[ [ [ Suites de la manif de samedi - Yannis Lehuédé

Ci-dessous un témoignage d’une jeune fille qui a eu le sentiment très net que des casseurs étaient en connivence avec les forces de police. De toute évidence, Sarkozy emploie ici la même technique qu’il avait mise en œuvre, en tant que ministre de l’Intérieur, lors des mouvements contre la loi Fillon et contre le CPE : recours massif aux flics en civil, savantes provocations et extrêmement violente répression. Il tente par ce savant cocktail de dissuader le mouvement par la peur.

"La vitrine d’une agence du Crédit lyonnais a été défoncée. Un passant qui tentait de dissuader les vandales a été frappé de coups de poing et de pied portés au corps et au visage, avant que d’autres participants interviennent pour le dégager."

Le passant c’est mon père. J’étais là et je souhaite apporter quelques précisions et soulever quelques questions. Nous avions été manifester comme des milliers de français aujourd’hui. Nous avions démarré vers 15h30 à République, avancé a pas de fourmi jusqu’a Bastille (17h30) puis rejoint Nation vers 18h30. La manif s’est passée dans le calme, dans une ambiance bon enfant. Même le bouchon de ma bouteille d’eau tombé par terre n’a pas été piétiné.

Arrivés à Nation, les syndicats ont appelé à la dispersion. Nous sommes redescendus par le boulevard Diderot. Les policiers et CRS étaient déjà plus nombreux. Mais tout était calme. Quelques minutes après l’ambiance a changé puisque les sirènes et le ballet des voitures et des camionnettes de police avait commencé.

Nous étions assis mes parents et moi à la terrasse du café situé à quelques mètres de la Banque. Nous avons vu une quarantaine de car de CRS, Police et autres forces de l’ordre remonter le boulevard Diderot.

Puis quelque minutes après, une cinquante de personne descendent le boulevard, aligné, étendards noir. En arrivant au niveau du Crédits Lyonnais, il se sont mis à casser la vitrine. Mon père a tenté de s’interposer comme vous l’écrivez. J’ai pris peur en voyant certains d’entre eux tenter de le taper et je me suis lancé à sa défense, prise de panique. Je me suis prise une canette de bière sur la main. Elle saigne.

Comment ont-il pu passer ? Comment les CRS ne les ont ils pas croiser ? Impossible ! Les "casseurs" descendait la rue le champs libre. Toute la place pour eux. Plus un flic à l’horizon. Ils étaient pourtant loin de se cacher.

D’autres "casseurs" ont tenté de calmer la situation. Un homme, la cinquantaine, très calme, habillé d’un imperméable gris m’a prise de côté et m’a dit de me calmer. "C’est une erreur." Non les flics n’étaient pas là… Quoique. Qui était cet homme en gris. Pas un anarchiste c’est sûr ! Il avait l’air d’encadrer le groupe. Un flic ? II y avait en tout cas une dizaine de photographes qui accompagnaient se groupe. On me prend en photo. Je refuse. Je ne veux pas que mon image soit utilisée pour montrer que les manifestations ont « dégénéré »

C’était organisé !! Comment la quarantaine de car de CRS a pu ne pas croiser ces "casseurs" : on les a laissé passer ! Ce n’était pas un groupuscule seul dans son coin. Les photographes étaient là. Qui était cet homme en gris ? Je suis en colère !!!

Après m’être fait soigner la main, légèrement éraflée (plus de peur que de mal, mon père n’a rien), nous redescendons à pied vers la Bastille. Tiens : les Flics sont de nouveau présent, et en masse ! Que faisaient-ils quelques minutes auparavant ! C’est de la blague. Je suis en colère contre eux. Ils manipulent tout. Ils cherchent la bagarre pour décrédibiliser une manifestation.


[Source : bellaciao]