[ [ [ Mettre le désarmement nucléaire à l’ordre du jour ! - Yannis Lehuédé

Principal crime du pays des Droits de l’Homme, un jour le génocide des Tutsi fera peut-être pâle figure devant le crime que François Hollande commet en toute inconscience en maintenant la politique d’armement nucléaire française.

Barack Obama a appelé à un désarmement nucléaire, qu’il disait ne pouvoir faire seul, et pour lequel il y aurait bien eu besoin que de l’allié français. S’il ne fallait pas compter sur Sarkozy pour ça, il n’était pas interdit d’espérer que l’élu de la gauche, l’homme du "changement", vienne en renfort pour donner l’impulsion décisive et lancer l’indispensable politique de désarmement nucléaire qui doit s’imposer au monde entier avec détermination si on ne veut pas entraîner l’humanité dans une zone de risques inacceptables.

Car l’inverse de la dénucléarisation, c’est la prolifération, dans laquelle la France a déjà d’assez lourdes responsabilités [pour en faire le tour, il n’est pas inutile de lire le livre de Dominique Lorentz, Affaires atomiques, aux éditions des Arènes].

En 1995, lorsque Jacques Chirac à peine élu s’est obstiné, sous la réprobation universelle, à lancer un dernier programme d’expérimentations nucléaires – pour le cinquantième anniversaire d’Hiroshima –, il osait signifier que la France n’entendait aucunement tirer les conséquences de la fin de la guerre Froide – et continuerait à investir pour entretenir et développer l’arme nucléaire.

En 2012, en ayant fait du maintien des "deux composantes" de la "dissuasion" le soixantième point de son programme, et en paradant sur le sous-marin nucléaire d’attaque appelé le Terrible, François Hollande prend une responsabilité historique.

"De fait, vous auriez pu changer le cours de l’histoire. Vous ne l’avez pas fait", lui écrit Jean-Marie Matagne, après ses 42 jours de grève de la faim appelant à un référendum sur la question, qui serait la seule voie de sortie. Et ce serait la moindre des choses. Si l’Etat est assez fou pour prendre de telles options, qu’il soit tenu au moins de les soumettre au suffrage universel.

Si un peuple doit prendre la responsabilité de l’apocalypse nucléaire, qu’il le fasse clairement au moins, en toute conscience – et gageons que la conscience collective saura démentir l’inconscience au pouvoir, et rejeter ses choix suicidaires. Ne laissons pas l’ordre polytechnicien dicter son délire à l’humanité sans que personne n’ait son mot à dire en dehors de la caste technocratique qui gouverne.

Car, aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de la survie de l’espèce au long cours, mais de son existence immédiate. Le scandale est double désormais, avec les problèmes budgétaires dont tant d’Etats souffrent, qui imposent de toute urgence de sérieuses économies. Les besoins écologiques et sociaux sont chaque jour plus importants, et il n’y a qu’une solution : c’est la démilitarisation.

Et s’il est un élément, dans la fastueuse panoplie d’armements que se payent ces Etats en paix, dont ils peuvent se dispenser sans attendre, c’est bien de cette arme dont la destination est le "non-emploi"… Les militaires eux-mêmes le soulignent : puisqu’il s’agit de faire des économies, il faut commencer par l’abandon de la bombe. Son coût est d’autant plus vertigineux qu’il est en grande partie camouflé dans le budget de la recherche. Que les missiles portent des satellites de communication ou des têtes nucléaires, ce n’est pas très différent…

Au contraire, la France revendique haut et fort de posséder toujours la bombe, pour demeurer une "puissance"… Pis, Chirac pouvait déclarer – alors qu’il était maître de son emploi du fait de cette "prérogative présidentielle" à laquelle François Hollande semble attaché –, que la France se réservait de recourir à cette arme absolue pour protéger ses "intérêts vitaux" tels ses "approvisionnements stratégiques" ou face à des "menaces terroristes"…

Ainsi, la France est non seulement irresponsable pratiquement en entretenant à très grand coût une filière dont la dangerosité n’est pas à démontrer, mais elle produit en même temps tout le discours de légitimation le plus absurde de cet armement à bannir – en invitant tous à la prolifération la plus folle. Qui serait exempt de désirs de puissance ? Et qui pourrait ne pas avoir d’"intérêts vitaux" à défendre ?

