On hésite, dans ce monde effroyable et plus effroyable de jour en jour – ce monde bien pire que ce qu’on aurait imaginé petit, ayant grandi dans les années 60-70 –, on hésite, disais-je, à produire de bonnes nouvelles.
L’élection de Bill de Blasio à New York, avec 70% des suffrages, inversera-t-elle la sinistre tendance qui depuis trente ans impose partout sur terre les politiques sécuritaires dont son prédécesseur Rudolf Giulani s’était fait le héraut ?
La fermeture du camp de Lampedusa en Italie, et la décision du gouvernement d’Enrico Letta de revoir la politique d’accueil des migrants pour mettre un terme à ses abus de violence, marque-t-elle la fin d’une époque et le début d’une nouvelle où les étrangers ne seraient plus considérés comme des ennemis ?
De même, faut-il se réjouir de la fermeture annoncée du Laogai, le plus vaste système concentrationnaire jamais vu, qui afflige la Chine depuis plus d’un demi-siècle ?
« Les personnes détenues dans les camps vont être remises en liberté et ne seront pas tenues d’exécuter le reste de leurs peines », aura-t-il été décidé. Mieux encore, l’agence officielle Chine Nouvelle appelle à voir ce dispositif «disparaître dans les poubelles de l’histoire»…
C’était ce samedi : l’Assemblée nationale chinoise décidait de l’abolition des camps de rééducation par le travail… Une grande date dans l’histoire de la libération humaine – sensiblement plus importante que la prise de la Bastille, en tout cas quant à la dimension de ses conséquences immédiates. Mais un flou subtil dissimule la nouvelle : s’agit-il seulement de la fermeture du laojiao, avec laquelle on confond inévitablement le laogai puisque c’est la même chose ? S’agit-il de libérer 200 000 ou cinq à dix millions de personnes ?
L’arbitraire a-t-il la moindre chance de reculer d’un pouce en Chine quand on sait que tous les prétextes sont bons et qu’une prison peut s’appeler centre de traitement pour toxicomanes ?
Quelques recherches mettent à jour que Xi Jinping, nouveau patron du PCC, réputé chef de file des "princes rouges" – les enfants de la nomenklatura maoïste –, s’il a effectivement promené ses culottes courtes à Zhongnanghai – la véritable "cité interdite", voisine de celle des empereurs, où résident, dans un charmant parc au cœur de la Pékin, les dirigeants et leurs familles –, étant le fils d’un des plus anciens compagnons de Mao, aura été aussi victime des purges du Grand bond en avant, son père étant envoyé en camp de travail dès 1962, et lui-même ayant eu à y passer quelques temps, jusqu’à ce qu’ils soient réhabilités par Deng Xiao Ping, lui aussi survivant des mêmes purges...
Mais peut-on croire dans quelque libération que ce soit quand la dictature du parti communiste est intacte ?
Ou bien entrerions-nous dans l’ère de la liberté cosmétique – où un peu de liberté est indispensable à maquiller l’oppression ?
Paris s’éveille
PS Harry Wu est l’inlassable dénonciateur de ce système concentrationnaire chinois. Très méconnu en France – où l’amour des dictatures est une tradition aux racines profondes –, cet ancien prisonnier des premiers camps maoïstes instaurés dès les années 50, a créé Laogai Research Foundation, en 1992. Son livre classique, Laogai, qui a donné son nom à ce qu’on appelait avant "l’archipel oublié", a été publié aux éditions Dagorno – et se trouve toujours disponible dans ses deux versions, normale et de poche.
En Chine, le contrôle des naissances assoupli, les camps de rééducation abolis
AFP 28 DÉCEMBRE 2013 À 08:02
Le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire a formalisé samedi ces deux réformes emblématiques.
La plus haute instance législative chinoise a adopté comme prévu samedi des motions formalisant l’abolition des camps de rééducation par le travail et un net assouplissement de la politique de contrôle des naissances.
Ces deux réformes emblématiques avaient été promises mi-novembre par les autorités après une réunion en conclave du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.
Elles ont été entérinées «par un vote» du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP), la chambre d’enregistrement législative des décisions du Parti unique, a rapporté l’agence officielle Chine nouvelle.
Apparu en 1957, le système de la rééducation par le travail, ou «laojiao», permet de détenir des personnes sur simple décision de police, et ce jusqu’à quatre ans.
