[ [ [ Un casseur présumé en détention - Yannis Lehuédé

À Paris comme à Lyon, tout le monde aura eu l’occasion de voir, dans de nombreuses manifestations, le déploiement de flics en civil en très grand nombre, nouvelle méthode de gestion de l’ordre, ceux qu’on appelle ici les bassidjis de Sarkozy, du nom de ces milices iraniennes grâce auquel le pouvoir des mollahs aura résisté à plusieurs mouvements insurrectionnels ces dernières années.

Le scandale du recours à ces civils, qui bien souvent se mêlent à la casse, aura été dénoncé entre autres par le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci se sera appuyé en particulier sur une vidéo largement diffusée par internet, commentée sur le site d’Arrêt sur images, où l’on voit de ces étranges "casseurs" s’en prendre en particulier à un monsieur aux cheveux blancs, citoyen tentant de s’interposer lors d’un bris de vitrine.

D’autres films pris lors de manifs à Lyon ou ailleurs ne laissaient aucune ambiguïté, les bassidjis se réfugiant derrière les cordons de CRS. Le ministère de l’Intérieur démentira éhontément cette politique de recours massif à des civils, et sortira de son chapeau la "preuve" dont il avait bien besoin : un des manifestants suspects, filmé en donnant un coup de pied au monsieur aux cheveux blancs, aurait été identifié, en dépit de ses capuche et cagoule, comme résidant dans un squat "anarcho-autonome" du XXème...

Le squatteur providentiel – arrivé dans le squat deux jours avant son arrestation –, serait bien connu parmi les manifestants depuis des années... Détail troublant (qu’on ne saurait comment interpréter dans cette histoire à dormir debout) : le monsieur aux cheveux blancs témoignait pour Arrêt sur images de ce que « le "ninja" qui m’a frappé dans le dos ne m’a pas fait mal du tout, le coup n’était pas du tout fort. Après, plusieurs personnes se sont mises autour de moi et m’ont donné des coups pas violents du tout, quasiment des faux coups, jusqu’à qu’une voix autoritaire dise "Lâchez-le". C’était l’homme au visage découvert, qui a ensuite parlé à ma femme et ma fille, qui avait la main en sang pour s’être pris une bouteille de bière lancée par un casseur. J’ai eu l’impression que les gens qui m’ont entouré m’ont en fait protégé pendant le moment violent. Mon hypothèse ? C’était des policiers qui avaient des consignes pour laisser faire des dégâts matériels, mais surtout pas de blessés. »

Et voilà le pauvre donneur de coups de pieds pour l’image qui se retrouve en prison... C’est trop injuste.

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La justice a placé hier soir en détention provisoire un casseur présumé, dont des images diffusées sur internet avaient fait soupçonner la présence de policiers provocateurs dans les manifestations, a-t-on appris aujourd’hui de source judiciaire.

Déféré le 6 novembre au parquet, cet homme, présenté par la police comme un proche des milieux anarchistes, a comparu lundi soir devant le tribunal correctionnel de Paris. À la demande du prévenu, la 23e chambre a renvoyé son procès au 6 décembre. Entre-temps, le suspect devra rester en prison, le tribunal ayant ordonné son incarcération.

Interpellé le 28 octobre dans un squat du XXe arrondissement parisien par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), il avait été placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Paris.

Sur la vidéo diffusée sur internet, on peut voir un individu cagoulé, armé d’un bâton, donner un coup de pied dans le dos d’une personne qui tente d’empêcher un casseur de briser une vitrine. Selon la police, c’est le donneur de coup de pied qui aurait été interpellé. Cette vidéo avait fait naître des accusations contre les policiers, soupçonnés de provoquer à dessein des incidents.

[Source : AFP]

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