[ [ [ Désobéissance civile contre l’aéroport de Notre Dame des Landes : le film et le (...) - Yannis Lehuédé

Il n’est pas très facile de trouver des films sur la résistance de NDDL… Si vous en trouvez n’hésitez pas à nous les signaler ! (À propos, merci à Nelly, une lectrice qui nous signalait une erreur dans un précédent article – ce qui nous a permi de la corriger aussitôt. Vive l’information participative !) (Et merci à Marie-Hélène aussi pour avoir signalé le reportage de RennesTV qu’on trouve ci-dessous.)

Les "colonnes infernales" dont parlait Yannis dans notre premier article sur l’expulsion en cours, on les voit enfin dans le petit film, joli montage, qui appelle à la désobéissance civile. Mais il est bien confirmé que la presse est interdite de séjour sur le territoire de cette bataille, et que les informations ne parviennent quasi exclusivement que de sources militantes. Car non seulement empêchée de travailler, la presse ne se bouscule pas pour montrer à nu la brutalité de la politique gouvernementale.

Dans un tel contexte, la mobilisation est moins ample qu’elle ne pourrait être, bien sûr, mais la détermination à empêcher ce grand projet technocratique non moins grande…

Ci-dessous (après le reportage de Rennes TV et les trois petits films qu’on aura trouvé sur viméo), les articles du jour : on vous épargne ici la risible brève de cinq lignes parue dans l’édition papier du Monde, mais vous trouverez l’appel au calme du Préfet, relayé par Le Parisien, et le reportage du Télégramme, le seul journal qui fasse le boulot. "C’est seulement de nuit, et à pied, qu’il est possible de se faufiler entre les mailles du filet", témoigne le journaliste. Un big up pour le Télégramme (ou en tout cas pour son édition Ille et Vilaine) !

Paris s’éveille

PS Le prix Paris s’éveille de la presse libre a été attribué aujourd’hui au Télégramme, et plus précisément à son édition Ille et Vilaine, le communiqué du Préfet de la veille ayant eu les faveurs de la rédaction centrale, si l’on en juge par la page d’accueil du site de ce journal, où il n’aura pas été choisi de mettre en valeur l’exploit du journaliste passé "entre les mailles du filet". Et, après complément d’information, le jury de Paris s’éveille a décidé d’attribuer ce prix conjointement au Télégramme et à RennesTV, pour son reportage à travers les barbelés qu’on peut voir ci-dessous…

Un reporter de Rennes TV s’est glissé entre les lignes (un big up à Rennes TV aussi !) :

désobéissance civile !

réoccupation !

Réoccupation Iminbout from Résistances nddl on Vimeo.

épisodes précédents :

Notre-Dame-des-Landes : Le droit de manifester en danger ! from Résistances nddl on Vimeo.

Revue de presse :

L’appel au calme du Préfet

Le préfet de Loire-Atlantique Christian de Lavernée a appelé vendredi les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui résistent à leur évacuation depuis mardi, à abandonner leurs "comportements violents", lors d’une conférence de presse.
"Je ne peux qu’appeler tous les opposants à abandonner le plus vite possible ces comportements violents", a déclaré M. de Lavernée.

"Un certain nombre d’opposants tiennent à marquer que ce territoire leur est familier, je n’ose pas dire : “que ce territoire leur appartient”", a dit M. de Lavernée selon qui a été appliquée sur place "une riposte graduée et ajustée aux tentatives violentes" avec tirs de grenades lacrymogènes mais jamais de tirs de moyens "de type flash-ball".

Il a décrit "des barricades mouvantes, déplacées, replacées, des arbres coupés pour servir de barrage" et le jet d’une "bouteille incendiaire de type coktail molotov".
Au total le "bilan" de ces quatre jours est d’un gendarme blessé léger à la suite d’un jet de pierre sur son véhicule avec un jour d’ITT et de trois interpellations : deux personnes ont été relâchées au terme d’un contrôle d’identité et une autre a été placée en garde puis relâchée à son tour.