Objet de multiples abus, très impopulaires et dénoncés par les organisations de défense des droits de l’homme, ces camps sont notamment utilisés par les autorités locales pour réprimer les voix dissidentes, les internautes dénonçant la corruption ou les «pétitionnaires» demandant réparation d’un préjudice.
Un rapport de l’ONU publié en 2009 avait évalué à 190000 le nombre de personnes détenues dans le cadre de ce système.
Ces camps sont «devenus superflus» à mesure que «s’est développé» le système judiciaire, et «la mission historique du "laojiao" (le maintien de l’ordre social) a été accomplie», avait indiqué Chine nouvelle plus tôt cette semaine, se référant à un texte gouvernemental.
«Les personnes détenues dans les camps vont être remises en liberté et ne seront pas tenues d’exécuter le reste de leurs peines», a indiqué Chine nouvelle, précisant que la résolution prenait effet ce samedi, jour de sa promulgation.
Des experts ont cependant mis en garde contre la probable persistance en Chine, sous des noms différents, d’autres formes de détention arbitraire - alors que se sont multipliées ces derniers mois les interpellations de blogueurs contestataires ou de militants politiques.
Des «prisons noires» illégales, des camps de «réhabilitation pour toxicomanes» et d’autres sites continueront de servir à incarcérer des citoyens sans aucune décision de justice, avait estimé l’ONG Amnesty International dans un rapport publié mi-décembre.
ASSOUPLISSEMENT DE LA RÈGLE DE L’ENFANT UNIQUE
Le comité permanent de l’ANP a par ailleurs adopté samedi une résolution «pour autoriser les couples dont l’un des membres est enfant unique à avoir deux enfants», enjoignant les autorités provinciales à «amender leurs règlements et à prendre des actions spécifiques» en conséquence.
Ces nouvelles règles entreront en vigueur «dans certaines provinces et régions» au premier trimestre 2014, avait assuré plus tôt cette semaine un haut responsable de la Commission nationale de la santé et du planning familial.
La décision marque un net assouplissement de la politique dite de l’enfant unique, mise en oeuvre à partir de 1979 pour freiner l’accroissement démographique dans le pays le plus peuplé du monde. Elle aurait, selon les autorités, permis d’éviter 400 millions de naissances.
Actuellement, la loi chinoise interdit aux couples d’avoir plus d’un seul enfant, mais des exceptions existent pour les couples dont les deux membres sont enfants uniques, ainsi que pour les minorités ethniques ou les couples ruraux dont le premier enfant était une fille.
De fait, la règle de l’enfant unique ne s’applique déjà pas pour environ 37% des couples chinois, selon une étude de 2007, et les couples aisés n’hésitent pas à l’enfreindre, préférant s’acquitter de l’amende.
L’assouplissement des règles entériné samedi a néanmoins été qualifié de «progrès crucial» par des spécialistes, même s’il pourrait ne concerner qu’environ 10 millions de couples, soit une petite fraction du 1,3 milliards d’habitants du pays.
Cette modification est ouvertement destinée à enrayer le vieillissement de la population chinoise, alors que le taux de fécondité dans le pays, tombé à 1,5 enfant par femme depuis plus d’une décennie, est très en-deçà du seuil supposé garantir le renouvellement des générations.
En 2012, la population active dans le pays a baissé par rapport à l’année précédente, pour la première fois depuis 1963, selon le Bureau national des statistiques (BNS), et d’après des estimations de l’ONU, 30% de la population chinoise seront âgés de plus de 60 ans en 2050.
Lors de sa réunion plénière de novembre, le Comité central du PCC s’était également engagé à réduire «progressivement» l’usage de la peine de mort, et assuré vouloir laisser un rôle «décisif» au marché dans une économie encore très contrôlée par l’Etat.
[Source ; Libé, AFP]
La Chine n’en a pas fini avec le goulag
L’Assemblée nationale populaire chinoise a annoncé ce samedi l’abolition des «laodong jiaoyang» («camps de rééducation par le travail»). «Quelque 160000 personnes étaient jusqu’alors détenues sans jugement, de manière administrative, sur la seule décision de la police, dans 250 à 300 camps disséminés à travers le pays», explique Nicolas Bequelin de l’organisation de défense des droits de l’homme américaine Human Rights Watch (HRW). Ce système, qui à l’origine permettait la détention sans limite de temps, avait été instauré par Mao Zedong en 1957, afin de «rééduquer» les «intellectuels de droite». Dans les années 80, les peines furent réduites à 4 ans maximum.