Alors que c’est une évidence qu’il faut d’urgence dénucléariser le monde, voilà que la gauche française prend la responsabilité de ce qui pourrait bien être le plus grand crime de l’histoire universelle…

On trouvera ci-dessous les récents courriers que Jean-Marie Matagne, président de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire, à pu envoyer à François Hollande et à son gouvernement, précédé de son communiqué du jour et suivi d’un communiqué du Réseau sortir du nucléaire, paru également pour ce 14 juillet : Mettre le désarmement nucléaire à l’ordre du jour !. Faut-il rappeler les récentes prises de position de Stéphane Hessel, de Paul Quilés, du général Norlain, de Michel Rocard ?

Il est temps d’en finir avec la bombe.

Paris s’éveille

14 juillet 2012 : la France tonitrue et cultive des bananes

COMMUNIQUE d’ACDN

Un chef d’Etat suspendu dans les airs pour affirmer sa mâle détermination à atomiser un jour des millions d’êtres humains à l’autre bout du monde, si jamais sa conscience supérieure à toute autre le juge utile ou nécessaire aux « intérêts vitaux » d’on ne sait qui : telle est la France qui tonitrue. Tremblez, humains, devant mes M51 !

Le même chef d’Etat, obéissant aux injonctions d’AREVA, raye d’un trait de plume le contrat que son Parti a signé. Puis il s’incline à Chicago devant les exigences du grand frère américain, lui concédant la construction d’un bouclier antimissiles au-dessus de l’Europe et refusant avec lui le retrait de ses bombes atomiques des pays européens, nos alliés, qui ne les supportent plus. C’est encore lui qui congédie sans même oser l’en avertir une ministre à convictions, parce qu’elle a déplu à une multinationale du pétrole. Le même encore accueille sous les ors de son Palais un dirigeant africain, héritier de son père, parce qu’il a dans ses valises de l’uranium, des biens suspects d’être mal acquis et des contrats juteux ou présupposés tels. Qu’importe si le Premier ministre déclarait la veille : « La Françafrique, c’est fini ! ».

Telle est la France : une République bananière qui se donne des airs de diva avec ce qu’elle prend pour un reste de sa splendeur passée, parce que le machin en question lui a coûté 300 milliards d’Euros et ne sert rigoureusement à rien, sauf à bloquer les négociations qui permettraient d’abolir les armes nucléaires et de vivre dans un monde nettement moins menaçant, nettement plus convivial, nettement plus humain.

[Communiqué du 14 juillet 2012]

Lettre ouverte à François le Terrible, Président de la République Française

Monsieur le Président,

« Le changement, c’est maintenant », disiez-vous. De fait, vous auriez pu changer le cours de l’histoire. Vous ne l’avez pas fait. Tel est le regrettable motif de la présente lettre. Je l’adresse aux rédactions des organes dits d’information nationale, qui, sauf honorable exception, ne la publieront pas, comme à leur habitude.
L’omerta médiatique vous protège encore, mais pas devant l’Histoire.

Vous nous avez menti. Et vous faites mentir vos "collaborateurs", comme aurait dit un autre.

Le 22 janvier 2012, au Bourget, vous affirmiez devant 15 000 personnes : "Mon secret, que j’ai gardé depuis longtemps, le voici : j’aime les gens quand d’autres sont fascinés par l’argent." Pourtant, un mois plus tôt, vous intituliez une tribune libre parue dans Libération : "Dissuasion nucléaire : je maintiendrai". Elle s’achevait ainsi : "Même si elle ne doit jamais cesser de s’adapter, je serai le garant de la capacité de dissuasion nucléaire de la France. C’est une prérogative spécifique du président de la République : je la revendique et l’assume pleinement."

