[ [ [ VFX : effets visuels, incrustation, compositing et restauration - Yannis Lehuédé

Les effets visuels artistiques n’ont que les limites de l’imagination, mais aussi celles de contraintes techniques. Il est primordial de les préparer avant le tournage, sans cela, la plupart seront bien plus compliqués et plus long à réaliser... et la marge de manœuvre créative en sera amoindrie ! C’est pourquoi, si vous réfléchissez à en ajouter, je vous recommande que nous collaborions dès la préparation du tournage. Pour en avoir une idée plus claire, voilà une série de travaux que je réalise régulièrement en truquage numérique.

 

Effacement et remplacement d’éléments à l’image

Dans le même style : un microphone, une perche au bord de l’image peuvent être effacés. Tout comme des marques sur des objets, les plaques d’immatriculation, visages à anonymiser, le reflet d’équipes de tournage dans certains miroirs, des personnes indésirables dans le champ de la caméra, etc. Je peux également réduire ou effacer l’ombre d’un drone. Pour masquer les harnais et câbles de sécurité des acteurs, les éléments qui juxtaposent les comédiens, il est nécessaire de planifier et de préparer sur le tournage les éléments à effacer.
Dans cette collection de plans truqués du film El pomo Azul (réalisé par Raquel Troyano et Montse Bodas), il y a un remplacement de ciel, l’ajout et l’effacement d’éléments, même avec une caméra en mouvement. Parfois ces éléments ont été cachés par un masque de fortune.

 

Incrustation d’écrans ordinateur, smartphones, etc

Il est souvent plus simple et plus flexible d’ajouter les écrans d’ordinateurs, tablettes et smartphones en post-production. Cela permet de décider plus tard ce qui sera affiché et de recréer les interactions futures lorsqu’elles ne sont pas encore décidées. Ainsi, au tournage, deux options sont disponibles : laisser une image verte sur l’appareil verrouillé, ou de l’éteindre ce qui permet de conserver un maximum de reflets. Il est indispensable de laisser des éléments servant de marqueurs sur l’appareil (qui seront effacés ensuite) et permettre de repositionner l’image de l’écran avec précision, qui suivra les mouvements de l’appareil. Je pourrai aussi ré-intégrer les éléments qui passent devant l’écran (doigts, cheveux, etc) au dessus.

Motion design pour écrans d’ordinateurs et smartphones

En recréant les interactions sur l’écran d’un plan filmé, on dispose d’une grande liberté créative. Sur la vidéo ci-dessus, j’ai aussi animé toutes les interfaces "interactives", HUD, visibles sur les écrans. Vous pouvez consulter quelques éléments de motion graphics que j’ai réalisés pour des projets similaires.

 

Ajout d’éléments complexes en compositing

Incrustation d’éléments filmés sur fond vert/bleu dans d’autres décors

Aujourd’hui, il parait simple de filmer des personnages sur un fond bleu ou vert, uni, pour les intégrer dans un décor différent. C’est pourtant une opération délicate. Il y a de nombreux paramètres à prendre en compte au tournage pour le remplacement du fond de manière convaincante que je peux vous recommander ou superviser lors du tournage des plans en question. Ensuite le monteur vidéo pourra remplacer le fond en post-production, du moins temporairement si cela reste délicat.
Il est souvent nécessaire de récolter d’autres éléments pour une bonne intégration en post-production. Avec une caméra sur trépied, il faut s’assurer que le fond est correctement éclairé, éviter les ombres projetées sur le fond (sauf si elles doivent être réutilisées pour le décor final). Dans de nombreux cas, je combine plusieurs techniques pour effacer le fond de manière convaincante (notamment pour les cheveux et les reflets) et bien mélanger l’éclairage des deux images.
Il est possible d’utiliser une caméra en mouvement. Pour ce faire, il faut laisser des repères visuels pour mémoriser ses mouvements.
Je recréé ensuite caméra virtuelle avec des mouvements identiques (et d’autres paramètres qui participent à son réalisme visuel). Voilà ci-dessous l’exemple de la décomposition d’étapes d’incrustation d’un personnage dans une scène virtuelle. L’intérêt d’utiliser un décor en 2.5D ou intégralement en 3D permet de générer le même éclairage, d’introduire des reflets d’éléments filmés dans le décor et d’autres interactions entre eux.

