[ [ [ Retour à Chumrong - Yannis Lehuédé

Ce matin, alors que nous nous levons tôt, comme d’habitude, la plupart de nos voisins sont déjà partis. Il reste quelques adolescents livides, qui ont visiblement trop fêté la veille. Pourtant, aucun de nous n’a été réveillé pendant la nuit ! Nous reprenons donc notre route par les étapes que nos connaissons déjà. La motivation du groupe a quelque peu baissé depuis que nous avons dépassé notre but. Nous retraversons les forêts de rhododendrons, par beau temps, ça change des trombes d’eau. Les arbres sont toujours aussi splendides : les racines courbées comme des mèches de cheveux bouclés s’accroches sur des rochers recouverts de mousse entre lesquels coulent de petits ruisseaux. Les arbres ont plus de fleurs qu’auparavant, les bourgeons (rouges) se sont ouverts depuis notre passage à l’aller.

Faune

Dans notre groupe qui, d’après les habitués, est plutôt homogène et d’entente excellente, rare sont ceux qui sont venus pour une expérience transcendante. La plupart n’en sont pas à leur premier voyage en groupe et nous racontent des anecdotes sur des participants ou sur les contrées qu’ils ont visitées. Certains sont très sportifs et écoutent de la musique ou des émissions de radio préenregistrées en marchant. D’autres passent leurs journées à tout photographier. D’autres encore, avaient prévu à l’origine de faire un voyage pour faire du yoga et visiter des monastères bouddhistes. Certains sont plus réservés que d’autres et ne raconteront pas beaucoup de leur vie « normale ».

Les assistants du guide parlent parfois avec l’un d’entre-nous, mais c’est souvent pour pratiquer le français et passer le temps. Etant donné qu’ils ne maîtrisent pas très bien l’anglais ou le français, il m’est souvent difficile d’avoir une conversation plus élaborée avec eux, mais en marchant, nous prenons le temps et y arrivons.

Porteurs

Ils m’apprennent plus sur leur vie quotidienne à Kathmandou, leur travail d’assistant-guide, de porteur parfois qui est beaucoup plus pénible, mais très répandu au Népal pour porter toutes sortes de marchandises pour ravitailler les villages de montagnes sur des sentiers où les mulets ne peuvent s’aventurer. Le soir, ils me permettent de dialoguer avec les porteurs (qu’on ne voit que très peu au cours de la journée) en facilitant la traduction. J’ai de plus en plus tendance à rester avec le groupe « des népalais ». Et petit à petit, de plus en plus de membres du groupe « des français » nous rejoignent.

Pont

Après le repas de midi, nous entamons une descente jusqu’au bas de la rivière et abordons la dernière étape de la journée, la tant redoutée montée des marches (2112) de l’escalier qui mène à Chumrong. Ces derniers jours, devant les craintes de certains pour cet exercice, j’avais essayé d’en minimiser l’ampleur psychologique, mais la voilà.

Cultures en étages

Au moment de commencer, le soleil, qui a toujours été clément et protecteur pour nous, a la bonne idée de se cacher derrière des nuages. Cela permet de supporter la chaleur qui est tout de même caniculaire (on est à peine redescendus de la haute montagne pourtant).

La marche est dure, le groupe s’étire à cause des vitesses variables de chacun. Nous atteignons un premier village, croyant toucher au but, mais on n’est qu’à mi-chemin. Même la traversée de celui-ci est longue étant donné qu’il s’étale sur une bonne partie du flanc de la montagne.

J’arrive exténué, ayant gravi les marches avec trop d’empressement et passerai le reste de l’après-midi au lit dans la lodge et à finalement vomir. J’ai une violente fièvre à cause du peu de sommeil des jours précédents, l’altitude, l’idée de savoir notre objectif derrière nous et surtout la montée trop rapide et ma confiance cette fois exagérée. Je reste couché alors que le repas commence. Je manquerai l’explication sur les différentes ethnies qui composent le Népal.

Visages des campagnes

Le lendemain.