Deux ans, ça suffit ! Déjà deux ans que s’est déclenchée la révolution syrienne et que la sanglante répression a commencé à s’abattre. On n’avait peine à l’imaginer au départ, mais Bachar el Assad aura réussi à faire pire que son père, auteur du massacre de Hama, en 1982. On chiffre par dizaines de milliers les victimes de cette ville qui avait le malheur d’héberger une opposition djihadiste qui se défendit si bien qu’Hafez, le père de Bachar, n’avait trouvé d’autre solution que de détruire la ville.
Depuis deux ans, la révolte étant générale, ce sont toutes les villes de son pays que Bachar détruit, une par une, et plusieurs à la fois. Mais cela fait un peu plus de six mois, depuis le cœur de l’été dernier, que le régime syrien a fait monter de plusieurs crans le niveau de sauvagerie adopté en son temps par Hafez-el-Assad, en faisant intervenir l’aviation contre les populations.
On ne dit pas assez qu’une telle chose est sans précédent. S’il est arrivé souvent dans l’histoire moderne que des armées répriment des révolutions, jamais aucun État n’avait conçu à ce jour de détruire son pays et sa population en les bombardant du ciel... On atteint là le paradoxe de Brecht, où il ne resterait d’autre solution que de dissoudre le peuple… Pol Pot avait vidé les villes, Bachar les détruits.
Or, depuis que Bachar bombarde son peuple, la communauté internationale multiplie les contorsions pour éviter d’intervenir.
Pourtant dès le mois d’août [voir nos articles de l’époque dans le dossier "révolution syrienne", l’affaire était claire, et ça n’a pas changé : pour empêcher qu’une aviation s’en prenne à des civils, il faut interdire à ses avions de décoller. Cela s’appelle en anglais une "no fly zone", et en français une "zone d’interdiction aérienne". De Washington à Paris en passant par Londres, les trois pays qui pourraient prendre cette décision à tout moment, ont tout fait depuis plus de six mois pour contourner le sujet.
Il n’y a pas besoin d’expertise militaire pour comprendre qu’afin d’appliquer une telle interdiction aérienne, il suffit de placer au large des côtes syrienne un porte avions ou quelqu’autre bateau équipé de missiles ayant une portée suffisante pour atteindre le ciel de Syrie.
Voilà qui ne coûterait pas bien cher… Et ne serait pas si difficile à mettre en œuvre…
Au lieu de quoi, il n’est question depuis deux ans que d’aide humanitaire. De ce point de vue le bilan est encore plus calamiteux, si possible. Surtout pour les zones rebelles… Car l’aide est donnée, en fait au Croissant rouge syrien, c’est-à-dire à Assad. Le nouveau secrétaire d’état américain, John Kerry, commence à parler ces jours-ci d’acheminer de l’aide humanitaire en zones libérées… Il serait temps !
Mêmes les réfugiés, au Liban, en Turquie ou en Jordanie, ne sont que très médiocrement pris en charge, quand il ne se retrouvent pas parqués dans des camps dans le désert, comme en Jordanie. Laurent Fabius ou Hillary Clinton n’auront pas manqué de visiter, tour à tour, ces régions frontalières pour s’inquiéter de ce problème humanitaire – sans grand effet. On voudrait punir le peuple syrien de s’être révolté qu’on ne ferait pas autrement.
Aussitôt que les avions de Assad ont commencé à s’en prendre à Alep, ce mois d’août, la réponse aura été en fait explicite en plaçant la "ligne rouge" au-delà de laquelle il y aurait intervention : la communauté internationale n’interviendrait que si l’armée syrienne avait recours aux armes chimiques. Autrement dit : tant qu’il n’était pas fait recours aux armes chimiques, il n’y avait rien à redire aux bombardements de population…
En fait, cette "ligne rouge" n’était pas vraiment formulée contre Assad, mais plutôt… contre les révolutionnaires… Ainsi, a été préparée dans le détail l’éventualité de faire intervenir les forces spéciales… si l’opposition approchait des stocks d’armes chimiques...
Pour ajouter au scandale, depuis plusieurs mois maintenant, les rapports se multiplient pour dire qu’il y a bien utilisation d’armes chimiques contre les populations, et on a même pu en recenser les séquelles sur nombre de réfugiés au Liban. Quant à la fameuse "ligne rouge" de Barack Obama, reprise en chœur alors par ses comparses occidentaux, elle est simplement oubliée, et on préfère s’inquiéter, à raison, de ce qu’en plus Bachar recourt aux armes à sous-munitions, également prohibées internationalement, mais non concernées par cette "ligne rouge" qu’on semble si peu déterminé à faire respecter par Assad.
Mieux : alors qu’il est question d’un changement de politique, annoncé par John Kerry lors de son passage à Paris fin février, et alors que ces derniers jours anglais et français ont rivalisé pour dire qu’ils pourraient même envoyer des armes à l’opposition, on apprend que la CIA étudie l’utilisation de drones contre… les islamistes qui combattent Assad…
Il y a quelques mois, lors d’une tournée en Turquie, Hillary Clinton pouvait annoncer l’installation – par l’Allemagne, pour l’OTAN – de batteries de missiles à la frontière syrienne, mais celles-ci ne sont là qu’à des fins exclusivement "défensives", pour protéger le territoire turc d’éventuels débordements du conflit syrien… Ainsi, aura été en fait installé, et susceptible d’être opérationnel à tout moment, le dispositif qui pourrait interdire à Assad l’usage de l’aviation. Mais on annonce haut et fort qu’il est hors de question de l’employer à cette fin, et de fait on s’en garde bien.
