[ [ [ Provocation policière à Amiens - Yannis Lehuédé

Les événements d’Amiens demandent à être expliqués. La police a délibérément agressé un enterrement… Ceci se produisant dans un quartier considéré comme “à problèmes”, il y a eu une réaction des jeunes qui ont incendié au passage y compris des bâtiments publics, et blessé des policiers.

Mais pourquoi donc attaquer un enterrement à coups de grenades lacrymogènes et de flash-balls ?

Ci-dessous, on trouvera le témoignage de Sabrina Hadji. C’est son frère, victime d’un accident de la route, qui a été enterré samedi. Dimanche, la famille se réunissait pour le repas de deuil. C’est alors que la police est intervenue, en procédant à des contrôles agressifs des personnes qui arrivaient pour cette cérémonie. Les participants au repas s’en sont émus. Et les forces de l’ordre ont aussitôt déployé un dispositif extraordinaire, extraordinairement agressif, envers des femmes, des enfants…

“Nous avons retrouvé 200 projectiles dans la cour de ma grand-mère", témoigne Sabrina…

Arrivé là dès le lendemain (aujourd’hui), le ministre précise qu’il n’entend pas passer le quartier au Kärcher… Mais seulement au gaz lacrymogène…? Pour lui, le problème principal serait que lors des manifestations qui ont suivi cette agression incroyable d’une cérémonie familiale par des CRS, quelques policiers auraient été blessés.

En l’état de ce qu’on peut savoir, le problème principal, c’est qu’on à affaire ici à un ministre de l’intérieur qui a repris à son compte les méthodes de ses prédécesseurs. Pour détourner l’attention des expulsions de roms qui commencent à faire scandale, le ministre a choisi d’allumer le feu ailleurs, et ordonné à la police de provoquer autant que faire se peut la population d’un quartier jugé sensible pour s’assurer le maximum de réactions.

De la même façon, dans une sorte de symétrique de ce scénario, il y a deux ans, la police de Nicolas Sarkozy procédait à une provocation criminelle, en assassinant le jeune Luigi Duquenet. Les jeunes s’en prenaient à la gendarmerie, et cela servira de prétexte à la campagne raciste de l’été 2010 contre les Roms, appuyant le discours de Grenoble.

À l’époque, les observateurs pouvaient noter que cette campagne estivale hystérique de l’État sarkozyste intervenait précisément au moment où il était fort mal en point, attaqué de toutes parts, dans le contexte de ce qui s’était appelé l’affaire Woerth, où l’on parvenait à établir que le Président avait financé ses campagnes électorales avec l’argent de madame Bétencourt, alors première fortune de France, très marquée à l’extrême-droite.

Aujourd’hui, qu’est-ce donc qui fait courir Manuel Valls ? Est-il si urgent de suicider la gauche ?

Paris s’éveille

Un contrôle routier de police à l’origine des violences d’Amiens

Entre les habitants du quartier Fafet-Brossolette d’Amiens et la police, les versions divergent sur l’origine des incidents qui ont secoué la ville dans la nuit de lundi à mardi. Une chose est sûre tout est parti d’un contrôle routier.

La famille de Sabrina Hadji était réunie ce dimanche. La veille, la jeune femme a enterré son frère victime d’un accident de la route. Les proches se sont réunis pour un repas en mémoire de la victime. Selon elle, les personnes rassemblées étaient tranquillement en train de manger quand la police a procédé à un contrôle routier.

D’après elle un "contrôle routier très agressif" qui a engendré un attroupement. La situation a dégénéré : "les policiers nous ont tiré dessus sans rien comprendre. Les CRS sont ensuite arrivés en masse et ont tiré sur des femmes, sur des enfants… Nous leur avons demandé d’arrêter de tirer sur les enfants, ils nous ont répondu "vos enfants ont va tous les enterrer". Suite à ces événements, nous avons décidé d’organiser une marche silencieuse le lendemain."

"D’Amiens Nord jusqu’à la préfecture nous voulions faire entendre notre colère et notre indignation. Nous ne sommes pas des animaux, il faut rétablir la vérité sur toutes les chaînes de télévision. Notre violence n’était pas gratuite, c’était une violence de colère. Nous attendons que les policiers qui nous ont gazés avec acharnement soient sanctionnés, nous avons retrouvé 200 projectiles dans la cour de ma grand-mère, une propriété privée. Nous n’avons pas été respectés pendant un deuil, nous avons été considérés comme des animaux."

