[ [ [ Les blocus de lycées virent à l’émeute à Nogent-sur-Marne - Yannis Lehuédé

Vitrines cassées, gaz lacrymogènes et coups de matraque ont transformé l’ambiance bon enfant des premiers blocus lycéens en mini émeute, ce matin à Nogent sur Marne. Comme chaque matin depuis le milieu de la semaine dernière au Perreux et à Nogent, les lycéens mobilisés contre la réforme des retraites ont
procédé au blocage de leurs établissements. Pour la première fois ce matin, le Lycée Edouard Branly de Nogent sur Marne était de la partie. Du côté du Lycée Louis Armand, c’est déjà presque la routine : les entrées sont filtrées par un barricade de poubelles, et l’ambiance est calme, avec une seule voiture de la police municipale garée à bonne distance.

Il y a un peu plus d’agitation au Lycée Paul Doumer du Perreux-sur-Marne, où un incendie de poubelles a mobilisé les pompiers et un déploiement plus conséquent de la police nationale. Mis à part les détritus calcinés qui jonchent la chaussée et quelques vestiges de bouteilles cassées, l’ambiance est comparable à celle des autres établissements en grève.

C’est du côté du lycée Edouard Branly qu’il y avait du nouveau ce matin (voir photos et vidéos), puisque cet établissement était bloqué par ses élèves pour la première fois depuis le début de la mobilisation lycéenne, suite au vote intervenu en AG hier après midi (plus de 77% des votants favorables au blocus). La police est restée attentive au bon déroulement des opérations pendant la première heure, les élèves s’étant mobilisés dans le calme, avec banderolles et affiches, scandant des chansons et slogans hostiles à la réforme des retraites et au chef de l’état (« Sarko t’es foutu, tes jeune s sont dans la rue »). Environ 200 lycéens étaient amassés devant l’entrée du lycée pour empêcher tout passage. Une poignée d’élèves avait néanmoins réussi à pénétrer dans l’établissement en début de journée.

D’autres s’en retournaient chez eux, espérant parfois revenir dans l’après-midi.

Le blocage dégénère

Plus tard dans la matinée, la situation s’est dégradée quand les lycéens venus du lycée Paul Doumer ont rejoint ceux de Nogent. L’incident qui a déclenché les violences n’est pas clairement identifié (probablement un jet de bouteille sur les forces de l’ordre). Les policiers anti-émeute présents ont riposté avec des gaz lacrymogènes et – selon plusieurs témoignages de lycéens – en matraquant aveuglément les lycéen(ne)s des divers établissements présents sur place (Branly, Val de Beauté, Paul Doumer). Une poignée de jeunes se sont alors déchaînés, retournant une voiture de la police municipale au milieu du carrefour et s’en prenant à un autre véhicule garé à proximité.

Un cordon de policiers anti-émeutes casqués et armé de boucliers a ensuite entrepris de barrer l’entrée de la rue Bauyn de Perreuse, rejoint par les fonctionnaires de la police municipale, donnant à la scène des allures de bataille rangée. Après quelques minutes où des jets de bouteille ont eu lieu depuis l’autre côté de l’avenue, les policiers se sont avancés dans le carrefour pour tenter de disperser les jeunes. On a alors assisté à des scènes de course-poursuite surréalistes entre les policiers (dont au moins un policier municipal armé d’un pistolet à flash-ball) et les jeunes au milieu des badauds et des parents avec poussettes amenant leurs enfants à la crèche…

Certains commerçants ont fermé à la hâte leurs rideaux de fer. Les jeunes se sont dirigés vers le RER E en empruntant la rue commerçante, quelques uns ont jeté des pierres sur des vitrines, suivis par le cordon de policiers anti-émeutes. Les parois de verre de la station de bus située en face du Monoprix ont été entièrement brisées, tout comme un panneau de publicité à proximité. Un chapardage de journaux dans le magasin de presse se trouvant un peu plus loin a également été signalé.

Lycéens et policiers se sont ensuite jaugés un moment sur la place du pont de Mulhouse, au niveau de l’entrée RER E côté Perreux sur Marne. Les élèves formaient quelques petits groupes en différents endroits du carrefour et les policiers plusieurs factions. Ces derniers se sont ensuite progressivement éclipsés. Les jeunes ont au final sifflé le rassemblement pour rejoindre la manifestation parisienne.

Impressionnés par la tournure qu’ont pris en quelques minutes les événements sous leurs yeux, les lycéens de Branly devaient cesser le blocage devant leur établissement à la mi-journée pour se rendre dans le cortège de la manifestation parisienne qui devrait débuter à 13h30 Place d’Italie pour rejoindre les Invalides en passant par Montparnasse.

Quelques signes de fébrilité se sont également fait sentir au collège Watteau où des élèves ont organisé des mini sittings de cinq à dix minutes dans la cour hier tandis que ce matin, quelques uns ont tenté un blocus suite à un appel lancé par une chaîne de textos (SMS).

[Source : nogent-citoyen.com]

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