La tragédie syrienne se poursuit. Disposant malheureusement d’énormément de moyens, cela fait une dizaine de jours maintenant que l’armée syrienne à engagé la bataille d’Alep, qualifiée de "décisive" par Bachar el-Assad lui-même.
Des quartiers entiers de la ville sont méthodiquement bombardés, afin de les réduire en poussière, ainsi que cela a été fait à Homs. L’aviation, comme les batteries de Katiouchas, larguent autant d’obus que possible.
Le plus notable reste toutefois la relative rareté des informations, en dépit de la présence de nombreux journalistes étrangers dont les journaux ne sont pas très friands de publier leurs rapports, préférant des papiers d’ambiance le plus souvent anecdotiques à une description précise de la bataille, de ses enjeux, et de son évolution.
Les observateurs de l’ONU se sont retirés de la ville "due to deterioration in the security situation" – en raison de la détérioration des conditions de sécurité…
On n’aura trouvé que le Guardian, pour faire son travail a peu près normalement.
C’est ainsi qu’on apprend, par exemple, que l’ASL, l’armée des forces anti-Assad, a dû abandonner son QG, dans le nord-est de la ville, du fait du bombardement intensif auquel il était soumis, mettant en danger la population civile de ce secteur particulièrement peuplé de la ville.
Amnesty international a publié des images satellites de la ville montrant 600 cratères, traces de bombardements.
Le reporter du Guardian, Martin Chulov, explique qu’on s’attend à ce que l’offensive gouvernementale se fasse à partir du district de Salahaddine au sud-ouest de la ville, où Assad a d’ores et déjà massé 20 000 hommes, et "plein" de tanks, venus de Damas et du Golan. “Ils avancent petit à petit, mais n’ont pas commencé leur offensive qui était attendue aujourd’hui ou dans les prochains jours."
La ville de Deir Ez-zor, dans l’est, est assiégée depuis 46 jours par l’armée syrienne. Un habitant raconte au Guardian les conditions de vie à huis clos dans cette ville sans électricité, où les morts, ne pouvant être enterrés, se mêlent aux vivants.
"Cela fait 46 jours que la ville est assiégée. Toutes les entrées et les sorties sont bloquées par les chars de l’armée. 80% des habitants de la ville (qui en comptait entre 900 000 et un million, ndlr) ont fui avant le début du siège pour Raqqah, Alep et Damas. Ceux qui sont allés à Alep et Damas sont dans une situation encore pire maintenant. Nous avons entre 14 000 et 15 000 combattants, la plupart des déserteurs de l’armée. La plupart des batteries d’artillerie (ennemies) sont stationnées dans le "camp baasiste" et l’aéroport militaire, d’où viennent elles tirent contre les habitants. L’armée a détruit a détruit l’essentiel des générateurs électriques. Les cadavres en décompositions envahissent les rues, mais nous ne pouvons pas les enterrer. L’ASL a commencé à transférer une partie de son équipement à Alep. Nous espérons que ce front va alléger la pression sur Deir Ez-sor."
Rami al-Hakiem, habitant de Deir Ez-zor, interrogé par le Guardian.
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Un avion de chasse survole Alep, où les combats font rage. Le quartier de Salaheddine, bastion des rebelles, est soumis à un bombardement continu depuis lundi, affirment des activistes syriens.
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"Les avions de chasse syrien ont visé, et raté, le QG de l’Armée syrienne libre à Alep pour la deuxième fois aujourd’hui", rapporte sur son compte Twitter Martin Chulov, journaliste du Guardian, présent sur place depuis quatre jours. "La bombe a endommagé un hôpital à côté, tuant 10 personnes", poursuit-il.
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"Le peuple syrien et son gouvernement sont déterminés à purger le pays des terroristes et à combattre le terrorisme sans répit", a déclaré Bachar el-Assad.
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Le quartier de Salaheddine à Alep, contrôlé par les rebelles, essuie des tirs nourris et continus depuis lundi, rapporte le Guardian.
"Il y a des dégâts partout. Près de 60% des bâtiments sont détruits. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, et aucun magasin n’est ouvert. Ils ont été criblés de balles ou brûlés. La plupart des familles encore sur place sont réfugiées dans des abris. Il y a plusieurs blessés graves qui ne peuvent être traités dans nos hôpitaux de campagne."
Khalid Al-Halbi, porte-parole de l’Armée libre de Salaheddine, cité par le Guardian
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"Je confirme que nous avons provisoirement déplacé nos équipes d’Alep en raison de la détérioration des conditions de sécurité dans la zone. Elles retourneront à Alep dès que les conditions le permettront."
