Alors que l’on remarque toujours davantage de corps qui se blottissent sur des bancs, dans des trouées de bétons, dans les buissons, qui s’entassent, dans des failles entre des grand bâtiments, dans le métro. Des gens à la rue, des vieux, des vieilles qui se ratatines, des enfants qui ne dorment pas dans la lumière blafarde des rues de la capitale française. L’état impose la baisse des moyens alloués et déjà insuffisant. Les centre d’hébergements ferment. Celui de Yves-Garel dans le 11ème a fermé ses portes le 30 juin, c’était l’unique refuge pour des femmes en errance - 38 places leur étaient réservées.
Baisse des moyens et hausse de la demande : le Samu social en crise
Par Anne Simonot - 04 juillet 2011
Face à un "contexte social où l’humain passe au second plan derrière les logiques économiques", les salariés du Samu social de Paris organisent mercredi 6 juillet un mouvement social destiné à dénoncer "des restrictions budgétaires limitant ses missions de façon drastique".
Une mobilisation qui survient quelques jours après la fermeture, faute de moyens, d’un centre d’hébergement parisien géré par l’organisation et accueillant des femmes sans abri.{}
Les familles sont prioritaires...
Il s’agit donc aujourd’hui, pour les personnels du groupement d’intérêt public (GIP), "d’alerter l’opinion publique et de faire entendre [leurs] revendications quant aux modalités de prise en charge des personnes sans abri, isolées ou en famille, qui dorment actuellement dehors par centaines (y compris des enfants)".
En effet, "l’instauration de quotas d’entrée sur le dispositif 115 a eu pour résultat de réduire presque à néant l’accès à une prise en charge pour les familles demandant une mise à l’abri, accentuant ainsi leur détresse et leur précarité, alors même que ce dispositif constituait pour elles le dernier filet de sécurité (certes imparfait) de notre société", dénoncent les salariés mobilisés, dans un communiqué adressé aux ASH.
Depuis le 11 mai dernier, le Samu social se trouve en effet dans l’obligation de n’accepter une nouvelle personne dans le dispositif que si deux en sont sorties.
... mais les places manquent
Et si les consignes de l’État affichent toujours comme prioritaire l’accueil inconditionnel des familles, comme la préfecture de région l’a réaffirmé, il y a quelques jours, en réponse au "manifeste pour une autre politique de l’hébergement et du logement des sans-abri" lancé par des élus franciliens de gauche, ce principe est évidemment battu en brèche par la réduction du nombre de places disponibles.
Et ce d’autant plus que, parallèlement, la proportion des familles parmi les appelants du 115 n’a cessé d’augmenter, pour atteindre les deux tiers des demandes d’aide aujourd’hui.
Depuis un mois, ce sont ainsi près d’une centaine de personnes, dont une soixantaine d’enfants en moyenne, qui se retrouvent contraintes de dormir dehors, selon les collaborateurs du Samu social de Paris, qui ont déposé un préavis de grève pour le 6 juillet et dont les représentants syndicaux doivent rencontrer la direction mardi soir.
Assurer la mise à l’abri
Au final la situation devient tellement ubuesque que les salariés du Samu Social disent en être "réduits à orienter [les demandeurs] vers les hôpitaux pour une mise à l’abri, bien que ceci ne soit adapté ni pour les usagers ni pour les structures hospitalières qui n’ont rien à leur proposer et dont cela gêne le bon fonctionnement".
Et si, aujourd’hui, l’urgence tend ainsi à s’installer, constatent-ils encore, "c’est bien que la réinsertion de ces familles vers le logement intermédiaire ou social est encore trop limitée, voire inaccessible".
"Plutôt que sur les économies à court terme, les efforts devraient être concentrés sur une réelle politique de lutte contre la précarité en développant les dispositifs de prévention, d’insertion et la mise en place de solutions adaptées (ce qui n’est pas non plus le cas de la prise en charge hôtelière)", avancent-ils ainsi. Et, "tant que celles-ci ne sont pas encore opérantes, (...) maintenir au moins le minimum qui était jusque là assuré : la mise à l’abri".
PLUS D’ACCUEIL DES FEMMES EN FRANCE APRES LA FERMETURE DU CENTRE YVES-GARREL
Installé dans des "locaux extrêmement vétustes mis à disposition par la Ville de Paris", le centre d’hébergement d’urgence Yves-Garrel a donc fermé ses portes le 30 juin dernier, au grand dam des usagers comme des salariés et des bénévoles du Samu social.
Située boulevard Richard-Lenoir (11e arrondissement), il s’agissait en effet de la seule structure de l’organisation à pouvoir accueillir les femmes en errance, qui y disposaient de 38 places réservées, contre 55 pour les hommes.
En attendant la construction d’un nouveau centre, ces derniers bénéficieront d’un bâtiment provisoire dans le 15e, mais les moyens manquent pour financer un nouveau centre destinés aux femmes orientées par les maraudes, ainsi que des locaux suffisamment grands, a confirmé au site des ASH Stefania Parigi, directrice du Samu social.