[ [ [ Le camp No Border expliqué par le collectif No Border - Yannis Lehuédé

Du 23 au 29 juin prochain, des centaines de personnes venues de toute l’Europe se réunissent à Calais pour participer à un temps fort d’échanges, de rencontres, de réflexions et de mobilisations : le CAMP NO BORDER.

Les habitantes et les habitants de Calais n’ont pas choisi d’accueillir ce camp dans leur ville et une certaine confusion s’installe. En effet, face à ce projet la police, les autorités et les médias dominants se sont empressés de mener une campagne de désinformation visant à discréditer le projet en lui donnant une allure de rassemblement de « casseurs ».

Devant un tel discours, le collectif No Border tient à mieux expliquer son projet, ses intentions, sa raison d’être.

Qui on est et qu’est ce qu’on veut ?

Le collectif No Border est avant tout un groupe de personnes indignées par l’injustice sociale généralisée qui pousse des millions d’êtres humains sur le chemin de l’exil. Indignées par la manière dont ces exiléEs sont géréEs, répriméEs, persécutéEs, enferméEs, pour finalement être jetéEs ou exploitéEs par des patrons bien heureux de trouver une main d’oeuvre corvéable à merci.

Le traitement de la question des migrations s’est cantonné jusque-là à des politiques européennes installant une répression et un contrôle toujours plus féroces d’un côté, et une infantilisation et une victimisation des migrantEs de l’autre. Nous rejetons en bloc cette vision sécuritaire et misérabiliste. La justice sociale, la liberté de se déplacer et de s’installer où bon nous semble ne doivent pas être réservées à une élite.

Pourquoi Calais ?

Nous n’avons pas choisi Calais par hasard. Cette ville incarne toutes les conséquences d’une politique axée depuis des années sur le « tout sécuritaire » : souffrances des populations migrantes, malaise au sein de la population locale, enlisement de la situation. Nous voulons que ça change !

Concrètement, il s’y passe quoi ?

Pendant une semaine, un camp sera installé sur un terrain dans le centre de Calais et s’y tiendront des ateliers-discussions, des soirées d’information sur des sujets tels que « Migrations et changements climatiques », « Frontex : l’agence européenne de contrôle aux frontières », ou encore « Le droit d’asile ». Des ateliers plus concrets seront mis en place, permettant par exemple un échange de savoirs avec les migrantEs sur l’auto-construction. Par ailleurs, des projections de
films sur les pays d’origine des migrantEs de Calais donneront l’occasion de mieux discuter avec les personnes concernées des raisons de leur exil. Un journal spécialement réalisé pour le camp sera distribué quotidiennement. Enfin, une grande manifestation réunira le samedi 27 toutes celles et ceux qui refusent la résignation, dénoncent la persécution de nos frères et soeurs étrangerEs et souhaitent construire ensemble une Europe ouverte où chacun a sa place et le droit de vivre dignement quelle que soit son origine.

Et la répression ?

Nos revendications dérangent les autorités : parce qu’elles ouvrent les perspectives d’un monde de justice sociale et d’équité entre les peuples dont ne veulent pas les personnes au pouvoir, trop attachées au maintien de leurs privilèges.

C’est pourquoi notre mouvement sera sans doute réprimé. C’est pourquoi l’Etat est en train de mettre en place un énorme dispositif policier avec escadrons de CRS, flics en civil, fouilles, arrestations arbitraires,... Des méthodes que beaucoup de gens connaissent déjà et que beaucoup d’autres subissent au quotidien. Le but de cette rencontre n’est pas d’aller se battre contre la police. Cependant nous serons solidaires les uns des autres en cas de provocations ou d’attaques policières.

Si cette rencontre ne sera pas exempte de tensions et d’arrestations, les habitantes et les habitants de la région n’ont rien à craindre des participantEs du camp No Border : la lutte n’est d’aucune façon dirigée contre eux, et c’est aussi l’objectif que d’aller à leur rencontre pour échanger sur la situation à Calais. Il n’est pas nécessaire d’être d’accord pour discuter : la contradiction est bienvenue.

Nous montrerons qu’il est possible de construire un mouvement de résistance et de solidarité dans lequel les migrantEs, leurs soutiens ainsi que toutes celles et ceux qui défendent la dignité pour toutes et tous pourront se retrouver. La contestation et la dissidence ne sont pas des crimes ni des actes de “terrorisme”, mais bien une manière de garantir nos libertés, de garder nos espoirs en vie, dans le soucis de toutes et de tous, au-delà des questions de race, de nationalité, de frontières, de religion, de sexe, d’âge ou d’origine.

Bienvenue au camp No Border !

Pour se tenir informé : _http://calaisnoborder.eu.org_

Dans la même rubrique
Archives