Juliette Touma, porte-parole de la mission d’observation de l’ONU
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Des violents combats ont lieu dans les quartiers de Bab Jnein et de Sabee Bahrat, près du centre d’Alep, rapportent des activistes syriens.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme indique que les combats se sont étendus à des quartiers épargnés par les violences jusque là.
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L’agence turque Anatolie rapporte que les rues d’Alep, capitale économique de la Syrien, sont envahies par les poubelles, faisant craindre la prolifération de bactéries, et de maladies.
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Les combats ont repris ce mardi à Alep, deuxième ville du pays. Des accrochages se déroulaient dans le centre de la ville, dans les quartiers d’Antakia, Aziziya, Bab Jénine, Sabah Bahrat, et près du palais de justice à l’ouest, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’home (OSDH), qui se base sur un réseau de militants et de témoins.
L’armée pilonnait par ailleurs les quartiers de Chaar, Sakhour et Qatarji, à l’est. Les militants de l’opposition ont indiqué que l’armée utilisait aussi des hélicoptères et bombardait le quartier de Hanano (est). Lundi, 46 personnes avaient trouvé la mort à Alep, dont quatre rebelles.
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Lundi 6 août :
Selon la BBC, plus de 20 000 soldats des forces régulières sont en route pour tenter de reprendre le contrôle d’Alep, la deuxième ville du pays, partiellement aux mains de l’opposition.
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Bassma Kodmani, une des porte-parole du Conseil national syrien (CNS), a insisté sur le déséquilibre des forces en présence en Syrie: d’un côté, "un régime avec toutes ses forces, y compris l’aviation qui emploie des MiG contre sa propre population" et de l’autre côté, "une armée libre, c’est-à-dire des jeunes armés d’armes légères qui ne sont pas très capables d’aller au delà de l’affrontement avec ces armes et une stratégie de guérilla de ville".
"Aujourd’hui, attendre une solution militaire, c’est catastrophique"
Bassma Kodmani, porte-parole de la principale coalition de l’opposition
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Le ministre allemand de la Défense a une nouvelle fois exclu dimanche une intervention militaire en Syrie, mettant en garde contre une réponse automatique à l’échec des efforts diplomatiques, dans un entretien au journal Welt am Sonntag.
"L’échec de la diplomatie ne doit pas automatiquement mener au début de l’option militaire."
Thomas de Maizière, ministre allemand de la Défense
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[Source : lexpress.fr]
Syria: Rebels claim to be on the verge of seizing Aleppo
Leader of the largest rebel unit in northern Aleppo says his forces are in effective control of more than 60% the city
Rebel groups claim to be on the verge of seizing control of Aleppo’s ancient heart after days of pitched battles with regime troops in the centre of Syria’s second city.
"We will be in full control on Wednesday morning," claimed Sheikh Tawfiq Abu Sleiman, the leader of the largest rebel unit in northern Aleppo. "We already have two of the walls of the citadel."
The battle for the central city is symbolically important for the guerilla force, which now claims to be in effective control of more than 60% of Aleppo. However after two weeks of grinding battles with loyalist forces in most districts, it may not be a harbinger of victory.
The large loyalist force that has been travelling to Aleppo for more than one week has arrived and taken positions on the southwestern outskirts, from where tank columns have intensified a barrage of the rebel-held district of Salahedin.
However, as rebels and locals alike prepared for a fifth day for an expected attack, some began to doubt that it would take place. "It’s psychological warfare, nothing more," said a rebel from Damascus who called himself Abu Firas. "They can’t invade with everything they have because most people would defect."
Shelling in Salahedin was more intensive on Tuesday than at anytime since rebels took over the neighbourhood in late-July, securing a foothold in Syria’s commercial centre.
The rows of five story apartment buildings which line the suburbs narrow streets have been hit so heavily that they now look like a giant sand sculpture, whittled down by the wind.
Shelling is also taking an increasing toll on parts of the city’s north-east, where rebels were forced to relocate on Tuesday after regime jets again attacked the schoolhouse they had used as a base.
The tracks of a captured tank – a prized possession — left a silver glaze on a baking hot black bitumen road, betraying the route to the new headquarters nearby. Nothing else moved on the barren streets of the city’s north. Aleppo is now in virtual lockdown ahead of what is expected to be an imminent showdown between loyalist forces and opposition guerillas.
Late on Tuesday, the shelling in Salahedine had subsided long enough for casualties to be removed for the first time in 24 hours. Among them was a smiling 24 year old from the town of al-Bab, named Zeitoun, who had been hit by a tank round. He was the 63rd rebel from al-Bab to have died in the siege for Aleppo and its surround in the past fortnight, according to the FSA.
