Pour la énième fois, Vargas Llosa réaffirme sa conviction qu’il faut en finir avec la guerre aux drogues. C’est cette fois avec l’autorité du Prix Nobel de littérature 2010 que le fameux écrivain péruvien tente à nouveau de lancer ce pavé dans la mare anti-prohibitionniste.
C’est aussi au vu de la tragédie mexicaine, que l’évidence qu’il énonce ici devrait prendre toute sa force : peut-on admettre de laisser perdurer ainsi de prétendues guerres civiles dont le nombre de morts dépasse celui de véritables guerres. Plus de 3000 personnes par an en meurent seulement à Ciudad Juarez, et l’on compte plus de 25 000 morts depuis l’élection de l’actuel président Calderon.
Rappelons que c’est le gouvernement mexicain qui trafique les drogues, instrumentalise les gangs et organise la terreur civile. Soulignons que ce programme politique criminel s’est développé dans le cadre de la coopération policière franco-mexicaine, où les flics français ont enseigné aux flics mexicains les ficelles de la French connection.
Quant à celle-ci, applaudissons à l’article 108 du la Loppsi, que le Conseil constitutionnel a oublié de censurer, et qui… légalise le trafic de drogues en le réservant à la police et aux douanes !
La French connection, inventée dès les années trente dans la concession française de Shanghaï, lancée à grande échelle pendant la guerre d’Indochine en organisant le Triangle d’or à la frontière Laotienne pour le bénéfice des forces spéciales françaises, développée par les services secrets français au niveau mondial dans les années 60/70 jusqu’à atteindre la célébrité et même les honneurs d’un film portant son nom, la French connection, cette pratique criminelle des services français, est ainsi désormais légale ! Bravo.
L’écrivain Mario Vargas Llosa a déclaré que la légalisation des drogues était la seule solution pour parer à la montée des violences en Amérique Latine.
L’auteur péruvien Mario Vargas Llosa a déclaré jeudi 3 mars, lors d’une conférence de presse dans le cadre de la présentation de sa pièce de théâtre Les Mille et une nuits, que la situation de violence liée au trafic de drogue au Mexique était susceptible de s’étendre au reste de l’Amérique Latine, si les gouvernements ne se décidaient pas à légaliser les drogues.
La répression n’est pas la solution contre le trafic de drogue
"La répression n’en finira pas avec les drogues" déclare le prix Nobel de littérature 2010. Bien qu’il qualifie la lutte contre le trafic de drogue, menée au Mexique depuis quatre ans, de "courageuse" et "héroïque", l’écrivain estime que le nombre de morts qu’elle a provoqué est disproportionnel aux résultats effectifs mesurés.
En 2006, le président mexicain Felipe Calderon, à peine élu, a lancé une offensive frontale contre les cartels de drogues, faisant un usage intensif de l’armée et de la police fédérale. À cette époque, bien que des arrestations aient été effectuées au sein des réseaux, c’est une guerre sanglante de territoire entre les différents cartels qui a éclaté. Le nombre annuel de morts attribuées aux activités du crime organisé en 2010 a presque sextuplé depuis 2007, passant de 2 700 à 15 273.
Ciudad Juarez est le théâtre des affrontements les plus sanglants entre les cartels "de Juarez" et "de Sinaloa" pour le contrôle du marché local et du trafic de drogue vers les Etats-Unis, premier client mondial de cocaïne. Leur rivalité a fait plus de 2600 morts en 2009 et 2500 cette année dans cette ville de 1,3 million d’habitants.
Légaliser pour sauver les démocraties latino-américaines
L’écrivain affirme qu’il est maintenant nécessaire de se pencher sur d’autres alternatives afin de préserver les démocraties latino-américaines d’une émergence de la violence liée au narcotrafic. La situation mexicaine est "un indice, une annonce de ce que vont vivre les peuples latino-américains à court ou à long terme, eux qui subissent déjà les conséquences du narcotrafic dans bien des domaines", peut-on lire dans un article du journal mexicain El Universal. L’auteur insiste sur le fait que le trafic de drogue "viendra à bout de la démocratie" et sur le fait que la "légalisation des drogues est la seule solution pour en finir avec les violences qui y sont liées". Il admet cependant qu’une telle légalisation comporte également des risques.
Investir dans la prévention plutôt que dans la répression
Selon lui, la légalisation doit mener à un dialogue entre les pays producteurs de drogues, commençant par son propre pays, le Pérou, premier producteur de cocaïne au monde, et les consommateurs de drogue, reprenant par là une idée lancée par l’ex président brésilien Fernando Henrique Cardoso. Il insiste sur le fait que la légalisation permettrait que les "quantités phénoménales d’argent destinées aujourd’hui à des politiques répressives soient utilisées dans des politiques préventives et de réhabilitation".
[Source : L’express]