[ [ [ L’AG révolutionnaire de la Bastille, le 23 mai - Yannis Lehuédé

Notre envoyée spéciale a été à l’Assemblée générale du mouvement pour une "démocratie réelle, maintenant" qui se tient depuis plusieurs jours place de la Bastille, dans le prolongement du soulèvement espagnole des acampadas qui occupent le centre de la plupart des villes espagnoles depuis plus d’une semaine.

Dans de nombreuses villes de France aussi se tiennent des rassemblements du même genre, où il est toujours question de la même chose : en finir avec l’ordre injuste et antidémocratique qui règne en France comme Espagne, comme en Tunisie, en Egypte, en Libye ou en Syrie aujourd’hui.

Plus de vingt minutes de son, pour se rendre compte, sans détours, de ce qui se dit, sur quel ton, dans cette assemblée parisienne où se retrouvent de nombreux espagnols de Paris, conscients de l’enjeu de ce qui se joue dans leur pays, rejoints par de nombreux autres qui savent, les uns comme les autres, qu’il faut en finir avec les régimes qui nous oppriment et redéfinir le contrat social.

Lundi soir à Paris, sur les marche de l’opéra Bastille, se réunissait comme les tous les soirs ces derniers jours une assemblée générale du mouvement « Democracia real ya! ».

L’AG révolutionnaire de la Bastille, le 23 mai (audio):


Des tours de paroles ont permis de faire un point sur l’actualité espagnole. Cent cinquante à deux cents personnes se sont écoutées et ont échangées leurs analyses et leurs points de vue avec une grande écoute mutuelle. Le mouvement a créé des commissions : actions, média, logistique, coordination nationale, internationale et européenne visant à coordonner les nombreux mouvements qui émergent un peu partout en France et plus globalement en Europe.

Le rendez-vous est donné tous les soirs à 19 heures, mais également les après-midi pour l’organisation des commissions. L’objectif étant d’occuper un maximum la place publique et que l’organisation se fasse aux vues de tous afin que tous puissent participer. Des idées d’actions se mettent en place, atelier en direction des enfants mercredi, concert vendredi soir, happening dans la rue... les idées sont lancées...

Une manifestation est prévue dimanche à 14 heures.

Site officiel :

http://www.acampadaparis.com/

Ci-dessous, le manifeste de l’Acampada de Paris :

Nous sommes des personnes ordinaires. Nous sommes comme vous : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, travailler ou pour chercher un travail, des gens qui ont une famille et des amis. Des gens qui travaillent dur tous les jours pour vivre et pouvoir offrir un meilleur avenir à ceux qui les entourent.

Parmi nous, certains se considèrent plus progressistes, d’autres plus conservateurs. Certains sont croyants, d’autres pas. Certains suivent des idéologies précises, d’autres se considèrent apolitiques. Mais nous sommes tous préoccupés et indignés par la situation politique, économique et sociale autour de nous : par la corruption des politiciens, patrons, banquiers, ... qui nous laissent sans défense et sans jamais être entendus.

Cette situation est devenue la norme, une souffrance quotidienne et sans espoir aucun. Mais en unissant nos forces nous pouvons la changer. Le moment est venu de changer les choses, de bâtir ensemble une société meilleure. En conséquence nous soutenons avec vigueur les affirmations suivantes :

L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.

Des droits inaliénables doivent être garantis au sein de notre société : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation politique, au libre développement personnel et le droit du consommateur à une vie saine et heureuse.

L’état actuel de notre système politique et économique ne répond pas à ces priorités et il est par de multiples facettes un obstacle au progrès de l’humanité.

La démocratie appartient au peuple (demos = peuple, cratie = pouvoir), ce qui signifie que chacun de nous constitue une partie du gouvernement. Cependant, en Espagne [France], la majorité de la classe politique ne nous écoute même plus. Ses fonctions devraient être de porter notre voix auprès des institutions, en facilitant la participation politique des citoyens à travers des canaux de démocratie directe pour
le bénéfice du plus grand nombre, et non pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des forces économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature bipartie représentée par les sigles inamovibles du PS et de l’UMP (avec le FN comme repoussoir).

La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns sont à la source des inégalités, frustrations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et non-durable, entraîne notre système social dans une spirale, qui s’auto-consume, enrichissant une minorité et appauvrissant les autres.

Jusqu’à son effondrement.

La volonté et le but du système sont l’accumulation d’argent, sans tenir compte ni de l’efficacité ni du bien-être de la société ; gaspillant ses ressources, et détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs mécontents.

Les citoyens sont les engrenages d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui se moque de nos besoins. Nous sommes anonymes mais sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons fonctionner le monde.

Si en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une rentabilité économique abstraite où la majorité ne bénéficie pas de ses avantages, nous pourrons supprimer les abus que nous endurons.

Nous avons besoin d’une révolution éthique. Plutôt que de mettre l’argent avant les êtres humains, il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des objets. Je ne suis pas le produit de ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.

Au nom de tout ce qui est précité, je suis indigné

Je crois sincèrement que je peux changer les choses.

Je crois que je peux aider.

Je sais que, tous ensemble, on peut y parvenir.

Sors avec nous. C’est ton droit.

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