Au passage, la secrétaire d’état donnait ses instructions pour qu’on coupe les voies d’approvisionnement des rebelles... Ce qui aura été le principal soucis de l’administration d’Obama depuis le début.
On apprend que cette politique cynique qui a consisté en un abandon total du peuple syrien depuis deux ans aurait été l’affaire personnelle du Président, Barack Obama ayant pris de lourdes responsabilités dans ce dossier, et on suppose que cela pourrait être l’arrivée de John Kerry aux affaires étrangères qui expliquerait l’évolution de ces derniers jours.
Tout d’un coup serait apparu que cette politique d’embargo adoptée y compris par l’Union européenne, en plus d’avantager évidemment Assad, aura profité en fait… aux islamistes, qui bénéficient de leurs propres réseaux d’approvisionnement, au détriment des forces laïques et démocratiques qui animent ce soulèvement depuis son origine. C’est ce qui expliquerait en partie la surreprésentation des "djihadistes" en première ligne, dans la bataille rangée que l’Armée syrienne de libération livre contre les forces gouvernementales, ville par ville.
L’embargo décrété contre les islamistes aura en fait bénéficié aux islamistes. Bravo.
Islamistes ou pas, depuis deux ans, la Syrie est devenu un champ de ruines où pullulent les bandes armées. Aujourd’hui, ouvrir cet approvisionnement des insurgés ne peut qu’être une bonne chose, plutôt que la scandaleuse politique inverse mise en œuvre jusque-là, mais cela n’oriente pas non plus vers une issue rapide, ni vers un après-guerre sans risques.
Surtout, il est très douteux que cela fasse basculer le rapport de force, Assad disposant d’une puissance de feu incomparable à celle de ses opposants. Tant qu’il aura tanks et avions, on pourra toujours faire mine d’équiper l’opposition, cela ne tend qu’à "ajouter de la guerre à la guerre", comme cela a été dit par des partisans d’une non intervention encore plus criminelle.
On évoque la possibilité de fournir l’opposition de missiles sol-air… C’est évidemment ce qu’il y aurait de mieux à faire et ce qu’il fallait faire depuis plus de six mois. Si une telle fourniture était sérieusement mise en place, elle pourrait éventuellement changer la donne. Mais on est en droit de douter que cela soit effectivement fait, et de façon efficace, dans un délai rapproché. Il faut les acheminer, ces missiles, identifier à qui on les remet, et fournir en même temps une assistance technique… C’est faisable, mais ça n’est pas tout simple.
Au lieu de quoi, quelques missiles lancés du Charles de Gaulle, un seul même, qui abattrait un mig syrien au décollage, voilà qui calmerait sérieusement les choses. Non ?
C’est en tout cas en ce sens qu’il faut peser : pour une intervention efficace.
Aujourd’hui, hormis le déplacement de bateaux munis de missiles adéquats, il y a aussi l’emploi des batteries de missiles à la frontière turque, qui pourraient intervenir efficacement à tout moment. Mais de qui cela dépend-il ? De l’Allemagne ? De l’OTAN ? De Washington ? Du gouvernement turc ? Il faudrait vraisemblablement que tous ces acteurs se mettent d’accord…
C’est pourquoi la France est certainement le pays qui a la plus grande marge d’autonomie politique pour agir. Il n’est pas exclu qu’elle entraîne sans trop de difficultés le gouvernement anglais. On aura noté d’ailleurs que David Cameron s’est même exprimé avant François Hollande, pour aller dans le sens d’un engagement.
Ajoutant ces jours-ci de la barbarie à l’horreur, voilà que l’État syrien engage une nouvelle épreuve de force à Alep, où la guerre fait rage depuis plus de six mois. Cette fois, avec l’objectif déclaré de chasser les "6 à 8000 terroristes" de l’Armée syrienne libre, les bombardements visent y compris les bâtiments officiels – pour empêcher les insurgés de les prendre… Or ceux-ci se trouvent bien souvent abrités dans de très vieilles demeures qui sont les plus précieux joyaux de la mémoire architecturale de l’humanité.
Assad, c’est Thiers bombardant le Louvre et Notre-Dame. Ça suffit !
Paris s’éveille
Manifestation pour la Syrie : « Bachar casse toi, la Syrie n’est pas à toi »
16 mars 2013
Une nouvelle manifestation a dénoncé le régime de Damas, ses « massacres infinis » et l’inaction des Nations unies, samedi à Paris lors du deuxième anniversaire du déclenchement de la guerre civile en Syrie.
« Bachar, casse toi, la Syrie n’est pas à toi », ont scandé les deux cents à trois cents manifestants – estimation AFP – en quittant la place de la République avec des drapeaux syriens.