Mardi 500 gendarmes et CRS ont été déployés sur le terrain. L’ampleur des forces mobilisées a graduellement diminué au fil de la semaine. Des renforts doivent néanmoins rester sur place encore au moins une semaine pour assurer la sécurité des entreprises intervenant sur les lieux, contre lesquelles un appel à la violence a été relayé par des sites d’opposants à l’aéroport.

Le projet d’aéroport Grand Ouest, destiné à remplacer en 2017 l’actuel aéroport de Nantes Atlantique situé au sud de l’agglomération, a été déclaré d’utilité publique par l’Etat. Il est soutenu par les collectivités locales socialistes.

Il est contesté sur place par les agriculteurs et les anticapitalistes, ainsi que, à l’échelle nationale, par EELV, le Parti de Gauche ou le Modem.

[Source : le parisien]

Notre-Dame-des-Landes. La résistance s’organise

20 octobre 2012

Ce ne sont pas d’irréductibles gaulois mais des militants anti-aéroport, piégés depuis cinq jours dansune grange, à proximité de Notre-Dame-des-Landes. Sur place, la résistance s’organise mais lavie est de plus en plus difficile

On accède à la Vache Rit comme dans un camp retranché. Perdue au beau milieu de la Zad (Zone à défendre), la grange a été transformée en quartier général par les opposants anti-aéroport. Isolés du reste du monde depuis le début des opérations d’expulsions, mardi, les militants organisent leur « survie » et assurent les relais sur les barricades, érigées plus tôt dans la semaine. « Nous sommes bloqués ici. Le comble, c’est qu’on peut sortir mais il sera très difficile, voire impossible, de revenir », explique Marie (*). Et pour cause, les gendarmes mobiles, venus en nombre (500 CRS dépêchés sur place), ont installé des barrages à tous les carrefours menant au domaine. C’est seulement de nuit, et à pied, qu’il est possible de se faufiler entre les mailles du filet. On pénètre dans la bâtisse en deux temps. La première pièce est comparable à un poste de commandement. Des cartes IGN du secteur sont accrochées au mur et des brouillons de tracts jonchent la table. C’est par une petite porte que l’on entre dans la « pièce à vivre ».

Pénurie de chaussettes !

Ils sont quatre-vingt dans la grange où s’entassent, pêle-mêle, pancartes, affiches et bois de chauffage. Sur la gauche, une pile de vêtements trône sur une table en bois. Chacun peut piocher dedans à loisir. Seulement, pas mal de pièces sont introuvables.« Pénurie de chaussettes », plaisante, amèrement, Marie. Impossible d’avoir les pieds au chaud. Alors, les opposants entourent leurs chaussures de film plastique. À l’intérieur, l’ambiance est particulière. Mi-complot, mi-festif. L’heure est au bilan de la manifestation, organisée en début de soirée devant la préfecture deNantes. « Ce n’était pas mal, on a été efficace. Maintenant, il faut être de plus en plus nombreux, chaque soir », gesticule François. Pieds nus, emmitouflé dans une polaire tachée et déchirée, il encourage les troupes, restées sur place. À côté des « dortoirs » (en réalité des matelas posés à même le sol), deux jeunes femmes plaisantent : « J’aimerais bien connaître le coût de leur opération. Réquisitionner des hôtels pendant une semaine, y’a pas à dire, nos impôts sont utiles ! ».

