[ [ [ Expulsion n’est pas disparition ! - Yannis Lehuédé

Les expulsions mettent à la rue les occupants de ces lieux vacants, elles ne les font pas disparaître pour autant, et comme ils ne sont pas relogés... lls faut bien trouver un moyen de vivre dignement. Cet été a vue nombre d’expulsions en Ile de France, mettant à la rue de nombreuses personnes. Que sont-elles devenues ?
Nous reviendront ici sur trois nouvelles occupations : celle d’Aubervilliers, celle de Bagnolet et celle de Ris Orangis.

A Aubervilliers c’est un bâtiment du ministère du travailqui est nouvellement occupé

Un collectif d’environ 80 personnes habitent désormais ce petit immeuble de bureaux. Il regroupe d’ancien-ne-s occupant-e-s du 22 rue du Colonel-Fabien, expulsé-e-s en septembre 2013, du 19 passage de l’Avenir, expulsé-e-s en avril dernier, ainsi que des sinistré-e-s de l’incendie du 16 rue des Postes en juin dernier qui n’ont pas été relogé-e-s. Depuis plusieurs mois qu’ils étaient à la rue, ils campaient avenue Président Roosevelt. C’est le 11 août qu’ils ont investis discrètement ce bâtiment du ministère du travail vide depuis plusieurs mois.. Soutenus par le DAL, la plus part prioritaire DAHO ( droit a l’hébergement opposable, c’est à dire ayant déposés des dossiers de demande de logements sociaux sans résultat.

Bref rappel du DAHO:

La loi du 5 mars 2007 ouvre aux personnes qui sollicitent l’accueil dans une structure d’hébergement, des recours semblables à ceux dont disposent les demandeurs de logement.
Toute personne [ de nationalité française ou ayant un titre de séjours]qui demande à être accueillie dans une structure d’hébergement, un logement de transition, un logement-foyer ou une résidence hôtelière à vocation sociale, peut, si elle n’a pas reçu de réponse adaptée à sa demande, saisir la commission de médiation, constituée dans chaque département depuis le 1er janvier 2008.
S’il accueille votre demande, le juge adresse une injonction à l’Etat par laquelle il lui ordonne de vous reloger. L’injonction peut être assortie d’une astreinte, dont le montant est fonction du loyer moyen correspondant à ce qui aurait du vous être proposé. Toutefois, le produit de l’astreinte est reversé au fond régional d’aménagement urbain. Vous n’en toucherez donc pas un sous.

Pour plus de renseignement voir le site du DAL

Ci-dessous, un communiqué du DAL (Droit Au Logement) en soutien aux occupant-e-s du 81, avenue Victor-Hugo:

Les expulsés d’Aubervilliers occupent un immeuble vide, 81 av. Victor-Hugo, propriété du ministère du Travail, vide depuis plusieurs mois
Depuis le 11 août, en toute discrétion, les expulsés d’Aubervilliers (22 Rue du Colonel Fabien expulsés en septembre 2013, et 19 Passage de l’Avenir expulsés en avril), qui campent avenue du Président Roosevelt, se sont installés dans un immeuble vacant, propriété du Ministère du travail.
Aujourd’hui ils rendent cette occupation publique, menée faute de solution d’hébergement et de relogement mise en place par les pouvoirs publics, alors qu’ils sont à la rue depuis plusieurs mois, qu’ils ont campé, manifesté, à de nombreuses reprises, fait des démarches, en vain.
Ils ont été rejoint par des sinistrés du 16 rue des postes, qui avaient été laissés à la rue après l’incendie qui a ravagé leur cage d’escalier. Environ 80 personnes habitent désormais ce petit immeuble de bureaux. Ils sont de toutes nationalités, travaillent et pour beaucoup sont en attente d’un titre de séjour.
Beaucoup sont prioritaires DAHO (Droit à l’hébergement opposable), sans avoir reçu la moindre proposition, et la préfecture et le ministère du Logement n’ont jamais accepté de les héberger, malgré les interpellations du DAL.
Droit Au Logement apporte son soutien aux occupants, sera encore à leurs côtés et demande à l’État d’appliquer la loi de réquisition, de mettre ses biens et terrains vacants à disposition pour un plan d’urgence, de cesser les expulsions sans relogement, particulièrement dans le 93 où elles sont les plus nombreuses (1700 en 2011, soit 15% des expulsions manu militari exécutées en France).

De Ris-Orangis à Grigny en repassant par Ris-Orangis :

Les familles expulsées du terrain de Ris-Orangis en avril 2012 ? se sont ensuite installées sur le terrain de la Folie sur la commune de Grigny. Cette mairie communiste n’a pas fait mieux que ces voisins socialistes et a mené cet été une expulsion (très coûteuse). Alors que les familles soutenues par des riverains et plusieurs collectif notamment le Perou ( Pôle d’exploration des ressources urbaines constituté, d’architectes, d’artistes, de politologues etc...) sont de mieux en mieux implantées dans le secteur : scolarisation des enfants, travail des adultes etc. pensaient-ils ces élus locaux que les gens allaient disparaître ?
C’est donc un retours sur la commune de Ris-Orangis qu’annonce le journal de l’ambassade du Perou en post scriptum d’une lettre adressée aux responsables politiques locaux et nationaux.

Ci-dessous recopié:
A l’attention de Monsieur Philippe Rio
Maire de Grigny
Hôtel de Ville BP 13
91351 Grigny Cedex

Paris, le 12 août 2014

Monsieur le Maire,

Les mots que depuis avril 2013 nous vous avons envoyés ont démontré leur grande inefficacité. Ils vous étaient adressés afin de vous convaincre de coopérer avec les membres du PEROU que nous sommes (artistes, architectes, urbanistes, travailleurs sociaux, chercheurs) et d’épargner ainsi aux familles établies sur le bidonville de la Folie l’indigence des réponses d’urgence. Ces mots n’ont reçu en écho de votre part qu’un silence hostile, annonce du vacarme des pelleteuses constaté le 5 août dernier.