"We know he will not be the last one," said one of his colleagues, Abu Nour, as he raced back from Aleppo to bury his friend. "But we are right and we will prevail. This is a momentum that cannot be stopped."
The young rebel was lowered into the red earth of a graveyard brimming with white tombstones just before the end of another day of Ramadan fasting.
"Of course we are sad for his family," said Aheikh Omar, the dead rebel’s spiritual leader. "But we are also happy for his family that they raised a man like this. Sacrifice is something we are used to now."
[Source : The Guardian]
Le chef de la mission de l’ONU en Syrie "extrêmement inquiet" de la situation à Alep
Le chef de la mission de l’ONU en Syrie, le général Babacar Gaye, a appelé lundi 6 août les protagonistes de la bataille d’Alep à protéger les civils. M. Gaye s’est déclaré "extrêmement inquiet" et a appelé au respect du droit humanitaire international. "Les civils ne doivent pas être soumis à des bombardements et les armes lourdes ne doivent pas être utilisées contre eux", a-t-il fait valoir.
A Alep, l’armée syrienne a achevé son déploiement et continue à livrer bataille aux insurgés avant de lancer l’offensive décisive pour le contrôle de cette métropole du nord de la Syrie, enjeu crucial du conflit. Des bombardements et des tirs d’arme automatique été entendu lundi dans plusieurs quartiers de la ville, poumon économique de la Syrie, causant la mort de huit civils et d’un commandant rebelle, a indiqué l’OSDH. Les bombardements ont visé le palais de justice, dans le centre, et les quartiers de Char et de Marjé, dans l’est de la ville.
Des tirs d’arme automatique ont aussi été entendus le quartier de Salaheddine, dans l’ouest, bastion rebelle où un commandant insurgé a été tué, et dans le quartier de Bab Al-Nairab, dans le centre, où un civil a été tué par un tireur embusqué. Depuis le début de la journée, 28 personnes ont tuées à travers la Syrie, dont 21 civils et huit rebelles, selon l’OSDH.
L’armée a achevé l’envoi d’importants renforts à Alep, théâtre d’affrontements depuis le 20 juillet. "Tous les renforts sont arrivés et encerclent la ville. L’armée est désormais prête à lancer l’assaut décisif, mais elle attend les ordres, a affirmé une source de sécurité. Cependant la guerre risque de durer, car il va y avoir des batailles de rue pour déloger les terroristes." Selon un responsable de la sécurité, au moins 20 000 militaires ont été déployés sur le front d’Alep, où les rebelles comptent pour leur part entre 6 000 et 8 000 hommes, d’après le journal Al-Watan, proche du pouvoir.
Dans une interview à la radio Europe 1, Bassma Kodmani, responsable des relations extérieures du CNS a assuré qu’un "carnage" était annoncé à Alep. "Aujourd’hui, attendre une solution militaire, c’est catastrophique", a-t-elle assuré.
LA RADIO-TÉLÉVISION SYRIENNE CIBLÉE
Un attentat à la bombe a secoué lundi matin le bâtiment de la radio-télévision syrienne à Damas, principal outil de propagande du régime, faisant un nombre indéterminé de blessés, a déclaré le ministre de l’information syrien, Omrane Al-Zohbi. "Une bombe a explosé au troisième étage du bâtiment de la radio-télévision syrienne faisant des blessés", a précisé le ministre. L’explosion a eu lieu dans les bureaux de la direction générale, qui n’a pas interrompu les programmes. Le bâtiment se trouvant dans un quartier ultraprotégé de la capitale.
"Cet attentat montre combien sont vils ceux qui appuient les groupes conspirant contre la Syrie. Ils se trouvent au Qatar, en Turquie, en Arabie saoudite ou appartiennent au Mossad" (israélien), a dénoncé Omrane Al-Zohbi. La chaîne officielle d’information en continu Al-Ikhbaria a montré le ministre de l’information inspectant le troisième étage. Les murs sont éventrés, les chaises renversées, des fils électriques pendent du plafond, des canalisations d’eau rompues, alors que des secouristes évacuent un blessé.
Ce n’est pas la première fois que la télévision officielle est visée par une attaque. Les rebelles avaient attaqué sans succès samedi le bâtiment de la télévision d’Etat à Alep, et, le même jour, l’Observatoire syrien des droits de l’homme confirmait qu’un présentateur de la télévision Mohammad Al-Saïd, enlevé à la mi-juillet à son domicile à Damas, a été exécuté.