Mais que signifie concrètement cette « prérogative présidentielle » que vous n’avez cessé de revendiquer avant comme après votre élection, jusqu’à ce honteux 4 juillet 2012 où l’on vous a hélitreuillé à bord du "Terrible", notre quatrième Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins de Nouvelle Génération, capable d’"arroser" avec un seul missile – il en compte 16 à bord – et ses six "têtes nucléaires" – il en compte 96 – la population de Pékin comme celle de Shangaï ?

Votre Premier Ministre déclarait la veille à l’Assemblée nationale : "Face aux grands enjeux internationaux, la France jouera pleinement son rôle et tiendra le langage que le monde a appris à aimer d’elle. (…) La France n’est écoutée et respectée que quand elle est fidèle à elle-même. Respect des droits de l’homme, justice, solidarité à l’égard des pays en développement, dialogue avec les pays émergents, … et bien sûr soutien à ceux qui luttent pour la démocratie partout dans le monde : telles sont les pierres angulaires de notre politique étrangère.." Sans oublier le Terrible, autre pierre angulaire de ce langage de paix tenu à nos amis Chinois,et autres "émergents" par le pays de Tartufe !

Une fois descendu du ciel par mer belle (c’est plus sûr), vous avez, nous dit-on, félicité les sous-mariniers pour leur « professionnalisme », dit votre fierté d’être leur chef suprême, et assisté à un simulacre de tir du missile M51. En quoi consiste donc leur profession ? A se tapir au fond des océans dans l’attente de l’ordre qui les conduira à anéantir des millions de civils à l’autre bout du monde. Puis à attendre que le chef de l’Etat ainsi frappé en fasse autant à la population française.
Ce criminel non-sens vous autorise-t-il à prétendre que vous aimez les gens ? Même si – peut-être – vous n’êtes pas comme d’autres fasciné par l’argent, vous l’êtes assurément par le pouvoir que ces armes vous donnent de massacrer des millions de personnes sans avoir à en rendre compte à aucun tribunal, ni avant, ni après la commission du crime ! Excluant même de consulter le peuple qui vous a fait roi, vous vous placez au-dessus des lois de l’Humanité, de la République, de la Constitution, qui vous intiment le respect du droit international, notamment de l’article 6 du Traité de Non Prolifération.

Le 25 juin dernier, vos policiers ont refoulé loin de votre Palais, où on leur avait pourtant annoncé qu’ils seraient reçus, les deux grévistes de la faim dont j’étais, venus vous demander d’organiser un référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires. En témoignent les images diffusées le soir même par France 3, dont la caméra fut ensuite interdite de filmer.

Ainsi votre Palais est-il, comme votre « domaine réservé », interdit à votre peuple. Le 5 juillet, en revanche, vous y receviez M. Ali Bongo, digne fils de son père, porteur de contrats lucratifs et de promesses d’uranium. La veille, votre Premier ministre déclarait aux députés : "Une rupture avec les dérives de la Françafrique est attendue." Attendue ? Sûrement pas de vous. Autre mensonge d’Etat.

Sachez donc, Monsieur le Président, que bientôt votre mépris de la démocratie vous vaudra une crise gouvernementale : lorsque vos deux ministres Verts, se pliant à la motion adoptée le 24 juin à la quasi-unanimité par le Conseil fédéral d’EELV, vous demanderont de poser aux Français la question : « Approuvez-vous que la France participe avec les autres Etats concernés à l’élimination complète des armes nucléaires, sous un contrôle mutuel et international strict et efficace ? » Et sachez-le encore : chaque jour des citoyens se relaient pour jeûner, jusqu’au référendum auquel le peuple a droit. En frac ou en treillis militaire, nous ne vous lâcherons plus ni les basques, ni les baskets.