« Pourquoi le Conseil de sécurité des Nations unies et la conscience internationale se taisent-ils face aux massacres infinis du régime d’Al Assad ? », lisait-on sur une banderole sur un camion en tête du cortège.
Un manifestant a rendu hommage au photographe français Olivier Voisin, mort en février à 38 ans des suites de ses blessures reçues lors d’un reportage en Syrie, et aux « plus de 120 journalistes et photographes qui ont été tués » dans ce conflit avec un panneau : « L’œil de la vérité est immortel ».
Amnesty International, ainsi que des partis de la gauche française (Ecologiste, Nouveau parti anticapitaliste) ont pris part au cortège, 24 heures après une précédente manifestation à Paris où un millier de personnes avait dit « stop » aux massacres en Syrie.
Le conflit syrien, qui a débuté le 15 mars 2011, a fait 70.000 morts selon l’ONU. Pacifique pendant les premiers mois, le mouvement de révolte populaire contre Bachar-Al-Assad, s’est militarisé face à la répression sanglante du régime.
[Source : Libération]
http://www.france24.com/fr/20130315-paris-vague-blanche-syrie-deux-ans-revolution
Une vague blanche pour la Syrie
Selon les Nations-Unies, plus de 70 000 personnes ont été tuées, des dizaines de milliers d’autres ont été blessées, sont disparues ou emprisonnées, des milliers ont été victimes d’actes de torture, de mauvais traitements, de violences sexuelles, des millions ont été déplacées à l’intérieur et des centaines de milliers sont réfugiées à l’extérieur du pays.
Vendredi 15 Mars de 19h à 19h30h où que vous soyez, nous vous invitons à manifester pour dire “Stop” aux massacres en Syrie.
Sortez dans la rue, organisez des rassemblements, munis d’un tissu ou d’une feuille blanche siglé d’un STOP pour faire savoir au peuple syrien qu’il n’est pas seul.
Postez vos photos à l’adresse :
Propagez “Une vague blanche pour la Syrie” à travers le monde.
A Paris, rendez-vous place du Panthéon, à 19h précises.
En prélude à cette manifestation, découvrez les 20 films intitulés « 2′ pour la Syrie« , réalisés sous l’égide le la FIDH, diffusés sur les chaines nationales et internationales . Vingt personnalités y accompagnent de leur voix des images filmées par des citoyens syriens, souvent au péril de leur vie.
Plus nous serons nombreux plus notre action sera forte.
Ils nous ont prêté leur voix :
Robert Badinter -Yann-Arthus Bertrand – Julie Bertuccelli – Jane Birkin – Christian Boltanski – Jean-Claude Casadesus – François Cluzet -
Daniel Cohn-Bendit – Bertrand Delanoë – Catherine Dolto – Monseigneur Jacques Gaillot - Tony Gatlif – Anouk Grinberg –Stéphane Hessel – Noémie Kocher – Bernard Lavilliers – Emily Loizeau – Emel Mathlouthi – Sarah Moon - Michel Piccoli – Patti Smith – Lilian Thuram -
Ils participent :
AMNESTY INTERNATIONAL FRANCE, la FÉDÉRATION
INTERNATIONALE DES LIGUES DES DROITS DE L’HOMME (FIDH) HUMAN
RIGHTS WATCH, la LIGUE DES DROITS DE L’HOMME (LDH), L’ORGANISATION
MONDIALE CONTRE LA TORTURE (OMCT), L’ORDRE DES AVOCATS DE PARIS,
le RÉSEAU EURO-MÉDITERRANÉEN DES DROITS DE L’HOMME , CONSEIL DES COMMUNES ET RÉGIONS D’EUROPE (CCRE), SOURIA HOURIA, LA DÉCLARATION DE DAMAS, le COLLECTIF URGENCE SOLIDARITÉ SYRIE, L’APPEL D’AVIGNON, REPORTERS SANS FRONTIÈRES, LE COLLECTIF DU 15 MARS POUR LA DÉMOCRATIE EN SYRIE, L’ACTION DES CHRÉTIENS POUR L’ABOLITION DE LA TORTURE (ACAT), L’UNEF et LA CGT.
[Source : vagueblanchepourlasyrie.org]
La CIA envisage d’utiliser des drones pour liquider les islamistes syriens
16/03/2013
Selon le Los Angeles Times, la CIA est actuellement en train de recueillir des renseignements sur des islamistes radicaux en Syrie. L’objectif : les liquider par des frappes de drones, affirme le quotidien.
La CIA recueille actuellement des renseignements sur des islamistes radicaux en Syrie en vue de les liquider ultérieurement par des frappes de drones, rapporte vendredi soir le Los Angeles Times. Citant d’actuels et d’anciens responsables américains, ayant gardé l’anonymat, le quotidien indique que le président Barack Obama n’a pas encore autorisé des attaques de drones en Syrie, mais que le service de contre-terrorisme de la CIA y a récemment affecté plusieurs agents à la surveillance de militants extrémistes.
