La presse suisse s’est fait l’écho de la grève la faim en soutien
Paru le Lundi 29 Novembre 2010
« L’affaire Rappaz » a désormais dépassé les frontières de la Suisse. Michel Sitbon, éditeur basé à Paris, fondateur des éditions du Petit Lézard et président du mouvement Cannabis sans frontières, a entamé une grève de la faim en soutien à Bernard Rappaz le 18 novembre dernier, après le refus par le Grand Conseil valaisan d’accorder une grâce au chanvrier. Joint par téléphone, M. Sitbon décrit son geste comme un moyen de protester contre le « harcèlement judiciaire » dont est victime le Valaisan, qu’il qualifie « d’idéaliste ». Il dénonce « le fanatisme du combat antidrogue » et s’insurge contre le refus de suspendre la peine de Bernard Rappaz, alors qu’en France «on a relâché Maurice Papon pour des raisons humanitaires».
Le président de Cannabis sans frontières a également adressé une lettre ouverte à Doris Leuthard, la présidente de la Confédération. Dans ce courrier, il qualifie la mort éventuelle du Valaisan de « catastrophe pour la conscience humaine » et critique ceux qui « assument que Bernard Rappaz puisse mourir de son action ». Michel Sitbon estime également que le chanvrier a été victime d’un «revirement de tendance» de la politique suisse vis-à-vis des drogues, qui a selon lui « pu fluctuer ces dernières années entre des approches tolérantes ou répressives ».
L’éditeur en est d’ores et déjà à son douzième jour de grève et n’a pas l’intention de s’arrêter : « Tant que Bernard n’aura pas été libéré, je ne pourrais pas me désolidariser », clame-t-il. Et d’ajouter que par leur intransigeance, les autorités valaisannes s’en prennent également au « statut » de la grève de la faim : « C’est l’arme des opprimés, imaginez ce que diront les dirigeants des pires dictatures de la planète de leurs prisonniers si la Suisse, un modèle de démocratie, laissait mourir Rappaz. » Le chanvrier, qui ne s’est plus alimenté depuis nonante-six jours, purge actuellement une peine de cinq ans et huit mois pour une violation grave de la loi sur les stupéfiants et d’autres délits commis entre 1997 et 2001. Il devait comparaître jeudi prochain devant un nouveau tribunal pour des faits similaires survenus entre 2002 et 2006, mais la justice a accepté sa demande d’ajournement en raison de sont état de santé. La ministre valaisanne de la justice, Esther Waeber Kalbermatten, examine toujours sa demande de suspension provisoire de peine.
[Source : Le Courrier]