En 1967, Dutronc faisait un gros succès avec sa chanson "Paris s’éveille". En 1968, celle-ci était détournée, en mai :
"Les 403 sont renversées, La grève sauvage est générale, Les Fords finissent de brûler, Les Enragés ouvrent le bal. / Il est cinq heures, Paris s’éveille. (bis) / Les blousons noirs sont à l’affût, Lance-pierres contre lacrymogènes, Les flics tombent morts au coin des rues, Nos petites filles deviennent des reines. / La tour Eiffel a chaud aux pieds, L’Arc de Triomphe est renversé, La place Vendôme n’est que fumée, Le Panthéon s’est dissipé. / Les maquisards sont dans les gares, À Notre-Dame on tranche le lard, Paris retrouve ses fêtards, Ses flambeurs et ses communards. / Toutes les Centrales sont investies, Les bureaucrates exterminés, Les flics sont sans merci pendus À la tripaille des curés. / Le vieux monde va disparaître, Après Paris, le monde entier. Les ouvriers, sans dieu, sans maître, Autogestionnent la cité. / Il est cinq heures, Le nouveau monde s’éveille. Il est cinq heures, Et nous n’aurons jamais sommeil."
En 2010, c’est de Brest que vient une nouvelle version :
Chanson du Port - Brest
Il est cinq heures…
[couplet sur la crise du pétrole]
Le port de commerce est bloqué
Les patrons peuvent se rhabiller
Les camions-citerne au repos
S’alignent en amont du dépôt
Il est cinq heures
Le port s’éveille
Il est cinq heures
L’économie reste en sommeil
[couplet sur l’insurrection populaire]
Sur tous les ronds-point c’est la fête
On allume des feux de palettes
Des voix s’élèvent dans la nuit :
«Ici, on bloque l’économie !»
Il est cinq heures
Le port s’éveille
Il est cinq heures
L’économie reste en sommeil
[couplet sur les gardiens de la paix]
Le sous-préfet, le commissaire
Sont tous deux sur le pied de guerre
Venus de Colbert [commissariat de Brest] au galop
Les flics préparent les lacrymos
Il est cinq heures
Les porcs s’éveillent
Il est cinq heures
Nous n’avons pas sommeil
[couplet sur le fichage des manifestants]
On agite nos p’tits drapeaux
Jojo [RG local] transmet toutes les infos
Un teubé filme à la sauvette
Pour s’faire mousser sur internet
Il est cinq heures
Le port s’éveille
Il est cinq heures
L’économie reste en sommeil
[couplet censuré par l’inter-syndicale]
Solidaires jamais à sec de piles
Nous chante des slogans faciles
À défaut de révolution
FO fout la musique à fond
Il est cinq heures
Le port s’éveille
Il est cinq heures
Nous n’avons pas sommeil
Écho des luttes à Brest no 2, 3 novembre 2010.
[Source : juralibertaire.over-blog.com]