Les agents "chargés de les cibler" ont formé une unité avec leurs collègues ayant suivi les opérations menées par al-Qaïda en Irak. Certains éléments de l’organisation terroriste, croit-on savoir, auraient gagné la Syrie et rejoint les milices islamiques anti-gouvernementales, poursuit le journal. Les agents "chargés de cibler" la Syrie sont basés dans le quartier générale de la CIA à Langley, (Virginie), précise le journal.
La centrale américaine, selon le Times, maintient également des liens étroits avec les services de renseignement saoudiens, jordaniens ainsi qu’avec d’autres, actifs en Syrie. Les combattants islamistes jouent un rôle croissant dans la lutte contre les forces gouvernementales syriennes, indique le Los Angeles Times, ce qui a entraîné un regain d’intérêt à leur égard pour la CIA, ajoute le journal.
Le département d’Etat américain croit que l’une des plus puissantes milices syriennes de l’opposition, le Front Al Nusra Front, est une organisation terroriste qu’il est impossible de distinguer de l’organisation al-Qaïda en Irak, relève le Times.
[Source : l’express]
Pour ou contre la fourniture d’armes à l’opposition syrienne ?
Pierre Haski | rue89.com | vendredi 15 mars 2013
La volonté annoncée par la France et la Grande-Bretagne d’armer l’opposition au régime de Bachar el-Assad en Syrie ne fait pas l’unanimité. Plusieurs personnalités de l’opposition de droite et d’extrême droite ont exprimé des réserves ou carrément leur hostilité à cette mesure, évidemment dénoncée à Damas.
Ce tournant stratégique dans l’engagement des deux pays européens dans le conflit syrien pose de nombreuses questions.
En deux ans de soulèvement, depuis le 15 mars 2011, le conflit syrien a connu plusieurs phases :
• celle du soulèvement pacifique, violemment réprimé par l’armée syrienne ;
• celle de la protection armée des manifestations de l’opposition ;
• celle de la lutte armée à travers la constitution de l’Armée syrienne libre.
Les pays occidentaux ont progressivement accru leur engagement, passant de la condamnation verbale de la répression des premières manifestations, à un soutien politique à l’opposition syrienne et à un soutien logistique de plus en plus marqué à son action armée.
La fourniture d’armes plus sophistiquées, comme des missiles sol-air fréquemment cités, marquerait un nouveau pas dans cette escalade, sans toutefois aller jusqu’à un engagement militaire direct comme ce fut le cas en Libye en 2011.
Revue des arguments pour et contre cette décision.
1 Pour
Mettre fin au déséquilibre
C’est l’argument mis en avant, jeudi sur France Info, par Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française :
« On ne peut pas accepter qu’il y ait ce déséquilibre actuel avec d’un côté l’Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar et de l’autre des résistants qui ne peuvent pas se défendre. »
La France et la Grande-Bretagne demandent donc à l’Europe de « lever l’embargo sur les livraisons d’armes », imposé dès le début du conflit en 2011. A défaut d’un accord des partenaires de l’UE, la France et la Grande-Bretagne procèderont unilatéralement, a laissé entendre le ministre.
De fait, l’embargo prendrait fin le 31 mai si les 27 ne se mettent pas d’accord pour le prolonger, mais Paris et Londres souhaitent une décision plus rapide.
Le « déséquilibre » dont parle Laurent Fabius est toutefois en partie contrebalancé par les armes qui seraient fournies à la résistance par le Qatar, et, selon certaines informations, l’Arabie saoudite. Selon Der Spiegel, des résistants syriens seraient même formés à l’utilisation de ces armes par des instructeurs américains en Jordanie, même si officiellement Washington se refuse à armer directement les insurgés.
Cohérence avec la reconnaissance
La France a pris l’initiative de reconnaître la première la Coalition nationale syrienne (CNS) lors de sa création en novembre dernier, entraînant dans son sillage la plupart des pays occidentaux. Plus d’une centaine d’Etats reconnaissent désormais le CNS comme le représentant du peuple syrien, délégitimant ainsi le pouvoir de Bachar el-Assad.
Il y a quelque incohérence à reconnaître le CNS, et à ne pas lui donner les moyens de sa victoire.
C’est ce que ne cessent de proclamer les dirigeants de l’opposition syrienne, qui se sentent largement abandonnés par la communauté internationale.
Le chef du CNS, Ahmed Moaz al-Khatib, avait menacé de boycotter la réunion des Amis du peuple syrien le 28 février à Rome, et en avait été dissuadé par le secrétaire d’Etat américain John Kerry.
Accélérer la chute du régime pour limiter les souffrances
Après 70 000 morts, un million de réfugiés dont le nombre pourrait doubler ou tripler cette année selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés, après un long cortège d’exactions et de massacres, ne pas armer l’opposition signifie prolonger inutilement un conflit parmi les plus cruels.
La guerre de Syrie est en effet dans une phase où le régime dispose toujours, avec son armée, avec l’appareil d’Etat, avec le soutien d’une partie de la population et ses appuis internationaux (Russie, Iran, Hezbollah libanais...), de la capacité de se maintenir au pouvoir, sans pour autant pouvoir écraser le soulèvement.