Jean-Marie Matagne,

président d’ACDN, gréviste de la faim pendant 42 jours, du 15.05 au 26.06.2012

Réponse du président d’ACDN au chef de Cabinet du Président de la République

Suivie d’une lettre à Cécile Duflot et Pascal Canfin, ministres EELV dans le gouvernement Ayrault

Saintes, le 12 juillet 2012

Monsieur le Chef de Cabinet,

J’ai bien reçu votre lettre du 4 juillet 2012 et vous en remercie.

Dans cette lettre vous m’indiquez que mes « récentes correspondances sont bien parvenues au Président de la République », qu’il vous a «  confié le soin de (me) répondre », et vous me renvoyez au secrétariat « du Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie » qui me tiendra « informé de la suite utile qui pourra être réservée à (ma) demande ».

Toutefois, malgré tout le respect que je lui porte, je n’ai pas l’impression que Madame Delphine Batho, actuelle Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, pas plus que Madame Nicole Brick avant d’être privée de ce Ministère pour son opposition aux intérêts pétroliers de la Compagnie Shell, ait en charge de gérer l’agenda du Président de la République. Cette tâche ne fait-elle pas plutôt partie de vos attributions ?

La demande adressée au nouveau Président de la République, M. François Hollande, dès le 7 mai 2012, au nom de l’association que je préside, concernait une entrevue avec lui, et ma dernière correspondance en date du 16 juin était tout à fait explicite à cet égard. Permettez-moi d’en citer les passages qui semblent vous avoir échappé, ainsi qu’à Monsieur le Président :

« Je souhaite vous rencontrer parce que vous êtes le président de tous les Français, et si vous êtes accessible aux enfants des écoles maternelles comme aux ouvriers menacés de chômage, vous devez pouvoir l’être également à un citoyen qui étudie la question du désarmement nucléaire et travaille à sa promotion depuis plus d’un quart de siècle. »

« Je souhaite vous rencontrer personnellement parce que, même si je serais heureux de pouvoir rencontrer Messieurs les Ministres de la Défense et des Affaires étrangères, particulièrement concernés par le sujet, chacun sait que, dans la Ve République, c’est le Président qui fixe la ligne générale en ces domaines. »

Or, au moment même où vous m’adressiez votre réponse sur demande du Président de la République, celui-ci se trouvait à bord du SNLE-NG Le Terrible et confirmait sa volonté de maintenir dans son intégralité la force de dissuasion nucléaire française, tandis que le Ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, en faisait autant à la base des SNLE de l’Ile Longue. La ligne était donc fixée.

Qui plus est, la veille, M. Jean-Marc Ayrault, Premier Ministre, avait déclaré dans son discours de politique générale à l’Assemblée nationale : « Pour préparer l’avenir, un livre blanc de la défense et de la sécurité nationale sera élaboré pour la fin de cette année et présenté à votre Assemblée dès l’année 2013, au début, avec une loi de programmation militaire qui suivra. Les choix qui s’imposeront se feront dans la transparence et la cohérence, dans le cadre d’un grand débat ouvert et démocratique d’abord qui associera la représentation nationale. Mais ces choix ont un objectif, une priorité, c’est assurer les conditions de notre indépendance. Notre force de dissuasion – garantie essentielle de notre sécurité – sera maintenue. »

Ceci après avoir affirmé : « Il est fini... le temps où la concertation n’était conçue que pour donner l’apparence du dialogue social à la décision d’un seul. (...) Oui, nous voulons donner toutes ses chances à la démocratie (...) Je crois profondément que les Françaises et les Français veulent être traités en adultes. »

En tant qu’adulte, donc, je constate que le « grand débat ouvert et démocratique » pourra bien porter sur la politique de défense, mais pas sur son postulat fondamental : « Notre force de dissuasion (nucléaire) sera maintenue », car c’est une « garantie essentielle de notre sécurité ». Ce postulat, qui n’a jamais été démontré et ne le sera jamais pour la bonne raison qu’il est possible d’en démontrer l’inanité, relève, lui, du « choix d’un seul » : celui du Président de la République.