 

Supervision des VFX sur le tournage

La plupart de ces effets visuels nécessitent des dispositions particulières lors du tournage (et parfois aussi lors de la pré-production). Selon les besoin différentes tâches seront effectuées à ce moment-là. Il est important de superviser les VFX et de permettre une communication avec l’équipe caméra (et/ou scripte) et lumières.
Lors de l’utilisation de fonds bleu/verts le superviseur des VFX s’assurera que le fond est bien éclairé (cela fait gagner du temps, de l’argent et une latitude créative pour la suite). Si, en plus, la caméra est en mouvement, il sera nécessaire de placer des repères sur le fond (voici un fichier de marqueurs à imprimer).
Et si, en plus des mouvements de caméra, il est nécessaire d’incruster ensuite des éléments 3D au plan, il deviendra utile de filmer une mire avec la caméra et l’objectif utilisés (voici un fichier de grille de distorsion à imprimer et coller sur une planche épaisse).

En tant que superviseur des VFX, je prendrai également des photographies des éléments du décor et de l’environnement à 360° pour permettre une bonne intégration de certains effets sur le plan filmé. Je dispose du matériel nécessaire pour effectuer ces opérations.

Enfin, tous ces ajouts et modifications aux images s’intègreront avec les caractéristiques des images d’origine : même dynamique de lumière et espace colorimétrique, profondeur des couleurs identique. Elles pourront ensuite être étalonnées avec les autres plans du film et de la même manière. La précision est importante car ce n’est pas toujours standard avec les logiciels grand-public très répandus.

 

Voilà aussi une série d’opérations que j’effectue régulièrement après le tournage, sans préparation, car ce sont plutôt des sauvetages de plans.

 

Restauration d’image

Parcourons les éléments qu’on n’a pas pu anticiper. Lors de tournages, des problèmes divers peuvent apparaître qu’on n’a vus qu’ensuite, sur des plans qu’on ne peut pas refilmer, mettant en péril le film tout entier. Nombreux peuvent néanmoins être résolus en post-production, et le coût peut être pris en charge par l’assurance du film.
Voilà quelques soucis qui peuvent être résolus.

Suppression de bruit et stabilisation d’image

Beaucoup de logiciels de montage vidéo permettent désormais de réaliser ces opérations, autant que possible mais parfois mal ou insuffisamment, introduisant des déformations. Certains outils plus pointus ou plus artisanaux sont à ma disposition pour effectuer cette tâche. Voici un exemple de comparatif de plusieurs techniques sur un plan délicat à stabiliser.

Note : Lorsqu’il y a de brusques a-coups ou un flou de mouvement trop prononcé, un résultat de qualité peut nécessiter des compromis !

Ci-contre : une image extraite d’une vidéo débruitée (denoise en anglais). Dans les cas ou l’intensité du bruit est très importante (image sombre avec une caméra peu sensible), il est possible de perdre des détails ou de la netteté dans l’opération. Du grain pourra néanmoins être ré-introduit ensuite pour redonner un aspect plus naturel. On empiète sur l’étalonnage et le finishing où on peut aussi pousser plus finement cet effet dans un sens artistique : en ajoutant de légères aberrations chromatiques, des poussières, rayures et d’autres traitements qui font le charme caractéristique du film argentique (et de certaines optiques).

 

Correction de distorsion de la caméra

Certaines optiques, les très grand-angles, utilisées lors de tournages dans des endroits exigus, présentent souvent des déformations d’image. Je sais redresser ces images (en contrepartie d’une légère perte sur les bords) pour corriger les perspectives. Les méthodes que j’utilise s’adaptent ou simulent chaque optique, pour tenter de retrouver la déformation et la compensation les plus proches (c’est pourquoi on demande de conserver la mention du modèle de l’objectif utilisé, sa focale, etc de chaque plan du film).
Dans cette scène du film El Pomo Azul, une petite caméra était placée dans le réfrigérateur. Cette distorsion de l’image a été corrigée (illustration de droite).

Déformations d’objectif corrigées
(à gauche : avant redressement des perspectives / à droite : après)

 

Clean-plate : Suppression de parasites et de halos lumineux

Parfois, la caméra imprime à l’image des éléments parasites comme des reflets, halos de lumière, poussières dans l’appareil, sur l’objectif...

Si ça se produit sur un élément clé ou pendant une scène importante, on peut songer à vouloir l’effacer ou le réduire en post-production. Le temps nécessaire pour produire ce « clean-plate » est variable (beaucoup plus que de nettoyer le matériel au préalable !). Dans l’exemple ci-contre, j’ai diminué les halos bleus parasites en mouvement avec une simple correction de couleur et un masque animé (à l’étalonnage donc). Ne subsistent que certains halos discrets et naturels. Dans d’autres cas, comme plus haut, il est nécessaire de combiner plusieurs techniques et/ou de peindre image-par-image sur la vidéo.
L’essentiel étant que ces corrections restent parfaitement invisibles pour les spectateurs.

 

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