[ [ [ Manifestations à Paris et à Vincennes - Yannis Lehuédé

Nous reproduisons ci-dessous un récit de la manifestation de samedi contre la politique “anti-terroriste” paru sur l’excellent site de cyber-journalisme, Article 11. On peut voir le même article sur ledit site accompagné des images qui vont avec.

Suit un récit, publié sur infozone (et ici légèrement retouché…) de la même manifestation (à 15h30) et de celle qui a suivi (à 18h30), à Vincennes, aux abords du centre de rétention (voir également à ce sujet le témoignage de l’intérieur du camp).

Saboter l’antiterrorisme ? Des milliers de manifestants se sont bougés les fesses, cet après-midi, pour participer à une journée d’action contre le sort fait aux anarcho-autonomes. Et encore davantage de CRS, postés tout au long de l’itinéraire… Une mobilisation policière impressionnante, mais pas suffisante pour mettre bas toute résistance : dans les couloirs de la station Denfert-Rochereau, un face-à-face violent a opposé des manifestants aux policiers.

La mobilisation était là : plusieurs milliers de manifestants ont répondu présents à l’invitation à « saboter l’antiterrorisme » et à défiler en soutien aux inculpés de Tarnac. Ce qui fait (quand même) un paquet de fiers supporters de cette « mouvance anarcho-autonomes » qui donne des cauchemars à Michèle Alliot-Marie… Pas assez – toutefois – pour effacer la présence policière : il y avait tellement d’uniformes qu’on aurait pu penser à un mouvement de revendication des CRS… Ils étaient partout, encadrant de très près le cortège, barrant chaque avenue, chaque rue et chaque ruelle croisées. Tout était bloqué, en un déploiement de forces de l’ordre réellement impressionnant. Des CRS par-ci, des CRS par-là, des flics en civil en veux-tu en voilà, et des policiers en uniformes pour faire bonne mesure. Bref : du bleu, partout.

Petite ou vaste, chacune des rues croisées était barrée d’un cordon de CRS, avec toujours un ou deux policiers caméra à la main, histoire de filmer la manifestation.

Aux fenêtres d’un hôtel surplombant directement l’itinéraire de la manifestation, deux policiers équipés de puissants appareils photo. Souriez, vous êtes fichés…

Canons à eau de sortie. Pour rien, finalement : ils n’auront pas été utilisés.

Pourtant… Malgré une atmosphère plutôt tendue, en dépit de l’envie évidente de certains d’en découdre, le cortège s’est déroulé sans incidents. Beaucoup de pétards et de feux d’artifice artisanaux, énormément de slogans appelant à mettre bas l’État policier, une proportion non négligeable de manifestants masqués, quelques jets d’objets variés sur les forces de l’ordre… Et puis rien d’autre, sinon une fin de manifestation dans la bonne humeur et en musique. Parfait ? Presque…

Aux alentours de 18 h, il ne restait plus grand monde place Denfert-Rochereau, terminus de la manifestation. Progressivement, dans le calme et sans prêter grande attention aux CRS barrant chacune des rues donnant sur la place, les manifestants quittaient les lieux, s’engouffrant dans le métro. Passaient les portillons et… ceux qui se sont dirigés vers le RER ont eu la surprise de tomber sur un face à face tendu entre policiers et manifestants.

Tout avait démarré quelques minutes plus tôt, quand les policiers en faction derrière les portillons de RER ont interpellé un jeune noir [le motif de l’interpellation – pour peu qu’il y en ait un – n’est pas clair. Je pensais, comme d’autres manifestants, qu’il lui était reproché de ne pas avoir payé son ticket. Plusieurs commentaire ci-dessous soulignent le contraire – ainsi que d’autres billets de blog –, avançant que le jeune avait justement un ticket en règle. Et que seule la couleur de la peau a valu à celui qui est vraisemblablement un sans-papiers d’être soumis à ce contrôle d’identité]. Chez une trentaine de personnes, l’arrestation a fait éclater une colère jusqu’alors rentrée. Très vite, la pression est montée et la confrontation s’est fait plus violente, les manifestants sommant les forces de l’ordre de libérer le jeune homme, maintenu dans un coin et entouré d’uniformes. Quand deux policiers l’ont ceinturé violemment, le faisant tomber à terre et le frappant, les injures ont laissé place à des coups, échangés des deux côtés. Débordés, les policiers ont alors fait appel à des renforts, essayant de s’extraire de ce coin de couloir de métro où ils étaient bloqués par ces militants très remontés.