Il est donc parfaitement clair que le Président n’envisage même pas, ne serait-ce qu’à titre d’hypothèse méritant considération, l’éventualité d’un référendum qui permettrait aux Français de s’emparer du sujet et de dire si, oui ou non, ils souhaitent continuer à financer leur prétendue défense par la préparation de crimes contre l’humanité au moyen d’armes nucléaires.

Par acquit de conscience, j’ai téléphoné ce 12 juillet au numéro que vous m’avez indiqué comme étant celui du secrétariat de Madame la Ministre de l’Ecologie, secrétariat censé me tenir « informé de la suite utile qui pourra être réservée à (ma) demande ». Une jeune femme prénommée Joëlle, qui s’est présentée comme l’une des quatre secrétaires de Madame la Ministre mais qui a refusé de m’indiquer son nom de famille (ce doit être un secret d’Etat, de même que sont secrets le numéro de téléphone et l’adresse courriel de votre Cabinet, ce qui m’obligera à vous expédier cette lettre demain par la poste et vous en fera connaître la teneur après tout le monde), m’a fait savoir qu’elle ignorait tout de cette affaire.

Dans ces conditions, vous comprendrez, Monsieur le chef de Cabinet, que je ne sois plus demandeur d’aucune entrevue, ni avec Monsieur le Président de la République, ni avec Monsieur le Premier ministre, ni enfin avec aucun de leurs Ministres, puisqu’ils sont tous chargés de mettre en musique la partition dont le Président a déjà dicté le thème mélodique.

Le 25 juin dernier, j’étais venu à l’Elysée avec mon collègue Luc Dazy, le ventre vide, certes, mais porteur de cinq dossiers conséquents et similaires, destinés respectivement à Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre de la Défense, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et Monsieur le Ministre de l’Education Nationale (qui avait attiré votre attention ainsi que celle de votre homologue de Matignon sur ma lettre du 18 mai).

Si vous-même ou l’un de vos collaborateurs nous aviez reçus pour convenir d’une date d’entrevue avec le Président de la République, comme cela nous avait été annoncé par la Préfecture de La Rochelle, je comptais vous remettre ces dossiers à l’intention de leurs destinataires. Je n’ai même pas pu les laisser à la conciergerie de l’Elysée, puisque des policiers nous ont empêchés d’en approcher l’entrée. J’ai dû repartir chargé de mes dossiers mais délesté de mes dernières illusions, déjà bien maigres. Je n’en ai plus aucune sur la politique et les choix du successeur de M. Nicolas Sarkozy.

Je rencontrerai volontiers à titre privé les membres du gouvernement qui me feraient connaître, si c’était le cas, leur intérêt personnel pour une approche des questions de défense sortant des discours habituels, lesquels se perpétuent d’une majorité à l’autre. J’allais dire : d’une dictature à l’autre, car cette politique est bien dictatoriale. Tout esprit démocratique « normal » admettra que seul un dictateur puisse s’arroger le droit de décider, sans procès ni appel, la mort de millions de personnes.

J’écris en tout état de cause à Mme Cécile Duflot et M. Pascal Canfin, sachant que le Parti qu’ils représentent au gouvernement leur demande expressément, depuis le 24 juin dernier, « de tout mettre en œuvre pour que soit mis à l’étude dans un délai rapproché un projet de loi ou une proposition de loi portant l’organisation d’un large débat et d’un référendum sur la question suivante : "Approuvez-vous que la France participe avec les autres Etats concernés à l’élimination complète des armes nucléaires, sous un contrôle mutuel et international strict et efficace" ».