Si nous savions vous atteindre par écrit, les mots que nous vous écrivons aujourd’hui sauraient vous faire entendre combien était absurde votre décision de faire détruire le bidonville de la Folie. Cette absurdité, cause d’une violence inouïe faite aux familles réfugiées sur le territoire de la commune de Grigny, vous n’en prendrez donc pas la mesure, abrité que vous êtes derrière des discours aussi inconsistants que généralisés. Comme vous en effet, les maires de France et de Navarre aujourd’hui confrontés à l’existence d’un bidonville sur leur territoire accusent l’Etat, l’Europe, la Roumanie, le Grand Capital, et tout autre responsable majuscule. L’irresponsabilité est devenue un argument. Elle fonctionne comme une autorisation de conduire une politique irresponsable. Ainsi, à l’instar de bien d’autres élus, avez-vous engagés des fonds publics extravagants pour faire qu’un bidonville incommodant à vos yeux se déplace de quelques mètres à peine, jusque sous les yeux d’un voisin, ennemi politique de préférence. Le tout en prétendant ne pas avoir à apporter de réponse à une situation dont vous ne maîtriseriez pas la cause. Ce qui s’avère une philosophie de l’action publique délirante, bien qu’en voie de banalisation.

Alors, puisque vous écrire ne produit aucun effet sur le devenir des familles, nous vous faisons parvenir quelques-unes des images que nous avons produites. Il s’agit d’un travail conduit par l’artiste Mickaël Phelippeau dans le bidonville de la Folie : des portraits d’une jeune fille qui vivait là avec sa famille. Le 5 août dernier, jour de leur expulsion, Violeta et sa famille ont été orientés par vos services vers un hôtel à Pontoise, à 72km de l’Hôtel de Ville de Grigny. Suffisamment éloignés pour ne plus avoir à vous en soucier. Las : scolarisée non loin de chez vous, elle et sa famille se rapprocheront fatalement de votre territoire dans les jours prochains. Vous ne connaissez pas Violeta. C’est dommage : elle est formidable. Gageons que ces images vous permettent prochainement de la reconnaître, et de considérer autrement sa présence parmi nous.

Depuis avril 2013, nos mots ne sont jamais parvenus à vous faire entendre que la procédure d’expulsion que vous avez engagée contre ces familles était catastrophique non seulement pour elles, mais pour nous tous, vous y compris. Ces images peut-être abîmeront-elles vos certitudes ? Il est fort à parier que seule la réinstallation de Violeta et de sa famille sur votre territoire pourrait produire un quelconque effet. Vous conduisant à agir, à l’endroit des familles vivant en bidonville, de manière «responsable» ? A moins que vous redoubliez de violence ? Nous redoublerons alors d’actes, de mots et d’images pour y faire face.

Sébastien Thiéry, coordinateur des actions du PEROU.

PS : Nous apprenons que Violeta et sa famille se sont en fait installés sur le territoire de Ris-Orangis, dans un sous-bois où les conditions de vie sont autrement plus terrifiantes que sur le terrain de la Folie. Voici une information qui risque de briser tous nos espoirs de vous faire entendre quoi que ce soit d’autre que ce qui régit vos prises de position. Voici une information qui va en effet vous convaincre que votre politique est efficace, puisque produisant chez un ennemi politique, un socialiste proche de Manuel Valls, une situation de crise dont il risque fort, de nouveau, de ne pas sortir grandi. Déjà, nous voyons jubiler d’opportunistes militants communistes qui, à Grigny, enseignaient aux familles que c’était l’Etat socialiste, non la Mairie communiste, qui leur voulait grand mal. Déjà, nous voyons s’esquisser la scène jouée mille fois : formes convenues d’indignation ; insultes proférées par les salauds du parti à l’endroit des salauds de l’autre parti ; discours pré-écrits de violence et de contre violence ; «solution» que vous imaginez fort bien pour finir, et recommencer.

Et à Bagnolet le collectif des Baras investi également un nouvel immeuble: Une ancienne agence Pôle-Emploi fermée depuis 7 mois, située au 72 rue René Alazard à Bagnolet.

Ci-dessous leur communiqué:

Faute de volonté politique d’appliquer la loi de réquisition de bâtiment vide, faute de proposition d’hébergement même provisoire, depuis leur expulsion du squat avenue Gallieni à Bagnolet, le Collectif Baras a dû dormir dehors dans des conditions indignes pendant une semaine.
Hier matin, le Collectif Baras n’a pas attendu qu’une nouvelle répression policière scandaleuse vienne le déloger. Les Baras ont ouvert un nouveau lieu. Une ancienne agence Pôle-Emploi fermée depuis 7 mois, située au 72 rue René Alazard à Bagnolet.
Ce lundi 11 août, l’huissier est déjà passé pour constater l’occupation refusant de dire qui l’avait mandaté ! Ce lieu appartenant certainement à l’État, les Baras sont à l’abri, mais en sursis.

Appel à nous soutenir et à nous rencontrer au 72 rue René Alazard à Bagnolet.

NON AUX EXPULSIONS ET À LA RÉPRESSION POLICIÈRE
POUR LA RÉGULARISATION DE TOUS LES SANS-PAPIERS

Tous nos remerciements à toutes les personnes qui sont venues nous témoigner leur solidarité par leur présence et par leurs dons : couvertures, tentes, etc. et qui en témoignent encore.

LE COLLECTIF BARAS
07 78 32 14 75
lesbaras@@@squat.net

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