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Le MRAP s’élève contre le renvoi vers Haïti à partir de la Guadeloupe de
Stéphanie, jeune réfugiée haïtienne de quatorze ans dont les parents
vivent en France

Avant-hier 7 avril, l’avocate de Stéphanie, jeune mineure haïtienne de
quatorze ans, retenue en zone d’attente en Guadeloupe depuis le lundi 5
avril - après s’être présentée à la douane de Pointe-à-Pitre en
provenance d’Haïti qu’elle quittait pour rejoindre ses parents -
saisissait le Préfet de ce département d’une demande de sursis immédiat
au renvoi, programmé pour le 8 avril au soir par la Police de l’Air et
des Frontières, de la jeune fille en Haïti.

Comme en témoigne une dépêche de l’AFP de ce jour, cette reconduite a
bien eu lieu au motif, invoqué par le préfet et la police, que la jeune
fille avait déjà tenté de se faire admettre en présentant de « faux
papiers », ajoutant qu’"Il faut faire très attention à tout ce qui est
trafic d’enfants et de faux papiers".

Dans la situation de tragique chaos qu’a provoqué le séisme haïtien -
effondrement de milliers de demeures et de bâtiments administratifs,
perte lourde de conséquences de toutes possessions personnelles dont les
documents d’état civil - le choix des autorités administratives
françaises de renvoyer une mineure isolée fait preuve d’une cruelle
inhumanité.

Un tel renvoi se trouve en totale contradiction avec le communiqué du
ministère de l’Immigration du 13 janvier dernier, au lendemain du séisme
en Haïti, donnant « instruction à ses services de suspendre
immédiatement toutes procédures de reconduite dans leur pays d’origine
des ressortissants haïtiens en situation irrégulière sur le territoire
national ».

Comme l’écrivait son avocate « Il va sans dire qu’une fois encore ce
sont toutes les réglementations applicables en matière de droits des
étrangers mineurs qui vont être bafouées allègrement »

Le MRAP s’insurge contre une procédure qui méconnaît totalement :
- les articles 3 et 8 de la convention européenne des droits de l’homme
et des libertés fondamentales,
- les articles 3 et 9 de la CIDE (convention internationale pour les
droits de l’enfant) stipulant que « l’intérêt supérieur de l’enfant doit
être une considération primordiale » et que « Les États-parties
veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur
gré ».

Le MRAP demande avec force que Stéphanie reçoive en urgence des
autorités consulaires françaises en Haïti un visa de long séjour pour la
France afin que ses parents qui y résident puissent y solliciter un
regroupement familial sur place.

Paris, 9 avril 2010

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