de prolonger de quinze jours le séjour des Albanais au centre hendayais.

La salle du palais de justice de Bayonne était pleine lors du jugement. La décision du JLD a été rendu, dans une ambiance lourde. Les citoyens, venus soutenir la famille, et apporter des cadeaux au petit Arselio qui fêtait son anniversaire, ont vivement protesté après le prononcé du jugement.

Appel interjeté

L’avocate de la défense, Laurence Hardouin a précisé qu’elle interjetterait appel de la décision. Le dossier sera donc rejugé dans le courant de la semaine prochaine par la Cour d’Appel de Pau. La procédure d’expulsion est en marche. Les quatre membres de la famille étant arrivés en France sans papiers, le consulat d’Albanie doit maintenant délivrer des autorisations de séjour en Albanie à la famille, pour que ceux-ci puissent être expulsés.

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