Je solliciterai à nouveau une audience auprès de Monsieur François Hollande le jour où il voudra bien me faire savoir que la question du référendum est devenue d’actualité. En attendant, il n’est plus pour moi, comme dans la lettre ouverte datée du 10 juillet dont je vous prie de trouver un exemplaire ci-joint, que « François le Terrible », seul maître à bord de nos SNLE.

Veuillez agréer, Monsieur le chef de Cabinet, l’expression de ma considération distinguée.

Jean-Marie Matagne, Docteur d’Etat en Philosophie, Président de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN)

A M. Pierre Besnard, Chef de Cabinet du Président de la République

Lettre à Cécile Duflot et Pascal Canfin, ministres EELV dans le gouvernement Ayrault

Saintes, le 13 juillet 2012

à Mme Cécile Duflot, Ministre du Logement

et M. Pascal Canfin, Ministre délégué au Développement

Objet : Décision du Conseil fédéral d’EELV des 23 et 24 juin 2012 :

Pour un Référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires (MOTION E)

Chers camarades ministres,

J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la décision du Conseil fédéral citée en référence, et plus particulièrement sur sa conclusion :

« Le Conseil fédéral des 23 et 24 juin 2012 demande à l’ensemble de ses représentant-e-s au parlement et au gouvernement de tout mettre en oeuvre pour que soit mis à l’étude dans un délai rapproché un projet de loi ou une proposition de loi portant l’organisation d’un large débat et d’un référendum sur la question suivante : "Approuvez-vous que la France participe avec les autres Etats concernés à l’élimination complète des armes nucléaires, sous un contrôle mutuel et international strict et efficace" »

Vous représentez l’un et l’autre Europe Ecologie-Les Verts au gouvernement, vous êtes donc directement invités à tout mettre en œuvre pour obtenir que le gouvernement mette à l’étude dans un délai rapproché un projet de loi portant organisation d’un large débat et d’un référendum sur cette question précise.

J’attire aussi votre attention sur le fait que le Conseil Fédéral, sur proposition de son bureau et de son président Philippe Meirieu, porteur de la motion E, a tenu à rendre « hommage à (mon) action » (dont 42 jours de grève de la faim), a décidé d’assumer (mon) combat, s’est engagé à le porter, et a vivement souhaité que la présidence de la République, qui devait recevoir Luc Dazy (également en grève de la faim) et moi-même le 25 juin, entende notre exigence, dont le Conseil Fédéral s’est déclaré solidaire.

Sur la suite des événements, je vous invite à prendre connaissance des deux lettres ouvertes ci-jointes, au Président de la République et à son chef de Cabinet, ou à vous reporter aux articles et communiqués parus sur le site d’ACDN.

Je vous remercie de me tenir informé, ainsi que Philippe Meirieu, des démarches que vous voudrez bien entreprendre conformément à la résolution du Conseil fédéral.

Cordialement.

Jean-Marie Matagne, Président d’ACDN

[Source : Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire]

Du 6 au 9 août 2012, jeûne international à Paris pour l’abolition des armes nucléaires

Le 2 juin 2012 est la Journée mondiale pour l’Abolition des Armes nucléaires. Nous saisissons cette occasion pour annoncer la tenue d’un Jeûne International du 6 au 9 août à Paris pour l’abolition des armes nucléaires.

Nous demandons que les États dotés d’armes nucléaires s’engagent enfin dans un processus de désarmement nucléaire général et complet sous un contrôle international strict et efficace. L’article VI du Traité de Non-Prolifération (TNP) leur impose cette obligation, laquelle a été confirmée par l’avis de la Cour Internationale de Justice en 1996. Nous rappelons que les 3/4 des États membres de l’ONU ont voté favorablement sur le principe d’une Convention d’élimination lors de l’Assemblée générale en décembre 2010.