A l’opposé, la résistance syrienne gagne du terrain, contrôle des zones entières du territoire, mais n’a pas les moyens de porter un coup fatal au régime baassiste. La fourniture d’armes, en particulier de missiles sol-air permettant de neutraliser la supériorité aérienne du pouvoir, lui permettrait de changer d’échelle et sans doute de l’emporter dans cette guerre ravageuse.
Les partisans de la fourniture d’armes à la résistance font également valoir que ce renforcement de l’opposition pourrait favoriser la quête d’une solution politique, comme le déclarait jeudi le porte-parole du Quai d’Orsay :
« Ça ne veut pas dire du tout que nous abandonnons la solution politique mais Bachar el-Assad ne veut pas du tout bouger parce qu’il pense avoir la supériorité permanente par les armes. En fait, lever l’embargo est un des seuls moyens qu’il reste pour faire bouger politiquement la situation. »
2 Contre
Ajouter de la guerre à la guerre
La première des objections à la décision de fournir des armes à la résistance syrienne est qu’elle constitue une escalade qui génèrera plus de combats, plus de souffrance, plus de victimes, et appellera d’autres escalades si celle-ci ne suffit pas.
C’est le point de vue de Claude Guéant, l’ancien ministre de l’Intérieur, sur BFM-TV :
« C’est une horreur totale. Mais si nous livrons des armes, il y aura encore plus de morts. Mes considérations sont strictement humanitaires. »
D’autant que de nombreux Syriens, y compris dans l’opposition, estiment aujourd’hui que, même en cas de départ de Bachar el-Assad dans les prochains mois, les combats continueraient en raison de la nature en partie communautaire des affrontements actuels.
Dans un tel contexte, les armes livrées aujourd’hui contre Assad, seront celles de la guerre civile de demain.
Dans quelles mains finiront ces armes ?
C’est l’argument qui, jusqu’ici, avait le plus de poids dans les hésitations des Occidentaux, tant à Washington qu’en Europe.
La crainte est de fournir des armes à une Armée par définition moyennement structurée, avec le risque que ces armes se retrouvent dans d’autres mains, celles des groupes jihadistes qui ont convergé sur la Syrie pour ouvrir un nouveau front dans un combat qui n’est, évidemment, pas celui que veulent aider Paris et Londres.
Dans cette crainte, il y a le précédent de l’Afghanistan, avec la fourniture de missiles sol-air Stinger américains à la résistance afghane dans les années 80, qui se sont retrouvés dans les mains des groupes les plus durs, devenus violemment antiaméricains une fois les Soviétiques partis.
Il y a également le cas plus récent encore de la Libye, avec l’arsenal libyen qui s’est retrouvé dans la nature lors de la défaite de Kadhafi, et dont on retrouve les traces jusqu’au nord du Mali parmi les jihadistes combattus par l’armée française.
Ces groupes jihadistes, dont certains sont liés à Al Qaeda, sont minoritaires dans la lutte armée de Syrie, mais ils existent, et comptent dans leurs rangs des combattants étrangers. Leur importance ne doit pas être exagérée, mais leur existence ne peut non plus être niée, pas plus que le risque qu’ils font peser sur l’après-Assad.
« La France est une nation souveraine, madame », a répondu Laurent Fabius à la journaliste de France Info qui l’interrogeait sur l’éventualité d’un refus des 25 autres pays de l’Union européenne de lever l’embargo imposé dès 2011, comme le lui demandent la France et la Grande-Bretagne. L’unanimité est requise pour une telle décision.
Cette phrase contient en elle toute l’arrogance française telle qu’elle est régulièrement perçue par ses partenaires. La France se veut l’un des principaux partisans d’une politique étrangère et de sécurité commune en Europe, mais la première aussi à en miner la progression par ses pratiques unilatérales d’ancien empire.
Ceux qui avaient critiqué l’action de Nicolas Sarkozy en Libye, allant au-delà de l’esprit et de la lettre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, pourraient bien être en train de faire la même chose en Syrie. Au nom des mêmes principes humanitaires et de l’efficacité politique.
[Source ; rue89]
Hollande et Cameron veulent armer les rebelles : dangereux pour 3 raisons
Par Zobel Behalal - CCFD-Terre Solidaire
La France et la Grande-Bretagne souhaitent armer les rebelles syriens contre Bachar al-Assad, en dépit de l’embargo européen. Alors que le Traité sur le commerce des armes doit être négocié à l’ONU dans les prochains jours, Zobel Behalal, spécialiste de régulation des armes, s’alarme de cette position.
Deux ans après le début de la révolte en Syrie, nul ne peut nier la nécessité d’agir pour sauver les populations qui paient le prix fort de la guerre civile. Mais en proposant de fournir des armes aux combattants rebelles contre l’avis de leurs pairs européens, François Hollande et David Cameron, se livrent à un jeu dangereux pour trois raisons.
1. La première, que j’analysais déjà en novembre dernier, concerne les garanties nécessaires sur l’utilisation responsable du matériel, qui doivent précéder toute décision en la matière. Or, aujourd’hui, nous ne disposons pas de la part des gouvernements britannique et français, d’informations précises sur la maîtrise du risque de détournement de ces armes. Ce risque est pourtant réel au vu du caractère hétérogène de l’armée libre syrienne et de son infiltration par des éléments extrémistes. Par ailleurs, comme nous l’a enseigné l’exemple libyen, après la bataille, les armes acheminées par la France aux rebelles, ont ensuite participé à la déstabilisation de la zone sahélienne.
