Le monde.fr révèle cet après midi que l’homme ayant reçu un coup de flashball hier, dimanche 12 décembre, est décédé aujourd’hui des suites de ses blessures.
Encore une victime de ces soi-disant armes « non létales », qui portent de nombreux sobriquets comme armes sublétales, incapacitantes, ou encore à létalité réduite (!), pour désigner ce qui est avant tout… une arme. Sur tout un tas de sites internet ventant l’utilisation de cette arme ou la vendant, on peut lire : « Le principe est simple : contrer un agresseur par K.O. technique, sans mettre systématiquement sa vie en danger ». Charmant, mais la police tend ces derniers temps à systématiser la mise en danger de la vie de ceux qui reçoivent une balle en caoutchouc en pleine tête, en plein cœur, ou encore 50.000 volts dans le thorax.
Il y a encore quelques jours, un homme est mort à la suite d’un coup de taser, ou plutôt trois coups de taser ; et bien qu’Hortefeux se fatigue à affirmer que le taser n’y est pour rien, permettez-nous de douter que trois fois 50.000 volts puise causer quelques dérangements dans le corps.
À Montreuil, plusieurs personnes ont perdu un œil suite à des tirs de flashball, en pleine tête évidemment.
L’ONU estime que l’utilisation du Taser X-26 est « une forme de torture », et Amnesty international dénonce des centaines de morts aux États-Unis suite à l’utilisation de l’arme à impulsion électrique : 334 décès recensés en 2008 ; dans la plupart des cas, le pistolet a été placé hors de cause, et l’on s’échine, comme Hortefeux, à trouver des causes parallèles comme la prise de drogue, et l’on semble oublier les faits : les personnes meurent après l’utilisation du taser !
La rhétorique autour du taser et du flashball ne tient pas ; ces armes peuvent tuer, comme toutes les armes, alors qu’un pistolet classique, lui, peut blesser sans tuer. Toutes les armes sont dangereuses. Les policiers sont évidemment tentés d’utiliser plus les armes dites non létales que les armes faites pour tuer ; seulement, les armes non létales tuent : il faut établir un moratoire d’urgence !
L’homme hospitalisé dans un état critique après avoir reçu un projectile de Flash-Ball, dimanche 12 décembre à Marseille, est décédé. L’individu, dont le nom n’a pas été dévoilé, était âgé de 40 ans. Il a été victime d’un arrêt cardiaque après une intervention policière dont le but était de régler un problème de voisinage.
A leur arrivée dans le 15e arrondissement de Marseille, l’homme a eu "une attitude extrêmement violente" à l’égard des trois policiers, selon le directeur départemental de la sécurité publique, Pascal Lalle. Il a blessé l’un d’eux en jetant une tasse en verre sur son crâne, refusant de se séparer d’un couteau avec lequel il avait déjà blessé un voisin. Le policier a alors riposté par un tir de Flash-Ball qui a atteint l’homme au thorax, provoquant un arrêt cardiaque. L’homme a ensuite été ranimé par les marins-pompiers de la ville avant d’être hospitalisé "dans un état critique", selon le parquet.
Une enquête a été confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) pour déterminer si le Flash-Ball a été utilisé conformément aux normes d’usage. Pour M. Lalle, la victime a été touchée à un endroit "où il est autorisé de tirer", précisant que le tir avait été effectué à "quelques mètres". Pour le syndicat Alliance, il ne fait pas de doutes que le policier a agi en "état de légitime défense".
Une autopsie doit avoir lieu "le plus rapidement possible" pour déterminer l’origine exacte de sa mort, a précisé à l’AFP le procureur de la République adjoint de Marseille, Jean-Jacques Fagni. Agé d’une quarantaine d’années, il était plongé dans le coma, avec le pronostic vital engagé, avait indiqué M. Fagni un peu plus tôt, ajoutant qu’il ne disposait pas à ce stade de "plus d’éléments sur les circonstances d’usage du flash-ball".
NÉCESSITÉ D’UNE UTILISATION "PROPORTIONNÉE"
Interrogé sur l’affaire, le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, s’est dit "enclin à la plus grande prudence". "J’ai encore en mémoire ce qui s’est produit il y a quelques jours : une personne qu’on avait présentée comme ayant décédé des conséquences d’un tir de [Taser] ; l’analyse médicale a montré que très certainement cela n’était pas le cas", a-t-il dit sur la chaîne iTélé. Le Parti communiste français a demandé "un moratoire de toute urgence" sur cette arme "soi-disant non létale", estimant que cette affaire "démontre […] que son utilisation peut être fatale".
Le Flash-Ball est une arme de quatrième catégorie, qui tire des balles de caoutchouc non perforantes. Selon la terminologie de l’administration française, le Flash-Ball est une arme sublétale ou incapacitante, c’est-à-dire non létale mais avec une puissance d’arrêt suffisante pour dissuader ou arrêter un individu. Ces balles, qui s’écrasent sur la personne visée sans théoriquement la blesser, "provoquent l’équivalent d’un KO technique", selon son fabricant, la société Verney-Carron. D’un calibre de 44 millimètres, elles sont de la taille d’une balle de jokari.
Cette arme est régulièrement critiquée depuis que la police de proximité y a eu accès, en 2002. En mai 2009, la direction centrale de la sécurité publique avait rappelé la proscription de viser "au niveau du visage ou de la tête" et la nécessité d’une utilisation "proportionnée". Son utilisation à courte distance a entraîné de graves blessures sur au moins sept personnes depuis que son utilisation a été généralisée au sein de la police. Au mois d’octobre, un lycéen de Montreuil âgé de 16 ans a eu de multiples fractures au visage et a été touché à un œil après avoir été atteint par un tir de Flash-Ball lors d’un blocus lycéen contre la réforme des retraites.
[Source : le monde.fr]