L’activiste Amina Sboui "aurait" été agressée dans la nuit de samedi par cinq islamistes. C’est en employant le conditionnel que l’information est évoquée dans la presse aujourd’hui. Tous semblent attendre le visionnage des caméras de vidéo "protection" de la RATP pour se prononcer ! On se demandera d’abord à quoi servent ces dispositifs si onéreux s’ils ne permettent pas d’empêcher une agression qui "aurait" duré 15 minutes, selon les déclarations de la victime, pour qui le temps a dû sembler horriblement long. Ses cinq agresseurs "auraient" eu le temps de la menacer - entre autres - de viol, de lui raser les sourcils et une partie des cheveux ainsi que de la contraindre à réciter des versets du Coran.
Avec les moyens surdimensionnées que la police a déployé dans nos villes ces dernières années, il est inadmissible qu’elle n’ait pas encore démasqué et arrêté les auteurs de cette agression.
Elles l’assument avec un rare courage, les Femen (et ex-Femen comme Amina) se sont attirées les foudres des fascistes et réactionnaires de tous poils en s’attaquant frontalement aux manifestations contre le mariage homosexuels et lors des nombreux rassemblements fascisants, quand la société civile peine à se positionner clairement face à la mouvance haineuse.
Ainsi, on a vu de nombreuses menaces verbales, écrites et physiques envers les Femen quand elles étaient logées au Lavoir Moderne Parisien dans le 18ème arrondissement, et à Clichy-sur-Seine, leur nouveau QG.
Dans ce théâtre, un déséquilibré qui recherchait les activistes a même poignardé des spectateurs en pleine représentation, sous les yeux d’une d’entre-elles (son récit est reproduit plus bas). Les victimes en sont sorties miraculeusement indemnes.
Étrangement, les tentatives d’actions violentes contre un mouvement politique - y compris dans un lieu culturel - n’ont pas ému au-delà du simple fait-divers. Pas plus que la mort du jeune antifasciste Clément Méric au cours d’une rixe avec des jeunes nationalistes y a un an. Inversement, les déclarations ouvertement racistes d’élus de tous bords sont étalées dans toute la presse, propageant ainsi les thèses contre les musulmans, les Rroms mais aussi l’antisémitisme.
En voyant avec quelle prudence les médias prennent les déclarations d’une victime de tentative de viol, on comprend à quel point le combat pour l’égalité des sexes est d’actualité.
Mais Amina ne baisse pas les bras : avec le collectif Les eFRONTé-e-s, elle expose le message "Les féministes, c’est comme les poils : quand on les rase, ça repousse plus fort !"
Paris s’éveille
Témoignage d’Amina Sboui (sur son compte facebook) :
"a 6h15 du mat place de Clichy 5 individus ont commencés à m’insulter ils m’ont obligée de sortir du métro , appeler des amis qui était avec moi pour leur dire que je suis bien arrivée chez moi ! dans la rue ils m’attrape je crie , et personne n’est arrêtée j’avais pas de batterie pour appeler les flics ! ils m’ont rasée les sourcils les cheveux on me disant que je mérite pas la beauté que Allah m’a donnée , ils m’ont dis sale pute , on va te violer et Allah va nous remercier pour ça ! et là j’ai commencée à leur supplier et leur dire que je redeviens musulmane j’ai lis le Coran pour qu’ils me lâche j’ai pas encore déposée plainte mais je vais le faire toute à l’heure ! encore en 2014 ça ce passe et en France, j’arrive pas encore à croire.
je vous tiens au courant de ce qui va se passer au commissariat" (06/07/2014)
Agression sexiste au Lavoir Moderne Parisien
I was yesterday [28th of march 2014] in Lavoir Moderne Parisien when, around 23pm, an man attacked public during a theater show.
That man, black dressed and shaved head, had usual appearance of far right fanatics. He suddenly attacked the people watching the play, stabbing one to the neck and another to the breast. During this attack, he screamed "I’m not racist but will not tolerate that black men fuck my women", "Women must stay dressed, not naked" and some confused words about french Front National.
We know now this man planned to kill some Femen activists. He had rent few days ago a hotel room just in front of Lavoir Moderne, ex Femen headquarter. During these days, he came several times in LMP, asking questions and looking for Femen. Friday evening he asked some girls if thet were Femen members, and tried to get inside theater backstage. Not finding any Femen, it seems he finaly decided to attend the show and to kill any members of the public.
I was sitting 2 seats behind him in the theater, and have been a part in that horrible situation. The man yelling and stabbing people with his knife, lot of blood on my clothes, everybody screaming and falling around... By chance, the killer did not saw me before, and i escaped with others during the general panic.
We called the police who arrived quickly and catched the man. Firemen and ambulance came fastly and doctors saved life of injured men. Victims are today in hospital, still in a very serious condition.
It is not the first violent agression against us. The actual political climate in France and Europe let me believe it may not be the last.
Fuck nazis, fuck FN, fuck all nationalists!
Oksana Shachko
Co-founder of Femen
titre de l’article du Monde du 07/07/2014 : L’ex-Femen Amina affirme avoir été agressée à Paris
Poings serrés, regard baissé, sourcils rasés : c’est d’abord par un selfie publié sur sa page Facebook qu’Amina Sboui, ancienne militante tunisienne des Femen, a signalé dimanche 6 juillet avoir été victime d’une « agression » et d’une « tentative de viol » dans la nuit de samedi à dimanche à Paris.
La jeune femme, âgée de 19 ans, a précisé dans un second temps, toujours sur Facebook, qu’elle avait été tondue en public – les deux sourcils rasés et le crâne lacéré de deux coups de rasoir – place de Clichy par cinq personnes qui affirmaient agir « au nom du Coran ».
Amina Sboui a décrit ses agresseurs comme des « salafistes » portant de « longues barbes » au Nouvel Observateur. La jeune femme s’est rendu lundi matin au commissariat du 18e arrondissement pour porter plainte.
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[Source : Le Monde]