Ci-dessous la traduction du communiqué du mouvement étudiant autrichien, après une semaine d’occupation de la quasi-totalité des universités du pays.
Le 30 octobre 2009
La majorité des universités autrichiennes toujours occupées !
Chronologie de la mobilisation
Ces dernières années, la situation des universités autrichiennes n’a
cessé de se dégrader : introduction de droits de scolarité, recul de
l’accès garanti à tous ceux désireux d’étudier, manque de places dans les
cursus. Les deux causes principales de ces problèmes sont le manque de
financement public, et l’introduction hâtive du LMD – qui fut notamment
utilisée pour restreindre l’accès à des filières entières. Les raisons de
se mobiliser ne manquaient donc pas, depuis des années. Jeudi 22 octobre,
une goutte d’eau a fini par faire déborder le vase.
Ce jour, à midi, se sont rassemblés des centaines d’étudiants des
Beaux-arts et de l’université de Vienne, avec pour objectif d’attirer
l’attention sur les problèmes universitaires. Rapidement, ces
manifestants se sont décidés à occuper l’Audimax de l’université de
Vienne (le plus grand amphi d’Autriche). La nouvelle de l’occupation
s’est alors répandue comme une traînée de poudre, et de nombreux
étudiants vinrent prêter main forte.
Ce qui a ainsi commencé comme une protestation spontanée est devenu en
moins de huit jours une mobilisation de la quasi-totalité des universités
autrichiennes ; partout se multiplièrent occupations de bâtiments et
manifestations. Ainsi l’université de Vienne est-elle occupée en
permanence par plusieurs milliers de personnes – des groupes
auto-organisés se chargeant de résoudre les différents problèmes
logistiques, de l’approvisionnement à l’organisation des premiers secours
en passant par le soutien juridique ; par ailleurs, une centaine de
groupes de travail thématiques discutent des alternatives possibles,
aussi bien en ce qui concerne la politique universitaire qu’à propos des
problèmes sociaux englobant. Et sept jours après le début de
l’occupation, une manifestation a rassemblé dans Vienne 40.000 personnes
– soit l’une des plus grandes manifestations universitaires que
l’Autriche ait jamais connue (NdT: l’université de Vienne compte environ
70.000 étudiants). Et le lendemain, à Graz, la deuxième plus grande ville
autrichienne, des milliers d’étudiants se retrouvaient eux aussi dans la
rue.
Les revendications des étudiants sont larges : ainsi la démocratisation et
le financement suffisant des universités sont-ils à l’ordre du jour,
aussi bien que le droit de chacun à l’accès à l’enseignement supérieur,
ou un quota de 50% de femmes à tous les niveaux de l’université. De
nombreuses organisations, autrichiennes et étrangères, se sont
solidarisées avec le mouvement étudiant; par ailleurs, de nombreux
enseignants soutiennent les revendications des étudiants. La dynamique de
la mobilisation, et le grand nombre de ces soutiens, font que les
étudiants sont bien décidés à poursuivre l’occupation des universités, et
à mener toute action de protestation nécessaire pour parvenir à leurs
fins.
Contact :
mail: internationalpress.unsereuni@gmail.com
tel.: +43 699 1920 3371
web: www.unsereuni.at
La protestation est étendue à toute l’Autriche depuis deux semaines - Les universités d’Heidelberg, Munster et Potsdam (en Allemagne, NdT) prennent le relais et sont occupées - La politique autrichienne de plus en plus sous pression !
Depuis 14 jours, les occupations d’universités dominent les gros titres autrichiens. Maintenant les protestations s’étendent à toute l’Europe : en lien direct avec le mouvement autrichien, les étudiants d’Heidelberg, Munster et Potsdam occupent leurs universités.
L’Allemagne suit
"Après l’Autriche, l’Allemagne ne peut que suivre", expliquent les occupants de l’université de Potsdam sur la page d’accueil de leur site. Aussi l’assemblée générale de l’université de Vienne plaide pour des protestations dans les pays voisins : les problèmes de Vienne "sont des problèmes globaux, dont les solutions ne pourront qu’être partagées, si les protestations s’étendent à toute l’Europe."
Journée d’actions dans 30 pays
Pour la journée d’actions d’aujourd’hui (5 novembre, NdT) sont prévues diverses actions sur le thème de la formation dans près de 30 pays sous le mot d’ordre "l’éducation n’est pas à vendre". Dans toutes les universités d’Autriche les responsables des jardins d’enfants, professeurs, écoliers, syndicats et beaucoup d’autres groupes se solidarisent avec les étudiants sous le slogan : "Formation libre pour tous-tes - du jardin d’enfants à l’université." Le temps fort de la journée d’actions à Vienne représente la marche des étoiles vers la bibliothèque principale, où la fin de la manifestation a lieu en commun.
Le gouvernement ne veut réagir qu’en 2020
Le but des protestations coordonnées est de recevoir enfin une réaction sérieuse du gouvernement autrichien. Après que le ministre compétent Johannes Hahn ait essayé sans succès d’interrompre la mobilisation, le conseil des ministres de lundi dernier n’apportait aucun résultat concret. L’augmentation du budget de l’enseignement supérieur de 1,2 % à 2 % du PIB, depuis longtemps nécessaire et décidée depuis quelques années, ne sera réalisée qu’en 2020.
Les politiques refusent le dialogue
Les invitations répétées au dialogue avec l’assemblée générale du mouvement de protestation n’ont été suivies jusqu’ici ni par le chancelier ou le vice-chancelier, ni par la ministre de la science Hahn.
Les politiques semblent très éloignés de reconnaître la valeur sociale de l’université et d’en refaire des endroits de formation libre, d’enseignement et de recherche indépendant.
Groupe de travail presse internationale / Université de Vienne occupée
Traduit de l’allemand par Gachet, HNS-info