Pour se dégager, les flics ont copieusement usé de la matraque, peinant toutefois à se frayer un chemin et à emporter leur proie. Ils n’y seraient d’ailleurs peut-être pas parvenus sans l’arrivée d’une dizaine d’autres policiers et l’emploi de lacrymos. Un usage convaincu de la matraque et de la gazeuse qui leur a finalement permis de se libérer du petit groupe, emportant avec eux leur prisonnier et laissant flotter sur leur passage, dans les couloirs du métro, un copieux nuage de gaz. Fin de l’épisode.

Et ? Ben… les manifestants présents n’ont finalement pas réussi à libérer le jeune homme. Mais il s’en est fallu de peu. Reste ce réjouissant sentiment que, même quand la police semble avoir le contrôle absolu de la situation, elle ne maîtrise pas tout. Et aussi cette colère sourde et massive qui monte, suffisante pour faire reculer – au moins un temps – les forces de l’ordre. C’est déjà pas mal, non ?

[Source : article 11, samedi 31 janvier 2009, par JBB]

"Compte rendu" de la journée-soirée du 31

Après la magnifique manif de ce samedi (3000 participantEs pour 2000 policiers), la répression a fait rage dès que les participantEs ont commence a se disperser.

Des chasses aux militantEs eurent lieu dans le métro. Un sans-papiers est
arrêté, plusieurs tentent de s’interposer. Les courageux policiers arrosent
alors de gaz lacrymogènes l’ensemble des usagerEs, au mépris des plus
faibles. Certains enfants durent être évacués en urgence au bord de
l’asphyxie, nul doute que tout les autres furent sacrément traumatisés !

Sur un autre quai, un copain se fait tabasser. Le même scénario se répète alors...

Dans les couloirs non seulement la respiration est difficile, mais les policiers
bousculent violemment tout ce qui bouge, sans discernement aucun. Les usagerEs paniquent, ils ne comprennent pas !

La police en profite pour procéder à des arrestations musclées sous des prétextes fallacieux comme “outrage” (on est forcément grossier avec du gaz plein la gorge) ou “possession de stupéfiants” (la dangereuse mouvance de l’ultra beuh...). D’autres furent également arrêtés à l’entrée pour jet de projectiles, sûrement sur témoignages de policiers. Policiers assermentés, rappelons-le, ça change tout ! Jadis à Vichy aussi, ils étaient assermentés...

15 arrestations au total...

Peu après, alors que le Sound System se dirigeait vers Vincennes avec le
récepissé de déclaration affiché à l’avant (mentionnant l’autorisation d’accès pour le véhicule et la sono), il fut retenu plus d’une heure sous prétexte d’un contrôle. Il y avait ordre de contrôler. Mais quoi ? Ils ne le savaient pas ! Ils attendaient donc gentiment les instructions...

Pendant ce temps, à Vincennes, la police se déploie en masse, barrières anti-émeutes au coin des routes, accès bloqués et pour finir plusieurs lignes de bonhommes en uniforme collés aux barrières, histoire que nous soyons en contact direct avec eux !

Nous sommes 200 à avoir pu accéder au CRA à ce moment-là. Beaucoup sont bloqués en amont (à la gueule du client) ou sont repartis après avoir été arrosés de gaz sur les quais du métro. Il est tard, il fait froid, on attend le camion, la colère monte. Un geste d’un côté, une rasade de gaz de l’autre. À
l’intérieur les sans-papiers sont dans la cour. On a besoin de la sono pour
se faire entendre et leur envoyer nos messages de soutien. Le camion est bloqué une deuxième fois, même prétexte. La tension est palpable...

100 personnes de plus ont réussi à arriver. On chante des chansons, ça détend. On fait un feu, ça réchauffe. Mais ils ont pas trop l’air d’apprécier le
feu et, au premier projectile qui s’ensuit, ils chargent tout les participantEs pour l’éteindre, arrêtant au passage 4 personnes.

Le feu est éteint, on apprend que le camion est immobilise définitivement, on
décide donc de ne pas aider la police à nous taper dessus et on repart gentiment vers le commissariat pour “libérer nos camarades” !

Alors que le groupe, compose d’un peu plus de 100 personnes, arrivé aux
abords du commissariat une compagnie de CRS (ou gardes mobiles) leur fonce dessus sans dire bonjour et arrêtent entre 5 et 10 personnes. Ça encercle, faut bouger. Ça sert plus à grand chose d’insister, autant rejoindre les autres au chaud.

Mais Gare de Lyon il y avait une surprise : non pas une mais deux charges bien violentes en guise de bouquet final (et sûrement quelques arrestations), le tout gratuit bien sûr !

[Source : infozone]

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