CETTE ABOLITION SIGNIFIE-T-ELLE QU’IL N’Y A PLUS DE GOULAG EN CHINE?
Non. Les camps de rééducation fonctionnaient parallèlement à un système carcéral judiciaire qui, lui, demeure intact. Il emprisonne environ un million de détenus dans plusieurs centaines de camps, et sont eux aussi soumis en grande partie au travail forcé. Appelé «laogai» («réforme par le travail»), ce goulag chinois a été simplement rebaptisé «prison» dans les années 90, sans pour autant changer de nature. A la même époque, le «crime contre-révolutionnaire» servant à condamner les prisonniers d’opinion a été rebaptisé «crime de subversion du pouvoir de l’Etat». Le Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo a été condamné à 11 ans de prison sous ce chef d’accusation. «Le nombre de prisonniers d’opinion en Chine se chiffre en dizaines de milliers», note Bequelin.
QU’ADVIENDRA-T-IL DES «CAMPS DE RÉÉDUCATION»?
Depuis le début de l’année, des détenus jugés «libérables» ont été relâchés. Mais la majorité des détenus reste incarcérée sous une autre forme. Environ 60% des détenus des camps de rééducation sont des toxicomanes et, pour eux, rien ne change, si ce n’est que les camps s’appelleront désormais «camps de réhabilitation pour drogués». Ils sont toujours condamnés de manière extra-judiciaire, et soumis au travail forcé. La population de ces camps comporte aussi des petits délinquants, des membres de sectes religieuses et d’églises chrétiennes clandestines, ainsi que des internautes incarcérés pour avoir posté des commentaires critiquant le gouvernement. «Nous craignons que ces prisonniers-là atterrissent dans un autre système de détention administrative très en vogue, les «xuexi ban» («classes d’éducation juridiques»), explique Bequelin. Ces centres de détention ad hoc sont gérés par les autorités locales, qui réquisitionnent des bâtiments administratifs ou scolaires pour enfermer les gens à qui ils font rédiger des "confessions". Les rétifs aussi soumis à pas mal de violence de la part des gardes, et parfois torturés.»
EXISTE-T-IL D’AUTRES TYPES, ENCORE, DE DÉTENTION EXTRA-JUDICIAIRE?
En dehors des asiles psychiatriques et des nombreuses «prisons noires» servant à incarcérer les pétitionnaires, la police a un réseau de 200 «camps de détention et éducation» où sont enfermées quelque 20000 prostituées mineures ou récidivistes qui travaillent de force dans des usines.
Philippe GRANGEREAU De notre correspondant à Pékin
[Source ; Libé]
Laogai
Le laogai (chinois simplifié : 劳改 ; pinyin : láogăi ; abréviation de 劳动改造 láodòng gǎizào, « rééducation par le travail ») est un camp de rééducation par le travail en République populaire de Chine. C’est l’équivalent de ce qui était appelé « goulag » en Union soviétique.
Histoire
Sous Mao Zedong, le laogai était un réseau de camps de travaux forcés pour les ennemis du Parti communiste chinois selon les « neuf catégories de nuisibles » (propriétaires fonciers, paysans riches, contre-révolutionnaires, mauvais éléments, droitistes ou droitiers, militaires et agents du Kuomintang, agents ennemis capitalistes et les intellectuels pendant la Révolution culturelle). Aujourd’hui encore, nombre de ces centres de détention existent. On y trouve les opposants politiques, dissidents, et étudiants présents lors des manifestations du 27 avril et 4 juin sur la place Tian’anmen en 1989. On trouve donc également dans ces camps, des activistes qui reconnaissent le pape, des activistes tibétains et un nombre important de pratiquants du Falun Gong.
Du point de vue répressif, le système de « rééducation par le travail » autorise à enfermer les délinquants ou les opposants politiques « pour une durée pouvant aller jusqu’à quatre ans, de manière extrajudiciaire, sans procès ni possibilité de recours à un avocat »2.
Règlement du laogai du Parti communiste chinois
Manuel de réforme de procédure criminelle approuvé par le Bureau du laogai du ministère de la Justice
« La tâche essentielle de nos installations du laogai est de punir et réformer les criminels. Pour définir concrètement leurs fonctions, elles remplissent leurs tâches dans les trois domaines suivants :
• punir les criminels et les garder sous surveillance.
