Respirer à Paris. C’était le nom d’une association éphémère qui avait intenté un référé d’urgence devant le Tribunal administratif, à l’été 2001, pour dénoncer le fait que la préfecture ne prenne aucune mesure lors de pics de pollutions dangereux pour la santé publique – et particulièrement pour la vie des plus fragiles.
On pouvait déjà observer que la Préfecture n’applique pas la loi qui l’oblige à prendre des mesures de restriction de la circulation automobile et des industries lorsque le taux de pollution atmosphérique dépasse certains seuils fixés à la fois par les règles européennes et par la législation française.
Surtout, on découvrait au passage qu’il n’y a pas de réseaux de capteurs de pollution dans l’est parisien, alors que c’est la partie la plus polluée de la ville du fait des vents dominants qui poussent toute la pollution de l’agglomération vers l’est.
On pouvait établir aussi, en recueillant le témoignage de responsables d’Airparif, que l’indice de pollution publié est surtout arbitraire, pour ne pas dire politique. Quelques dizaines de capteurs sont dispersés sur la région parisienne – évitant soigneusement, donc, le secteur le plus exposé de l’est parisien et de ses banlieues limitrophes.
Deux ans plus tard, en 2003, la canicule emportait des milliers de personnes fragiles dans des conditions très semblables. Lors du procès de 2001, on pouvait se féliciter de ce que le vent se soit levé entre le jour où le référé avait été intenté et le jour de l’audience, évitant des milliers de morts. En 2003, le vent ne se lèvera pas à temps...
Pourquoi l’air de la ville est-il devenu soudain si dangereux ? La circulation n’a pas spectaculairement augmenté. Les voitures sont de plus en plus "propres". Ce qui a changé, ces dernières décennies, c’est la proportion de véhicules diesel qui est passée de moins du quart à plus de la moitié du parc automobile.
Oui, le diesel devrait être interdit. Ses microparticules ne sont pas filtrées par le corps humain, comme des particules d’amiante. Il faudrait l’interdire au moins pour ce que ça doit coûter au budget de la sécurité sociale…
"Réduire progressivement" le diesel, c’est ce que proposent les Verts comme mot d’ordre pour la manifestation à laquelle ils appellent ci-dessous. Oui, si "progressivement" veut dire refuser toute nouvelle immatriculation, pour commencer. Encourager à la substitution au bénéfice des véhicules les moins polluants. Pour le parc restant, remplacer le gazole par le diester... Le diesel est une entreprise dangereuse, dangereusement promue au point de produire une telle catastrophe. Il faut y couper court.
Quant à la "sécurité sanitaire des francilien(ne)s", qu’un véritable système de mesure fonctionne serait déjà une chose dont la mairie pourrait se charger, indépendamment du travail à moitié fait par les services de la Préfecture. Disposant d’indications correspondant mieux à la réalité, la mairie pourrait assurer au moins une information plus adéquate des citoyens. Toute une gamme de mesures seraient alors à sa disposition, comme de produire des recommandations. Les autorités municipales seraient aussi mieux en mesure de sommer la Préfecture d’appliquer la loi.
Bien des choses sont faisables, si on voulait transformer la ville en un jardin de roses. Comme de promouvoir le plus économique des véhicules à propulsion, le vélo électrique.
Respirer à Paris n’est pas une utopie inatteignable. Cela demande un minimum de courage politique, et de la cohérence. Jusqu’à présent, ni la Mairie ni l’Etat n’en auront vraiment fait preuve.
Pitié pour nos poumons !
Publié le 27 mars 2012 dans Actualité Communiqués
Événement à Paris, mercredi 28 mars 2012 à 12h15
Les écologistes organisent une action spectaculaire contre la pollution de l’air
Depuis samedi dernier, la métropole parisienne connaît un nouveau pic de pollution aux particules : le seuil de niveau 1 a été franchi pour la 22e fois depuis le 1er janvier. A ce rythme-là, AirParif devra bientôt inverser sa mission et prévenir les ParisienNEs des rares journées où ils pourront respirer un air correct.
Comme d’habitude, la Préfecture de Police a privilégié la culpabilisation des victimes en conseillant aux populations fragiles (asthmatiques, personnes âgées, enfants…) de rester cloîtrées chez elles et de ne pas s’adonner à des activités physiques. Pour la forme, elle a cependant recommandé aux automobilistes une baisse de leur vitesse, mais cette mesure est au mieux peu efficace, au pire de simple affichage car ses effets sur la qualité de l’air à Paris sont contestés. Par son manque de volontarisme, le Préfet met en danger la vie des FrancilienNEs.
Les écologistes martèlent depuis des années les mesures de bon sens qui pourraient rendre aux FrancilienNEs la santé que le parc automobile français –fortement dieselisé- leur a confisquée : restriction de la circulation des camions en transit et circulation alternée pour les véhicules diesel lors des pics d’émissions de particules, fin des incitations fiscales pour ces derniers, création d’une Agence de l’air française, facilitation de la mise en place des Zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA). Selon une étude Aphekom parue en 2011, les particules fines sont responsables chaque année de 40 000 morts en France et d’une espérance de vie amputée de 6 mois dans la capitale.
Aussi, les écologistes parisienNEs ont décidé de passer de la parole aux actes. Le mercredi 28 mars, ils réaliseront une opération de choc contre la pollution de l’air.
Avec deux messages à la clé :
Il est grand temps que l’Etat s’attaque courageusement à la sécurité sanitaire des FrancilienNEs
De réels progrès passent par une réduction progressive de la circulation des véhicules diesel dans la métropole
Rendez-vous est donné à tous les militantEs, aux éluEs, aux candidatEs EELV aux législatives et à la presse à 12h15, sur le parvis de l’Hôtel de Ville !