2. La deuxième raison est liée à la menace brandie par les deux dirigeants, de violer l’embargo européen. C’est sans nul doute un moyen de pression pour forcer la main aux autres responsables européens, mais c’est surtout un mauvais coup à la crédibilité politique de l’Europe. La décision d’imposer un embargo sur les armes vers la Syrie était salutaire. La France et la Grande-Bretagne ont eu raison de la soutenir. Aucun pays n’a le droit de le violer aujourd’hui car cela entraînerait des conséquences dangereuses pour le futur. En effet, l’embargo sur les armes est un recours utile dans des situations de conflit armé. Ce serait un précédent dangereux. En revanche, François Hollande et David Cameron devraient, encore plus qu’aujourd’hui, s’employer à promouvoir l’embargo à tous les pays membres des Nations unies. La Russie en premier lieu.
3. La troisième raison renvoie au mauvais signal que Français et Britanniques donnent 72 heures seulement avant l’ouverture des négociations onusiennes pour un Traité international sur le commerce des armes (TCA) à New York. Le TCA en discussion, a pour pilier l’obligation d’évaluer les risques de tout transfert d’armes et de l’empêcher s’il peut contribuer à la déstabilisation régionale ou tomber entre les mains d’utilisateurs irresponsables. Il doit aussi obliger les États à respecter scrupuleusement les embargos régionaux ou internationaux sur les armes. Par leurs sorties sur le dossier syrien, la France et la Grande-Bretagne qui sont pourtant au sein des Nations unies des défenseurs du TCA, prennent le risque de fragiliser ces négociations. Des opposants affichés à ce traité, tels que l’Égypte, l’Iran, Cuba ou encore le Vénézuela, pourront s’interroger ouvertement sur la pertinence de prôner des obligations que l’on ne respecte déjà pas.
Avant de me rendre au siège des Nations unies à New York pour porter les propositions de la société civile, je m’interroge donc sur ces déclarations qui trahissent avant tout une impuissance politique sur la guerre en Syrie. La communauté internationale dotée d’un Traité sur le commerce des armes disposerait enfin d’un mécanisme utile capable de mettre fin aux livraisons d’armes au régime syrien. C’est cette exigence de résultats que le CCFD-Terre Solidaire et les autres membres de la plateforme française "Contrôlez les armes", ont exposé la semaine dernière, à Laurent Fabius lors d’une rencontre en préparation de ces négociations internationales.
[Source : nouvelobs]
"John Kerry est plus disposé à faire pression sur la Maison Blanche"
Deux ans après le début du conflit en Syrie, la position de Washington à l’égard de la rébellion syrienne évolue. L’arrivée aux affaires de John Kerry n’y est pas étrangère. Entretien avec Steven Heydemann, spécialiste américain de la Syrie.
Alors que le conflit syrien entre dans sa troisième année, Paris et Londres ont annoncé vouloir lever l’embargo européen sur les livraisons d’armes aux rebelles. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne vont en débattre la semaine prochaine.
Côté américain aussi, il semble que la position quant à un soutien aux rebelles évolue. Les États-Unis ont annoncé vendredi qu’il serait dorénavant permis aux Américains d’envoyer de l’argent aux groupes rebelles syriens.
Cette décision intervient une semaine après la première tournée internationale du nouveau secrétaire d’État, John Kerry, durant laquelle il a exprimé le soutien des États-Unis aux pays arabes qui fournissent des armes aux forces opposées au régime de Bachar al-Assad.
Washington s’était montré jusqu’alors fermement opposé à l’idée d’une rebéllion armée face au régime syrien.
Il a également annoncé le lancement d’un programme américain destiné à fournir de la nourriture et une assistance médicale directement aux rebelles.
FRANCE 24 a interrogé Steven Heydemann, de l’USIP (Institut des États-Unis pour la paix, apolitique), afin de comprendre pourquoi et comment Washington s’apprête à soutenir plus directement les rebelles syriens. Cet expert de la Syrie travaille en relation avec le Département d’État et des membres de l’opposition syrienne afin de gérer – selon ses mots – "les défis de la transition syrienne".
• Alors que le sujet a longtemps été tabou, la Maison Blanche accepte maintenant que certains groupes rebelles reçoivent des armes de pays tiers. Comment expliquez-vous cette évolution ?
Steven Heydemann : Depuis longtemps, les États-Unis sont réticents à l’idée d’armer l’opposition syrienne. Pendant une grande partie de l’année 2012, l’administration américaine s’est même efforcée de bloquer au maximum les livraisons d’armes de pays tiers aux rebelles. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, même si elle n’est pas encore prête à endosser le rôle de celui qui gèrerait le flot d’armes en direction de la Syrie.