• réhabiliter les criminels.
• faire participer les criminels au travail et à la production, créant ainsi de la richesse pour la société.
Nos installations du laogai sont à la fois des services de l’État et des entreprises spécialisées. »
Décision du Conseil d’État relative à la rééducation par le travail
« Les catégories suivantes de personnes peuvent être embauchées pour être éduquées par le travail :
Les contre-révolutionnaires et réactionnaires anti-socialistes dont les crimes sont mineurs et ne font pas l’objet d’une poursuite criminelle et qui ont été renvoyés des administrations du gouvernement, des organismes, entreprises, écoles et autres unités, et n’ont aucun moyen de gagner leur vie. »3.
Le laogai, entre goulag et entreprise
Types de camps, production, produits
La Laogai Research Foundation dénombre 4000 camps de travail, centres de détention et prisons ayant le caractère de camps laogai. Ce nombre est obtenu en prenant en compte des centres de détention prenant l’apparence d’usines, de fermes et de mines. Pékin a reconnu officiellement que les marchandises produites dans ces camps rapportaient en moyenne 200 millions d’euros par an.
À partir de 1983, alors que Deng Xiaoping fait de chaque laogai une entité économique autonome, le directeur de camp est devenu chef d’entreprise.
Les produits du laogai sont divers et variés allant du thé noir à l’amiante, en passant par les pièces automobiles, produits chimiques (engrais, poudre noire), ciment, jouets, agriculture (coton, riz, etc.), mais aussi l’exploitation minière. Les prisonniers produisent pour l’exportation environ 150 articles différents. Et « si la qualité n’est pas satisfaisante, le prisonnier est battu »4.
Le journaliste Gilles Van Grasdorff indique concernant les ouvriers de la ligne ferroviaire Qing-Zang réalisée dans les provinces du Tibet et du Qinghai entre 2004 et 2006, « ces travailleurs, hommes, femmes et enfants provenaient tous des laogais, nombreux dans la région »5.
Bilan
Le système du laogai est estimé à plus de 1000 camps à travers les différentes régions de la République populaire de Chine. D’après le gouvernement chinois, il concerne actuellement plus de 2 millions d’individus, mais entre 4 et 6 millions de prisonniers selon la Laogai Research Foundation. Cette organisation, créée par Hongda "Harry" Wu, ancien prisonnier chinois du laogai, estime à plus de 50 millions le nombre de prisonniers chinois qui sont passés dans ces camps depuis l’arrivée des communistes au pouvoir en 1949 et à 20 millions d’hommes et de femmes qui y sont morts (froid, faim, maladie, fatigue, exécutions sommaires, etc.).
La République populaire de Chine est souvent accusée de ne pas respecter les Droits de l’homme dans les laogai.
Début 2013, les autorités chinoises évoquent la possibilité de supprimer les laogai. Le Parlement chinois devrait voter en mars 2013 un projet visant à une réforme importante du système de « rééducation par le travail »2.
Voir aussi
Jean Pasqualini le seul Français ayant survécu au Laogai, il a témoigné dans un livre paru en 1974 : Prisonnier de Mao.
Bibliographie
Harry Wu, Vents amers, souvenirs du Laogai, éditions Bleu de Chine, 383 pages, ISBN 2-910884-05-8
Harry Wu, Laogai, le goulag chinois, éditions Dagorno, 322 page, ISBN 2-910019-30-6, (édition abrégée en poche, 222 pages, ISBN 2-910019-44-6)
Références
• (en) Harry Wu, Fang Lizhi, Laogai—The Chinese Gulag, Westview Press, 1992 (ISBN 081331769X), p. 264
• a et b Vers l’abolition du «goulag chinois» [archive], Arnaud de La Grange, Le Figaro.fr, 7 janvier 2013
• D’après Œuvres choisies des règlements de sécurité publique de la République populaire de Chine, p. 209, Pékin
• Libération du 28 janvier 1997
↑ La nouvelle histoire du Tibet, de Gilles Van Grasdorff, édition Perrin, octobre 2006 Page 453, (ISBN 2-262-02139-2)
[Source : wikipedia]
Vers l’abolition du «goulag chinois»
07/01/2013
Le Parlement chinois pourrait adopter en mars le projet qui lui a été soumis de suppression, ou à tout le moins de réforme, du système de «rééducation par le travail».