La police présente une autre version, selon François Plumerie délégué d’Alliance Amiens "l’incident a démarré avec un véhicule qui a fait un refus d’obtempérer aux fonctionnaires de police. Il a ensuite été interpellé dans le quartier, un endroit sensible. Des individus s’en sont pris aux forces de l’ordre alors que le contrôle en lui-même se déroulait correctement. Le contrôle était parfaitement justifié. Dans ce quartier de Fafet, il est impossible d’intervenir et d’être présent tout simplement."

[Source : BFMTV]

Manuel Valls hué à Amiens

Le ministre de l’Intérieur a été accueilli par des huées à son arrivée à Amiens, ce mardi 14 août, quelques heures après de très violents affrontements entre une centaine de jeunes et les forces de l’ordre. Seize policiers ont été blessés et de nombreux dégâts matériels commis.

Une journaliste du Courrier Picard a pu constater que "Manuel Valls très protégé" avait été "hué" et a tweeté la photo ci-dessous :

Le reporter du Monde parle lui sur Twitter de "très grosse tension".

Dans son article, accompagné d’une vidéo, la journaliste du Courrier Picard indique qu’alors que Manuel Valls voulait dialoguer avec les habitants du quartier "en moins de 10 minutes, il a dû se réfugier dans l’Atrium dans une grande bousculade avec des journalistes (une caméra de France 3 a été cassée) et la population. Une population énervée et qui veut des réponses. "

Les caméras de BFMTV étaient également présentes sur les lieux de la bousculade.

Arrivé à la mairie de quartier peu après 15H30, le ministre a été apostrophé par plusieurs riverains, dont Youssef, 25 ans, qui a demandé au ministre de "répondre à ses questions" : "Arrêtez de fuir, rendez-nous nos droits", a-t-il ajouté, en compagnie d’autres habitants.

Une bousculade a eu lieu avec le service d’ordre du ministre, mais il n’y a pas eu de coups ni d’un côté ni de l’autre.

Manuel Valls s’est refusé à répondre et est rentré dans les locaux de la mairie de quartier.

Il a ensuite rencontré la famille d’un jeune de 20 ans, mort jeudi après un accident de moto.

Les incidents qui se sont déroulés dans la nuit de lundi à mardi font suite à des heurts dimanche entre des habitants du quartier et la police, qui procédait au contrôle routier d’un automobiliste ayant une conduite dangereuse.

Cette intervention a été jugée excessive par certains riverains, alors que la famille et les proches du jeune homme décédé jeudi étaient réunis à proximité pour une cérémonie de deuil.

L’intervention fait l’objet d’une enquête administrative diligentée par la préfecture. "On veut des sanctions contre les policiers qui n’ont pas respecté le deuil, c’était de la provocation, on nous a considérés comme des animaux", a déclaré la mère du jeune décédé.

"Le ministre nous a dit que l’intolérable, c’était les policiers blessés", a-t-elle ajouté.

Quelques minutes plus tard, Manuel Valls a voulu se démarquer de Nicolas Sarkozy, l’un de ses prédécesseurs, place Beauvau : "Je ne suis pas venu pour qu’on passe au Kärcher ce quartier".

[Source : europe1]

[Ci-dessous le lien vers une vidée, où l’on voit – c’est le troisième petit films et cela apparait au bout d’1mn 8s – la mère et une sœur du jeune homme dont se célébrait le deuil lorsque la police est intervenue “dans le but de provoquer”.]

http://www.leparisien.fr/faits-divers/videos-emeutes-a-amiens-les-raisons-de-la-colere-15-08-2012-2125836.php

[Source : leparisien]

[Sur le site du Parisien, on trouve d’autres vidéo, dont la première, où l’on voit l’arrivée de Manuel Valls dans le quartier et refusant de répondre aux questions des gens qui auraient aimé qu’on leur explique pourquoi la police a procédé à l’indigne provocation de la veille – et avec de tels moyens qu’il est exclut que cela ait pu se faire sans volonté politique dans ce quartier très récemment ciblé dans la liste des quinze ZSP…]

[Plus intéressant encore, car cela explique le sens de toute l’opération, toujours sur le site du Parisien, il faut voir le dernier petit film (de 44 secondes)), où l’on voit François Hollande décalquer le discours de Nicolas Sarkozy sur les récidivistes, soit “les individus les plus dangereux”, qu’il faudrait contrôler, même après qu’ils aient purgé leurs peines, “au delà des lois”.]

[Autre vidéo, trouvée sur youtube, qui montre combien la population d’Amiens se faisait peu d’illusions sur le candidat Hollande, pendant sa campagne, le 18 avril…]

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