Il est maintenant évident que si la Maison Blanche veut réellement créer les conditions pour des négociations à propos de l’avenir de la Syrie, elle doit changer de politique. Elle doit d’abord démontrer au régime d’Assad que les États-Unis sont prêts à soutenir les rebelles, même par un soutien non-létal. Elle doit aussi prouver à la Russie (qui est avec l’Iran le principal soutien du régime syrien, NDLR) que son soutien continu au régime d’Assad ne va pas rester sans conséquences.
L’objectif final de la politique américaine en Syrie est de créer les conditions nécessaires pour amener à des négociations entre l’opposition et certains éléments du régime – pas Assad lui-même – afin d’obtenir une transition d’un régime autoritaire vers une démocratie. Je pense que l’administration américaine est maintenant consciente que le seul moyen de modifier l’équilibre est de mettre la pression sur le régime syrien afin qu’il sente que sa défaite est possible et sa survie menacée.
• Dès le début du conflit syrien, l’ancienne secrétaire d’État, Hillary Clinton, avait fait pression sur Obama afin d’armer les rebelles syriens mais il avait refusé et celle-ci s’était inclinée. Est-ce que l’arrivée de John Kerry au secrétariat d’État change la donne ?
S. H. : Clinton sentait qu’il était important pour elle, et pour le département d’État, de travailler en coopération étroite avec la Maison Blanche, sans s’opposer frontalement à Obama. En effet, elle avait été nommée à cette fonction après une campagne durant laquelle elle et Obama s’étaient durement affrontés (les primaires présidentielles du parti démocrate en 2008, NDLR). Si elle avait défendu une position plus ferme face à Obama, cela aurait pu conduire à une rupture entre la Maison Blanche et le département d’État. Cependant, pendant le mandat de Clinton, les États-Unis ont échoué à obtenir une quelconque avancée en Syrie et la frustration s’est accentuée.
Aujourd’hui, le nouveau secrétaire d’État est plus disposé à faire pression sur la Maison Blanche afin de faire évoluer la position américaine sur la Syrie et trouver les moyens de développer une action diplomatique dans ce pays. Kerry est une personne très autonome, qui a derrière lui une longue carrière au Sénat, une énorme expérience en politique internationale et une connaissance profonde du dossier syrien. Donc oui, je pense que le fait que Kerry dirige le secrétariat d’État n’est pas étranger au changement d’orientation de Washington.
• L’année dernière, les États-Unis craignaient que des armes livrées aux rebelles atterrissent dans les mains d’extrémistes. Début mars, Kerry affirmait, en Arabie saoudite, que les rebelles syriens étaient désormais capables de s’assurer que les armes leur parvenaient effectivement. D’où vient cette confiance ?
S. H. : Kerry a reçu l’assurance par des officiels saoudiens qu’ils contrôlent la distribution des armes livrées aux rebelles. Selon moi, il se rend compte aussi qu’il existe déjà un vaste flot d’armes en direction des extrémistes syriens et que les rebelles modérés se trouvent en situation de faiblesse à cause des difficultés qu’ils rencontrent à se procurer des armes. Notre crainte que des armes puissent tomber dans de mauvaises mains a finalement défavorisé les modérés. L’embargo sur les livraisons d’armes aux rebelles a été ainsi contre-productif face aux objectifs américains à long-terme en Syrie.
• Pendant sa tournée officielle, Kerry aurait déclaré à des interlocuteurs que les États-Unis n’étaient plus complètement opposés à l’idée d’armer directement les rebelles dans le futur. Que faudrait-il pour qu’ils franchissent effectivement le pas ?
S. H. : Cela serait en théorie possible si Washington pouvait s’assurer que les livraisons d’armes ne posent pas un risque de prolifération et qu’elles ne tombent pas aux mains de groupes qui pourraient les utiliser contre Israël.
Mais pour l’instant, les États-Unis peuvent déjà continuer à employer des moyens autres qu’un envoi direct d’armes, comme l’entraînement des rebelles ou la fourniture de renseignements.
[Source : France24]
Syrie : Hollande veut une levée de l’embargo sur les armes avant "fin mai"
15.03.2013
Le président français, François Hollande, a souhaité vendredi 15 mars que les Européens prennent "dans les prochaines semaines" une décision sur la levée de l’embargo sur la fourniture d’armes aux forces d’opposition syriennes.
"Des armes sont livrées par des pays, dont la Russie, à Bachar Al-Assad et son régime. Nous devons en tirer toutes les conclusions et l’Europe doit prendre sa décision dans les prochaines semaines", a déclaré M. Hollande devant la presse à l’issue du sommet européen.
Plus tôt, le président du Conseil européen, Herman Von Rompuy a annoncé l’examen "urgent" de la situation lors de la réunion des ministres des affaires étrangères prévue les 22 et 23 mars à Dublin, comme le rapporte Philippe Ricard, du bureau européen du Monde à Bruxelles.
Selon M. Hollande, les Européens auront "peut-être une décision à prendre" avant la fin du mois de mai, date à laquelle le régime de sanctions contre la Syrie doit être abandonné ou prolongé, car "la situation évolue" sur le terrain.
Mais si la France et le Royaume-Uni ont déclaré être en faveur d’une levée de l’embargo, de nombreux pays du Nord comme la Suède, la Finlande et l’Autriche se sont déclarés contre la levée de l’embargo, comme le note Philippe Ricard.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a plaidé la prudence. "Nous devons faire attention" à ce que le régime "ne reçoive pas encore plus d’armes de la part de pays" qui le soutiennent, a-t-elle dit jeudi soir.