Les sinistres camps de travail chinois pourraient disparaître dès cette année. C’est le plus haut responsable chinois en matière de sécurité, Meng Jianzhu, qui l’a annoncé ce lundi, en révélant que le projet de suppression du système de «rééducation par le travail» avait été soumis aux commissions compétentes du Parlement chinois. La décision pourrait ainsi être adoptée en mars, lors de sa session annuelle. Le communiqué est laconique, mais l’agence officielle Chine Nouvelle l’a commenté sur un ton étonnant, titrant sur l’espoir de voir ce dispositif «disparaître dans les poubelles de l’histoire». Plus tard dans la journée, Chine Nouvelle ne parlait plus que d’une simple «réforme».
En septembre dernier, les autorités chinoises avaient laissé entendre que cette révolution était à l’étude. Les médias officiels avaient évoqué des «projets pilotes», lancés dans quatre grandes villes du pays, dont Nankin. Il s’agissait notamment de tester en remplacement un système «d’éducation et de correction des délits», dans lequel la police ne serait plus seule à avoir la main et où certains condamnés pourraient être rééduqués en restant dans leur communauté. Soit une liberté restreinte au lieu d’une perte totale de liberté. Même si la suppression n’est pas totale, une réforme aura bien lieu.
Il faut dire que les camps de rééducation par le travail - les fameux laogai - étaient depuis longtemps sous le feu d’intenses et publiques critiques. L’été dernier, ils avaient suscité une flambée de colère sur Internet, après une triste affaire survenue dans la province du Hunan. Tang Hui, une mère de famille dont la fille avait été violée à l’âge de 11 ans et forcée à se prostituer, demandait instamment aux autorités - par le système des pétitions - que les coupables soient punis plus sévèrement. Y compris des policiers impliqués selon elle. Son insistance lui avait valu d’être condamnée à dix-huit mois de camp de travail, pour avoir «troublé l’ordre social et exercé une influence négative sur la société». À la suite de cela, des avocats célèbres avaient envoyé une lettre ouverte au ministère de la Justice, l’appelant à introduire de la transparence dans le système.
Sinistre invention maoïste, le laogai a perduré et même prospéré jusqu’à nos jours. Mao avait théorisé la rééducation par le travail en 1957, pour traiter les petits délinquants et les gêneurs, des intellectuels notamment. Un temps mis en veille pendant la Révolution culturelle, le laogai a été réactivé dans les années 1980 et s’est développé depuis, avec une fâcheuse propension à s’étendre à toutes les voix quelque peu dissidentes. Vu du côté répressif, le système présente l’immense avantage de permettre d’enfermer quelqu’un pour une durée pouvant aller jusqu’à quatre ans, de manière extrajudiciaire, sans procès ni possibilité de recours à un avocat. Selon des chiffres officiels, il y aurait environ 350 camps de travail à travers le pays, mais leur nombre serait bien plus important.
Si le laogai disparaît avec le printemps, la nouvelle équipe dirigeante chinoise s’offrira un joli succès d’image auprès de la société civile chinoise. En août dernier, l’agence Chine Nouvelle avait osé publier un sondage Internet montrant que 87% des participants souhaitaient l’abolition du système.
[Source : Le Figaro]
Chinese Activist Raises Awareness of Chinese Labor Camps
Critical of Obama, businesses for lack of action on prisoner abuses
December 20
Harry Wu, a former prisoner in a Chinese labor camp, has met several U.S. presidents, including President Barack Obama.
He gave President Obama a copy of his book, Laogai: The Chinese Gulag. How did the president thank him?
“He sent a letter back to me saying, ‘I appreciate your good writing in the book; I hope you can continue doing that.’ That’s it!” Wu told the Washington Free Beacon in an interview.
“I said I don’t need that; I don’t need you to say I’m a good writer. I want you to care about the case,” Wu said. “But have you heard anything by Obama on human rights violations in China?”
Wu established the Laogai Research Foundation (LRF) in 1992 and later Washington, D.C.’s Laogai Museum in 2008, the first U.S. museum to directly address human rights violations in China. His mission is to raise awareness about China’s oppressive Laogai labor prison camp system, where he was once detained for 19 years.
“People today have the Holocaust issue; they have the [Soviet] Gulag issue,” he said. “Everybody today understands and condemns it. But the Chinese don’t have the Laogai system issue.”
