Paru dans la presse Malienne et sur le site Maliweb.net
Un migrant malien expulsé, ligoté et menotté : Le Mali humilié, une fois de plus, par Sarkozy et ses propres dirigeants. L’Indépendant, 20/05/2010
Menotte aux poings, ligoté et malmené par dix éléments de la police française, un de nos compatriotes, sans papier vivant sur le sol français depuis quelques années, aura passé de très mauvais moments, à bord d’un avion d’Air France reliant Paris à Bamako, dans l’après midi du mardi 18 mai dernier, entre 16 et 17 heures. Pourtant, trois ministres maliens qui se trouvaient dans l’avion, ont assisté, impassibles, au supplice que les policiers français infligeaient à leur compatriote.
En effet, des membres du gouvernement du Mali, muets comme des carpes au moment où un citoyen malien subi la pire des humiliations dans un avion de la part de policiers français, cette scène ne grandit pas notre pays. Les ministres identifiés dans ce comportement inexplicable sont : Sadio Gassama de la Protection civile et de la sécurité intérieure, Oumar Ibrahim Touré ministre de la Santé et un troisième membre du gouvernement dont l’identité ne nous a pas été révélée. Selon nos sources, il s’agirait bien d’une femme ministre de l’actuel gouvernement. On notait aussi, à bord du même avion, la présence de l’ancien ministre de l’Education de base, Adama Samassekou. Aucun de ces responsables n’a daigné lever le plus petit doigt pour protester contre ces pratiques relevant d’une époque
révolue.
Ils sont d’ailleurs restés impassibles. Comme pour cautionner l’attitude des policiers français. L’assistance à un compatriote en danger et dont la dignité se trouve bafouée, est le dernier de leur souci. Détail important : au moment des faits, une Malienne qui serait une proche du ministre de la Défense, Natié Pléah, aurait téléphoné à ce dernier pour lui dire ce qui se passait à bord de l’avion. Natié Pléah, précise notre source, aurait dit à son interlocutrice d’en parler directement à Sadio Gassama et que ce dernier devait même se trouver à bord du même avion. Peine perdue, les ministres voyageurs se sont manifestés par leur silence.
Le migrant malien qui sortait péniblement d’une longue convalescence, à la suite d’un accident de circulation, ne savait plus où donner de la tête. Il gémissait sous la torture. Ses cris de détresse, qui montaient crescendo, ont fini par attendrir le cœur de certains passagers, dont des Maliens pour la plupart. Ils se sont sentis blessés dans leur orgueil et bien que n’étant pas au même niveau de responsabilité que les ministres cités, ils ont quand même fait part de leur indignation. Mieux, ils ont sonné la révolte en réclamant des policiers français un meilleur traitement vis-à-vis de leur compatriote.
Soutenus dans cette démarche par des passagers ressortissants d’autres pays et parmi lesquels, des Français, Ils ont exigé que les menottes soient retirées des poings du migrant. Demande à laquelle les policiers n’ont pas accédée. Mais, sous le poids de la pression, ils n’ont pas pu embarquer le migrant. Finalement, ils l’ont fait descendre de l’avion pour l’embarquer dans une fourgonnette.
Comme si cela ne suffisait pas, les policiers reviennent sur leurs pas pour arrêter un autre Malien. Il s’agit d’un des frères du commissaire au nord, Mamadou Diagouraga. Ce dernier était en mission en France. On lui reproche d’avoir entravé une opération policière. Il se fera arrêter puis embarqué dans la même fourgonnette que son compatriote.
On a peine à croire que de tels comportements soient encore d’actualité, encore moins au vu et au su des plus hautes autorités du pays. Que dire alors de Sadio Gassama, ministre de la Sécurité et de la protection civile, qui n’est pas capable d’apporter assistance à un de ses compatriotes en pareille circonstance. Et son collègue Oumar Touré de la Santé qui, non plus, n’ouvre pas la bouche face aux cris de détresse d’un migrant malien piqué au plus profond de son honneur et de sa dignité ? Surtout que, convalescent, la victime traîne encore au niveau de sa jambe du plâtre qui cache mal une fracture ?
Décidément, la France de Sarkozy semble avoir le droit de nous humilier et les ministres laissent faire. Pourtant, tout juste à côté de nous, la réaction vigoureuse de dirigeants d’Etats voisins, face à ces traitements inhumains infligés à leurs compatriotes, a ramené les autorités françaises à la raison.
Abdoulaye DIARRA
Le bon droit et la bonne justice égale pour tous et partout