Des commissions gèrent le ravitaillement

« On va passer aux commissions maintenant ».D’un seul tenant, les opposants se placent en cercle. Une femme, pieds nus elle aussi, prend la parole : « On va faire le point sur les médicaments. Qu’est ce qui manque ? ». « Des cachets pour les maux de ventre », lance-t-on sur la gauche. « Pour les maux de têtes, aussi ! ». « Il y a des génériques pas trop chers en pharmacie, je pourrai y passer demain », propose un jeune homme, assis sur une chaise. Chacun a un rôle bien précis pour assurer le ravitaillement en eau, vêtements secs et nourriture. « Qui apporte à manger aux barricades ce soir ? ». Un petit groupe de volontaires se forme rapidement. Tous partent pour Le Sabot. Là-bas, les habitants n’ont pas encore été expulsés. Ils sont les prochains sur la liste. Aussi, les soutiens affluent. « Dès 4h30, on se réveille avec les odeurs de lacrymo. On sait qu’on ne va pas pouvoir résister indéfiniment mais on les emmerdera le plus longtemps possible », explique, laconiquement, Jean, rejoint par le doyen, surnommé affectueusement « papy ». 23h30. La pluie redouble d’intensité sur le toit de la grange. Les lumières s’éteignent dans le dortoir improvisé. Certains vont veiller encore un peu autour du feu, en attendant l’aube et les premiers assauts des gendarmes mobiles.

*Tous les prénoms ont été changés.

[Source : le Télégramme]

Notre-Dame-des-Landes. Guérilla bocagère

19 octobre 2012

Barrages, barricades, gaz lacrymogènes..., la tension restait très vive, hier, aux abords de Notre-Dame-des- Landes(44), où doit être construit un aéroport. Et à Nantes, où environ 150 personnes ont manifesté, hier soir, pour protester contre les expulsions sur le site.

Sur une zone recoupant pratiquement les 1.600 hectares du futur aéroport du Grand Ouest que doit construire Vinci, à Notre-Dame-des-Landes, des barrages de gendarmes filtrent étroitement l’accès depuis qu’ont commencé, mardi (Le Télégramme de mercredi), les évacuations de squats d’opposants. Dans un chemin boueux encadré de haies, les opposants qui habitent « le sabot », une cabane construite à côté d’un champ maraîcher, défriché et cultivé collectivement depuis 18mois, montrent les photos d’un monceau de cartouches de grenades lacrymogènes. Ils affirment les avoir ramassées après « l’assaut » des CRS mercredi soir, ce qui a été confirmé par les autorités.

Trois interpellations

Depuis mardi, ces dernières affirment que les onze lieux qui devaient être dégagés sont « sous contrôle » mais les journalistes ont assisté à d’incessants affrontements autour de barricades posées sur les routes, dégagées par les forces de l’ordre, puis remises en place par les opposants dès leur départ. Hier matin, lors de deux nouvelles évacuations, au moins un cocktail Molotov a été tiré en direction des forces de l’ordre. La préfecture a annoncé l’interpellation de trois personnes qui ont finalement été relâchées au terme d’un simple « contrôle d’identité ». Dans un autre lieu « squatté », la « Forêt de Rohanne », jusque-là inaccessible parce que les opposants qui y avaient construit un campement ne souhaitaient pas être vus, l’assaut a été donné hier matin.

Une grande manifestation annoncée

D’une grande cabane de plusieurs pièces et de deux étages, au plus profond d’un bois, il ne reste que des gravats qu’écrasent et déplacent les engins de démolition. Une des occupantes, grimpée dans un arbre à 10m du sol, y est restée perchée, encerclée par les gendarmes avant de finalement accepter de descendre, tétanisée de froid et assistée d’un gendarme escaladeur. « Si on ne gagne pas une bataille comme celle-là, le monde va se détruire », explique-t-elle une fois au sol dans un français hésitant. « Ils ont détruit la forêt, j’ai beaucoup de rage, on va se battre, on va gagner », ajoute-t-elle. « Ici, c’est le plus grand squat à ciel ouvert d’Europe », raconte une autre jeune femme, venue il y a un an rejoindre cette communauté éparpillée dans une trentaine de cabanes ou de vieilles fermes. Dans une cabane juchée à 15m du sol dans un arbre, une occupante anglophone regarde la scène. « Mais c’est loin d’être fini, la date de notre grande manifestation de réoccupation sera prochainement annoncée », explique Christelle, réfugiée dans la maison d’un habitant « légal », lui-même en voie d’expulsion.

[Source : le Télégramme]

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