Après la première session préparatoire pour la prochaine Conférence d’Examen du TNP qui s’est tenue à l’ONU à Vienne au début du mois de mai, les ONG qui ont participé activement aux débats sont très critiques sur la volonté réelle de désarmement des États détenant des arsenaux nucléaires. En particulier, la France a continué de répéter que le seul objectif du TNP est la non-prolifération et que le sujet du désarmement n’est pas le problème actuel.

Nous exprimons fortement notre opposition à cette attitude de blocage que le nouveau président François Hollande semble décidé à faire perdurer. Nous rappelons qu’aucun débat citoyen sur la politique de la dissuasion nucléaire n’a jamais eu lieu en France.

En s’engageant concrètement dans la voie du désarmement, la France prendrait un rôle majeur dans un processus international. Elle aurait le soutien des pays européens favorables à une Convention d’Élimination, auxquels pourraient se joindre le Royaume-Uni, l’autre puissance nucléaire européenne, et les pays qui demandent le retrait des armes nucléaires américaines des bases de l’OTAN. Cette politique renforcerait son rayonnement et son prestige sur la scène internationale.

Un Jeûne International pour l’Abolition des armes nucléaires aura lieu à Paris, du 6 au 9 août 2012, dates de commémoration des bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki.

Plusieurs associations, impliquées dans la campagne internationale ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), préparent cet événement important dont la Mairie du 2ème arrondissement de Paris est également partenaire. La Maison de Vigilance a organisé depuis 28 ans de tels jeûnes, initiés par Théodore Monod et Solange Fernex. Cette année, la mobilisation de nouveaux acteurs donnera une dimension internationale à cette action de protestation et d’interpellation.

Pourquoi un jeûne international ? Pour reprendre l’appel de Stéphane Hessel et d’Albert Jacquard dans leur récent pamphlet : "Exigez le désarmement nucléaire total !"

Réseau "Sortir du nucléaire", Armes Nucléaires Stop, Maison de Vigilance

[Source : vigilancehiroshimanagasaki]

Ce 13 juillet 2012, le Réseau Sortir du Nucléaire, qui fédère plus de 900 associations, émettait le communiqué suivant :

Communiqué de presse

Mettre le désarmement nucléaire à l’ordre du jour !

Le 14 juillet 1789, les citoyens français ont exprimé leur volonté de libération. Nous, citoyens du monde, exprimons en ce 14 juillet 2012 notre exigence de libérer le monde des armes nucléaires. C’est le sens du jeûne international pour l’abolition des armes nucléaires organisé à Paris du 6 au 9 août 2012 en mémoire des victimes des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki par la Maison de Vigilance, le Réseau « Sortir du nucléaire » et le collectif Armes nucléaires STOP avec le soutien de la Mairie de Paris 2ème.

L’élaboration du Livre Blanc sur la Défense, prévu pour la fin de l’année 2012, doit être l’occasion d’engager un véritable débat citoyen pour une nouvelle politique de sécurité humaine.

Nous demandons que la France s’engage en faveur d’une politique de désarmement nucléaire, en particulier en votant la Convention d’élimination des armes nucléaires acceptée à l’ONU par les 3/4 des États membres. Nous demandons que la France engage des mesures concrètes de désarmement nucléaire.

Récemment, des déclarations de personnalités et de nombreuses actions courageuses de jeûneurs ont alerté l’opinion publique sur ces urgences.

La France pourrait devenir le leader de l’Europe pour le désarmement nucléaire. Le jeûne international des 6-9 août exprime cette exigence. Nous invitons les citoyen-ne-s à rejoindre les jeûneurs qui seront présents au Mur pour la Paix, devant la Tour Eiffel.

Vous êtes invités à la conférence de presse le 2 août à 11 heures à la Mairie de Paris 2ème, 8 rue de la Banque.

Maison de Vigilance, Réseau "Sortir du nucléaire", Armes nucléaires STOP

Dans la même rubrique
Archives