Un millier de lycéens venus de plusieurs établissements du département ont défilé hier dans les rues de Versailles.Mais à Poissy, un supermarché a été pillé.
Pour le deuxième jour de suite, les lycéens sont descendus dans la rue un peu partout dans le département. Ils ont rejoint des salariés qui manifestaient contre la réforme des retraites. Récit d’une journée mouvementée.
10 h 30, Poissy
Un groupe d’élèves du lycée Adrienne-Bolland de Poissy a jeté son dévolu sur une supérette du centre-ville située à quelques mètres de leur établissement.
Au nombre d’une centaine, ils ont brisé les vitres des portes d’entrée avant de faire irruption dans le magasin. Une fois à l’intérieur, ils ont frappé trois employés et renversé des marchandises posées dans les rayons. Cette action brutale s’est déroulée au supermarché Casino de la rue Robespierre. « En quelques secondes, on a vu une vague humaine se précipiter dans le magasin, raconte une employée. Les jeunes sont venus pour casser, rien ne semblait pouvoir les arrêter. » Le vigile, une salariée et le boucher sont bousculés et reçoivent des coups. « Les lycéens ont pris des bouteilles ainsi que divers produits avant de les jeter au sol », poursuit-elle. Le casse ne dure que quelques instants. Après avoir commis leur geste, les élèves rejoignent leur établissement.
Sans attendre, le secteur est bouclé. Des policiers, casque sur la tête et arme de défense à la main, prennent position le long du boulevard Devaux qui est partiellement fermé à la circulation. « L’objectif est de contenir les élèves dans l’enceinte du lycée, le but est d’éviter d’éventuels incidents », explique un policier. Ici ou là, des projectiles sont lancés sur les fonctionnaires.
Selon le proviseur de l’établissement qui accueille 880 élèves et selon les forces de l’ordre, les jeunes ont pris pour prétexte l’appel à la mobilisation contre la réforme des retraites pour lancer une action. « J’ai reçu un message sur mon portable afin de m’inviter à manifester », raconte un lycéen. Il n’est pas le seul. L’information se répand alors comme une traînée de poudre. Durant la première heure de cours, une professeure est bousculée dans une classe, une poubelle est brûlée et le système de sécurité est déclenché volontairement à plusieurs reprises. « L’ambiance était électrique et il y avait parmi certains élèves une volonté de perturber les cours », indique Alain Mahiet, le proviseur. En fin de matinée, ce dernier a décidé de faire sortir les élèves par petits groupes. Ils ont été invités à rentrer chez eux en raison de la suppression des cours de l’après-midi.
10 h 30, Les Mureaux
Comme la veille, les élèves du lycée de Vaucanson bloquent l’établissement. Ils tentent ensuite de rejoindre le lycée François-Villon, tout proche. Les policiers les suivent de près. Arrivé dans la cité sensible des Musiciens, un groupe d’une soixantaine de jeunes se retourne contre les forces de l’ordre et les caillasse. « Nous nous étions préparés à cela. Mais grâce à une stratégie astucieuse, nous avons réussi à maîtriser rapidement ces incidents », explique un policier. Douze jeunes sont interpellés parmi lesquels figurent des élèves de Vaucanson et un adolescent du collège Jules-Verne, âgé de 14 ans. Tous ont été placés en garde à vue.
11 h 30, Versailles
Près d’un millier de lycéens d’une dizaine d’établissements principalement de Versailles et de Saint-Quentin-en-Yvelines se rassemblent et défilent dans les rues de Versailles, scandant « Sarko, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue », « Retrait, retrait du projet de loi, grève générale jusqu’à satisfaction ». « Dans dix ans, on nous demandera de travailler encore plus. Finalement, on aura notre retraite à 70 ans, si ce n’est pas plus tard », confie Sofiane, du lycée Villaroy à Guyancourt. Yoan, étudiant à Versailles, de l’Unef, s’inquiète : « Cette réforme va mettre près d’un million de jeunes au chômage d’ici à 2016. Nous n’avons pas envie d’être précaires ni à 25 ans ni à 65 ans. » Mélanie et Adrien, âgés de 15 ans, tous les deux du lycée La Bruyère à Versailles, estiment qu’il faudrait « laisser le choix de prendre sa retraite ou pas ».
12 heures, devant la préfecture
Plus de 200 salariés qui répondaient à l’appel des syndicats SUD rejoignent les lycéens devant la préfecture, bien protégée par un cordon de policiers. Parmi les manifestants, des salariés de Renault, de la SNCF. De façon anarchique, le cortège, lycéens en tête, prend la direction du château avant de rallier le centre-ville par la place Hoche, perturbant la circulation. Sous les yeux surpris de touristes asiatiques, certains ont escaladé la statue de Hoche, avant de prendre la direction Carnot. À 13 heures, une délégation est reçue à la préfecture. Au cours de la manifestation, qui a paralysé la circulation durant plus d’une demi-heure avenue de Paris, les policiers ont interpellé six personnes, la plupart pour outrages ou violence sur policiers.
17 heures, Buchelay
Une soixantaine de militants de la CGT et de la FSU investissent le péage de Buchelay, sur l’A 13, pour une distribution de tracts. L’ambiance est bon enfant et aucun débordement n’est à signaler. À cette heure de départs vers la Normandie, les syndicalistes espèrent convaincre un maximum de monde de s’opposer à la réforme des retraites. L’opération prend fin vers 18h15.
[Source : Le Parisien]