[ [ [ « J’ai assisté depuis l’extérieur au déploiement ridicule de forces de l’ordre (...) - Yannis Lehuédé

Arrivé vers 16h30, je me retrouve bloqué à l’entrée donnant sur la cour d’honneur, malgré le fait que j’exhibe ma carte du personnel, par une dizaine de vigiles. Plusieurs personnes sont dans la même situation : camarades souhaitant se réunir, étudiants devant s’inscrire, de retour d’une pause de séminaire, enseignants, personnel administratif... Nous demandons à voir un responsable, ils nous envoient pas le petit blond qui s’était distingué pendant le CPE pour sa collaboration zélée avec les services de police mais le grand à costume cravate.

Je lui pose la question simple de savoir le pourquoi ils empêchent les gens de rentrer, il me répond qu’il a des ordres et qu’il doit obéir. Je lui dis que c’est illégal : pour une fois que je peux faire jouer mon rôle d’enseignant (précaire) en droit... Je lui explique qu’en France, on a une Constitution, qui prévoit le droit de réunion, et que le fait d’empêcher des personnes justifiant de leur identité administrative (étudiant à Paris I ou IV, personnel de l’université etc.) constitue un délit.

Je lui rappelle la mauvaise opération de la "liste noire" (sur laquelle j’étais) pendant le CPE : non seulement le rectorat a dû retirer cette liste, mais il a reçu une plante et une visite de la PJ rappelant, d’une part, qu’il n’est pas possible d’interdire administrativement l’accès à l’université, et d’autre part que le faciès est aussi un délit.

Il me répond sans finesse et me dit que je connais rien, il invoque un obscur décret de 1985 que nous ne connaîtrions pas. Il est furieux et crie qu’il est impossible de discuter avec des personnes "comme nous". Je lui crie qu’on va appeler un huissier de justice. Il se réfugie derrière les deux vigiles restés à la porte, et l’enferme.

Une minute après, ce sont une dizaine de gendarmes mobiles, boucliers, gazeuses et matraques à la main, qui arrivent pour protéger la porte, ainsi que leurs amis en civil qui se postent sur le trottoir.

J’explique la situation aux personnes restées : tout le monde est choqué, y compris ceux qui sont venus pour aller en cours ou pour travailler. Ca donne l’occasion de discuter, non seulement de la liberté de se réunir (comment un petit "comité de mob" se transforme dans le déclencheur d’une fermeture administrative assortie de la présence de garde mobiles) mais aussi de discuter de la réforme, du mouvement, des AG...

Bref, qu’ils le veulent ou pas, en agissant ainsi, ils ne font que notre jeu. Les étudiants et les personnels sont depuis plusieurs semaines humiliés par les vigiles, là c’est trop. Petit rappel, à ce propos :

1 - vous avez une carte, vous pouvez rentrer, vous n’avez pas à justifier des motifs de votre présence sur le site.

2 - en cas de contrôle du sac, le vigile n’a pas le droit de le fouiller.

3 - si vous êtes empêchés de rentrer, appelez un avocat ou un huissier de justice afin de constater l’infraction, ou prouvez l’infraction "par tous moyens" (vidéo de portable, demande de papier, demande de voir le point précis du règlement etc.).

Si on se met tous ensemble, on peut déjà faire quelque chose pour limiter l’arrogance de ces petits chefs qui nous empoisonnent la vie chaque fois qu’on veut rentrer.

P., Paris I

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