[ [ [ Les pays africains condamnent la "directive retour" - Yannis Lehuédé

Après l’Amérique Latine, c’est u tour des pays africains de critiquer fermment l’adoption par l’Union européenne de la "directive retour", accusant les Vingt-Sept de ne pas traiter dignement les immigrants clandestins et de ne pas honorer leurs engagements en matière de coopération.

Les ministres européens ont par ailleurs apporté lundi leur soutien à un pacte sur l’immigration proposé par la présidence française de l’UE. "Le Sénégal avoue sa surprise devant l’initiative européenne alors que (...) nous nous sommes engagés dans une autre voie, celle de la concertation", a dit le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, lors d’une conférence euro-africaine sur les migrations à Dakar.

"Il est révolu le temps où l’Europe décide toute seule et l’Afrique s’aligne derrière. Ce temps-là n’existe plus, nous ne l’acceptons pas", a-t-il ajouté. "Nous sommes absolument opposés à l’approche répressive (...) et au traitement de ces sans-papiers comme des criminels." La "directive retour" a déjà été largement critiquée en Amérique latine, où la présidente argentine Cristina Kirchner a estimé que cela rappelait "l’époque de la xénophobie", alors que son homologue vénézuélien Hugo Chavez a menacé de suspendre les livraisons de pétrole aux pays qui appliqueront le texte. Mais l’Afrique, particulièrement concernée par le sort de milliers d’immigrants qui tentent chaque année de rallier l’Europe au péril de leur vie à bord d’embarcations de fortune, était restée silencieuse jusqu’à présent. "C’est dommage que l’Afrique n’ait pas réagi très rapidement à cette situation", a souligné Dominique Guerematchi, représentant de la République centrafricaine.

La Commission européenne estime à 8 millions le nombre d’immigrants illégaux se trouvant dans l’UE. Plus de 200.000 ont été arrêtés au premier semestre 2007, dont 90.000 ont été expulsés. Aux termes du pacte approuvé lundi à Cannes, qui devrait être entérinée en octobre, les membres de l’UE s’engagent à expulser davantage de clandestins, à promouvoir l’immigration légale et adopter d’ici 2010 une politique commune sur le droit d’asile.

Le délai maximum de rétention fixé par ailleurs par la directive à 18 mois est supérieur à la loi actuellement en vigueur dans deux-tiers des pays de l’UE, et les organisations de défense des droits de l’homme craignent qu’elle n’encourage la multiplication des placements en centres de rétention.

Une conférence ministérielle euro-africaine sur le sujet doit être organisée en octobre à Paris, deux ans après celle tenue au Maroc, lors de laquelle UE et Etats africains s’étaient engagés à collaborer sur la question de l’immigration.

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