[ [ [ Grenoble, "laboratoire" sécuritaire. - Yannis Lehuédé

GRENOBLE — Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a inauguré jeudi une force de police et de gendarmerie inédite en France pour contrer les émeutes urbaines, l’Unité mixte d’intervention rapide (Umir), à Grenoble, transformé selon lui en "laboratoire" sécuritaire.

Par ailleurs, le ministre a annoncé qu’il allait porter plainte contre le site paris.indymedia.org <http://paris.indymedia.org> , accusé par les syndicats d’être "antiflics" avec sa publication de photos de policiers en civil permettant de les identifier.

"Ces procédés sont totalement inacceptables et irresponsables. Les propos tenus sur ce site sont injurieux et indignes et il n’était pas question de laisser faire", a ajouté le ministre, dont le dépôt de plainte pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine.

Des photos de policiers en civil ainsi que des films ont été publiés sur ce site qui, en utilisant notamment leurs pages Facebook, permet de les identifier. Le site avait provoqué la colère des syndicats de police qui réclamaient une action du ministre de l’Intérieur.

En visite sur le site d’entraînement de l’Umir, une base désaffectée de l’armée dans la banlieue grenobloise, Brice Hortefeux a déclaré aux membres de cette unité : "vous êtes en quelque sorte un laboratoire. C’est la première, ça n’a jamais été fait ailleurs".

"Si à l’usage vous avez de bons résultats, ce dont je ne doute pas, cela sera très vraisemblablement étendu à d’autres collectivités", a ajouté le ministre de l’Intérieur, sans préciser les villes concernées par ce projet.

Cette unité de 38 personnes (BIEN 38), qui rassemble "pour la première fois" sous un même commandement des policiers et des gendarmes, est composée de six policiers en civil de la BAC, quinze policiers en tenue de la compagnie d’intervention, d’une équipe cynophile et de quinze gendarmes, a détaillé le ministre.

Elle pourra être "immédiatement déployée notamment pour enrayer des phénomènes de violence qui peuvent embraser un quartier comme on l’a vu cet été", a précisé le ministre.

À la mi-juillet, plusieurs dizaines de jeunes avaient brûlé des voitures et affronté les forces de l’ordre après le décès d’un jeune du quartier grenoblois de la Villeneuve, mort lors d’un échange de tirs avec la police consécutif au braquage d’un casino. Des policiers avaient été visés par des tirs à balles réelles, sans que leurs auteurs n’aient été à ce jour interpellés.

L’Umir a simulé jeudi matin devant le ministre les interventions pour lesquelles ils s’entraînent depuis plusieurs semaines, de la protection de pompiers pris à partie en éteignant un feu de voiture au contrôle d’identité qui tourne mal.

"Pour lutter plus efficacement contre des délinquants qui sont naturellement très mobiles, et qui une fois la vague de délinquance commise reviennent se planquer dans les quartiers, nous devons nous adapter à la géographie criminelle", a déclaré M. Hortefeux lors d’une conférence de presse.

"L’unité, qui a vocation à intervenir en moins d’une heure, se veut très réactive", a expliqué le policier en charge du commandement, Guillaume Josserand.

Cette unité départementale "répond concrètement à un manque", selon Daniel Chomette, secrétaire départemental du SGP-FO, qui permettra de "ne pas attendre qu’un quartier s’enflamme pour intervenir".

"Une nouvelle fois Grenoble est +ville pilote+ en matière de sécurité", s’est également réjoui le syndicat Alliance, voyant dans l’Umir "un renfort appréciable aux unités territoriales".

"Tout moyen supplémentaire est le bienvenu. Je le demande depuis longtemps, je suis pour davantage de police de terrain", a de son côté déclaré le maire de Grenoble Michel Destot.

[Source : AFP]

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