UNE QUARANTAINE DE CIVILS "MASSACRÉS" À HAMA
Le Conseil national syrien (CNS) a accusé lundi l’armée du président Bachar Al-Assad d’avoir commis un "massacre" ayant fait une quarantaine de victimes dans une localité de la province de Hama, dans le centre du pays. Selon le CNS, principale coalition de l’opposition, ce massacre commis à Harbnafsa, 8 000 habitants, dans une province sunnite "s’inscrit dans le cadre d’un exil confessionnel" forcé. Le communiqué précise que les troupes ont d’abord pilonné la localité à l’aide de chars pendant plus de cinq heures, avant de la prendre d’assaut, faisant une quarantaine de morts et quelque 120 blessés graves.
Le CNS accuse les forces de sécurité et les "chabbihas", les nervis du régime, venus de villages voisins, d’avoir pourchassé les fuyards à l’aide d’armes à feu et d’armes blanches. L’opération se poursuivait encore lundi matin, s’étendant à d’autres localités de la province, selon le CNS, qui a dénoncé une "boucherie" visant, selon lui, à provoquer un "exil confessionnel clair". De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a fait état de 11 civils tués dans un assaut des forces du régime sur cette localité.
UNE SITUATION FIGÉE AVANT L’OFFENSIVE
"La mission actuelle [de l’armée] consiste (...) à resserrer l’étau et à renforcer le contrôle des entrées de la ville afin d’empêcher [les rebelles] de fuir", selon ce quotidien qui affirme que des "centaines de terroristes ont été tués" à Alep. Les rebelles disent tenir la moitié de la ville et affirment que, malgré les bombardements, par l’artillerie et l’aviation, les soldats ne parviennent pas à avancer au sol.
Selon des journalistes de l’AFP sur place, dimanche, la situation semblait figée. L’Armée syrienne libre (ASL) et les troupes régulières s’affrontent certes violemment à Salaheddine, mais chacun attend encore la grande offensive. Sur l’autre grand front du conflit, celui de Damas, l’armée a affirmé samedi contrôler totalement la capitale après avoir repris le quartier de Tadamoun. Trois officiers des services de renseignement politique dans la capitale ont fait défection pour trouver refuge en Jordanie, a assuré à l’AFP Kassem Saad Eddine, porte-parole de l’ASL en Syrie.
QUARANTE-HUIT PÈLERINS IRANIENS ENLEVÉS
Selon Marwane Abdel Aal, de la section libanaise du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), les combats à Damas dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk ou autour a provoqué l’exode au Liban de 600 familles palestiniennes pendant le week-end.
François Hollande a annoncé, lundi soir, "le déploiement d’un groupement médico-chirurgical militaire français et l’envoi immédiat d’une équipe médicale à la frontière jordano-syrienne" pour venir en aide aux réfugiés syriens. "Les médecins et chirurgiens militaires, complétés de moyens civils, viendront en assistance aux victimes des combats et aux réfugiés, qui fuient en ce moment les zones de conflit en Syrie", a précisé l’Elysée dans un communiqué.
Dans la région de Damas, 48 pèlerins iraniens qui se rendaient en bus à l’aéroport ont été par ailleurs enlevés samedi. L’Iran a demandé à la Turquie et au Qatar, qui soutiennent les rebelles, d’intervenir pour les faire libérer. Les rebelles ont affirmé que parmi ces otages figuraient des membres des gardiens de la révolution, armée d’élite du régime iranien, selon une vidéo de la télévision satellitaire Al-Arabiya. Mais un responsable de l’opposition syrienne a accusé le groupe extrémiste sunnite iranien Jundallah, qui, selon lui, a "un discours religieux basé sur la haine des chiites et des alaouites", d’être derrière ce rapt et le meurtre de 15 partisans du régime à Yalda dans le sud de Damas.
Le vice-ministre des affaires étrangères iranien Hossein Amir Abdollahian, a démenti lundi que les Iraniens enlevés soient des militaires. "Tous les individus sont des pèlerins qui s’étaient rendus à Damas pour visiter les sites sacrés qui s’y trouvent, a déclaré M. Amir Abdollahian sur la chaîne de télévision de l’Etat. Cette opération était planifiée à l’avance et ceux qui l’ont fait veulent faire pression sur l’Iran pour qu’il arrête de soutenir le peuple syrien."
Des rebelles syriens ont annoncé, lundi, la mort de trois prisonniers iraniens lors d’un raid de l’armée de l’air dans la province de Damas. "L’une des maisons dans laquelle ils se trouvaient s’est effondrée sur eux", a expliqué un des insurgés à Reuters.
[Source : lemonde.fr]