Wu was imprisoned in 1960. Communist revolutionary leader Mao Zedong had just begun to implement his “Great Leap Forward,” a disastrous agricultural collectivization program that resulted in mass starvation and the deaths of between 30 and 50 million people.
Wu said he was a victim of the “class struggle” instigated by the CCP at the time. He was labeled a “counterrevolutionary” by party authorities because his father was a banker, a member of the “capitalist class.”
Wu worked 12 hours a day at a coalmine with two shifts, from midnight to noon and noon to midnight. Prison authorities used food as a means of control, he said.
“The guard would say, ‘Good labor, good food; bad labor, bad food. Refuse labor? No food,’” Wu said.
“Many people disappeared. Many people died, starved to death, killed, whatever,” he said.
While Wu was detained at the camp, his brother was killed. His brother had left home to join the communist rearguard and receive “reeducation” from poor peasants. He helped take care of the peasants and paint their homes during the “Cultural Revolution”—Mao’s directive to Chinese youth and CCP-backed militias to purge “impure,” counterrevolutionary elements of society by persecuting millions and executing hundreds of thousands.
Party authorities suspected Wu’s brother of damaging a portrait of Mao, he said.
“They probably executed about 100,000,” he said. “My brother was one of them.”
Today’s Laogai system contains more than 1,000 prisons and “reeducation through labor” camps, according to the LRF, but the exact number is difficult to determine because the Chinese government does not release statistics about them.
Dissidents like Wang Wanxing can also be involuntarily confined to psychiatric detention centers or held indefinitely in extrajudicial “black jails” hidden in hotels and warehouses. Wanxing was diagnosed with “political monomania” and forced to spend 13 years in a psychiatric hospital near Beijing after he unfurled a banner in Tiananmen Square commemorating the third anniversary of the 1989 pro-democracy protests.
Petty criminals and dissidents are often arbitrarily arrested and indefinitely detained before facing what activists say are sham trials. Judges are appointed by the CCP and no defense lawyers are allowed. Of those charged with “endangering state security,” 99 percent are convicted.
Once inside the prisons and camps, the detainees can be brainwashed, beaten, electrocuted, confined in 3ft x 6ft cells, burned with cigarettes and soldering irons, sexually assaulted, and sterilized. Organ harvesting from dead prisoners has also become a lucrative business in China.
China changed the name of its Laogai facilities to “Jianyu” in 1994 and claims that it has abolished the “reeducation through labor” camps. About 3 to 5 million people are believed to be held in the Laogai camps at any given time.
China also banned the export of products from its forced labor camps in 1991, but manufacturers continue to evade those rules by mixing them in with legal goods and making them indistinguishable. The camps produce 72 different types of products, including binder clips, coffee mugs, stuffed animals, wine, wrenches, boots, and other articles of clothing. The LRF is currently working with a former prisoner who says she found the tea she produced at her camp in New York.
Wu has continued to try and expose these camps, which he calls “construction companies of a different name,” by cutting small holes in his bag for a camera lens and secretly filming them while in China. He was arrested again in 1995 and held in a hotel. He documented his detention by penciling notes in the spine of his dictionary and pasting pages together with rice congee, his breakfast.
Wu said he remains disheartened by multinational companies that do business with the CCP.
Chinese human rights activists have sued U.S. tech giant Cisco for allegedly customizing its “Golden Shield” technologies to facilitate human rights abuses and censor the plaintiffs’ publications. Cisco has marketed the technology to China as a means of combating the “Falun Gong evil religion” and addressing the challenge from “westerniz[ing],” according to a presentation by the company.
“I’m not going to say Americans have to stop business with China, but I’m complaining, saying ‘why don’t you want to talk about human rights?’” Wu said.
He said U.S. officials continue to discuss human rights “under the table” and are unwilling to publicly condemn the Laogai, Internet censorship, 400 million forced abortions and sterilizations under China’s one-child policy, and the persecution of Christians.
Still, Wu holds out hope that he can one day move the Laogai museum to China.
“I wish one day the museum can return to China—somewhere in Beijing, Shanghai, telling the people that in our history one of the regime’s leaders, because some of the people disagreed with him or criticized him, they would spend their lives in the prison camp,” he said.
“If the people remember this history they would not allow any regime in the future to do it again. This is democracy.”
[Source : Washington Free Beacon]