M. Hollande a répondu en prévenant que "le plus grand risque, c’est l’inaction". "C’est en prenant une décision qu’on réduit les risques. Sur les armes, mieux vaut les contrôler que de les laisser circuler, ce qui est le cas aujourd’hui", a-t-il ajouté.
[Source : Le Monde]
Livraison d’armes à l’opposition syrienne : la France prête à agir seule
14.03.2013
La France est prête à "prendre ses responsabilités" et n’exclut pas de livrer des armes à l’opposition syrienne, si elle ne parvient pas à convaincre ses partenaires européens, a affirmé jeudi 14 mars François Hollande.
"Nous avons comme objectif de convaincre nos partenaires à la fin du mois de mai, et si possible avant. Nous allons employer notre sens de la diplomatie. Si d’aventure, il devait y avoir un blocage d’un ou deux pays alors la France, elle, prendrait ses responsabilités", a déclaré M. Hollande à l’issue de la première journée du sommet européen à Bruxelles.
Les 27 ont décidé fin février de proroger les sanctions contre la Syrie, dont l’embargo sur les armes, pour trois mois jusqu’à la fin du mois de mai. Les Européens ont toutefois levé les restrictions sur la fourniture d’équipements non-létaux et sur l’assistance technique "pour aider l’opposition et protéger les civils".
"Pour le moment, malgré toutes les pressions, les solutions politiques ont échoué" en Syrie, a souligné M. Hollande, à la veille du deuxième anniversaire du déclenchement de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad. "Nous devons aller plus loin car depuis deux ans, il y a de la part de Bachar al-Assad la volonté claire d’utiliser tous les moyens pour frapper son propre peuple", a-t-il indiqué.
Selon l’ONU, le conflit a fait plus de 70 000 morts. L’opportunité de lever l’interdiction de fournir des armes à la Syrie fait l’objet de fortes divergences au sein des 27, plusieurs pays ayant mis en garde contre le risque d’une militarisation accrue du conflit, au détriment de la recherche d’une solution politique.
Pour Laurent Fabius, il faut avancer en Syrie
Dans une tribune publiée jeudi dans Libération, Laurent Fabius écrit : "Le processus politique risque de rester bloqué si la situation sur le terrain n’évolue pas. Or, à ce stade, le combat du peuple syrien pour la liberté est terriblement inégal."
"Pour qu’une solution politique prenne réellement corps, la coalition ne peut pas continuer à se battre à armes inégales. En ce deuxième anniversaire, nous devons tirer toutes les conséquences de cette situation."
"Il nous revient d’aider par tous les moyens la coalition, son état-major et l’Armée syrienne libre (ASL). Sinon, la tuerie continuera, sans autre issue probable que le renforcement des groupes les plus extrémistes et l’effondrement de la Syrie. Avec des conséquences ravageuses pour ce pays et toute la région."
[Source : Le Monde]
Cameron envisage de fournir des armes à l’opposition syrienne
12.03.2013
Le premier ministre britannique, David Cameron, a confirmé, mardi 12 mars, que son pays pourrait se désolidariser de l’embargo de l’Union européenne en cours en fournissant des armes à l’opposition syrienne afin de contribuer au départ du président Bachar Al-Assad.
A l’occasion d’une audition devant une commission parlementaire à Londres, le chef du gouvernement britannique a déclaré qu’il préférerait agir solidairement, dans le cadre d’une "approche européenne", pour une levée d’embargo sur les armes destinées à l’opposition. "Nous n’avons pas encore pris la décision" de livrer des armes, mais si l’Union européenne – divisée sur la question – renonçait à armer l’opposition syrienne, "il n’est pas impossible que nous procédions comme bon nous semble", a-t-il dit.
"C’est possible. Nous sommes encore un pays indépendant, nous pouvons avoir une politique étrangère indépendante", a-t-il insisté. "Si, par exemple, nous avions le sentiment qu’il convient de passer à l’action pour contribuer au changement en Syrie, pour aider à mettre un terme à ce bain de sang épouvantable, et si nous avions le sentiment que nos partenaires européens nous freinaient, alors nous devrions réviser notre approche."
Une hypothèse dénoncée mercredi 13 mars par le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, qui laisse entendre que Londres pourrait contourner l’embargo européen sur les livraisons d’armes à la Syrie. "Je pense que le droit international stipule que cela n’est pas possible et je pense qu’armer l’opposition est une infraction au droit international", a ainsi déclaré M. Lavrov, lors d’une conférence de presse, à Londres.
En février, les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne, divisés sur le bien-fondé du maintien de l’embargo, l’avaient assoupli en autorisant la livraison aux opposants de matériel non létal. Londres a peu après annoncé l’envoi de véhicules et de gilets pare-balles aux rebelles. Tout comme Londres, Paris et Rome envisagent la livraison d’armes à l’opposition, mais plusieurs pays dont l’Allemagne hésitent à franchir le pas.
[Source : Le Monde]