[ [ [ New-York : L’État et la police s’inclinent devant les indignés - Yannis Lehuédé

On a pu recevoir sur facebook, il y a une heure, le message suivant :
« Hier, la mairie de New York, la police et les propriétaires du parc où se déroule l’occupation de Wall Street s’étaient mis d’accord pour disperser et arrêter les militants pro-démocratie.
Mais des milliers de sympathisants ont convergé vers le parc en solidarité. Il y a quelques instants, la presse a indiqué que les propriétaires du parc ont retiré leur demande de dispersion des occupants et que la police a "ajourné" les arrestations sur l’occupation de Wall Street, en raison du nombre impressionnant de gens venus à New York protéger le rassemblement ! » (/réelle démocratie maintenant, facebook)
Cela a piqué notre curiosité, et bien que le net soit plutôt muet sur cet événement, nous avons trouvé sur le site des premiers intéressés un article relatant de cet événement (occupywallst.org). Nous vous avons traduit l’article de l’anglais, ci-dessous.
En France, et les indignés espagnols ont pu en témoigner lors de leur passage à Paris, la police de Guéant cherche par tous les moyens à museler ce mouvement à la recherche de démocratie, et cela depuis ses débuts. Rappelons que plus récemment, trois infirmières ont été blessées lors d’un assaut des CRS à Lyon, dont une s’est retrouvée entre la vie et la mort, et qu’un enfant de neuf ans a été éborgné par un tir de flashball à Mayotte quelques jours auparavant (lire les articles que nous avons publié ici et ici). Plus que le droit de manifester remis en cause, c’est une véritable peur de la police – et donc de la manifestation, même légale – qu’on tente de mettre en place, par des agressions de plus en plus violentes de la police d’État.
À New York, ce sont les indignés qui ont pris le dessus. Et à ce qu’on voit, ils ne sont pas près de lâcher…

Paris s’éveille

NEW YORK. Plus de 3 000 personnes se sont rassemblées à la Liberty Plaza (place de la Liberté) à l’aube ce matin pour défendre l’occupation pacifique près de Wall Street. La foule a applaudi lorsqu’elle apprit que la société immobilière multinationale Brookfield Properties va reporter son soi-disant « nettoyage » du parc et que le maire Bloomberg donné l’ordre à la police de New-York de ne plus disperser les manifestants. À la veille de la journée mondiale, le 15 octobre 2011, d’action contre l’avidité de Wall Street, cet événement a encouragé le mouvement et a envoyé un message clair : le pouvoir du peuple a prévalu contre Wall Street.

« Nous gagnons et Wall Street a peur », dit Kira Moyer-Silms, un manifestant de Portland, Oregon.
« Ce mouvement prend de l’ampleur, et est trop gros pour échouer. »

« Brookfield Properties fait parti des 1 % [De l’appel “Ils sont 1 %, nous sommes 99 %”, ndlr]. Ils ont investi 24 milliards de dollars dans des titres hypothécaires, pendant que des millions font face à des saisies et à des expulsions, dues à des prêts abusifs et à l’éclatement de la bulle immobilière que Wall Street a créée, ce n’est pas surprenant qu’ils ont menacé d’expulser l’occupation de Wall Street », dit Patrick Burner, un organisateur de “Occupy Wall Street” du quartier de Bed-Stuy de Brooklyn. « Mais Brookfield and Bloomberg a reculé, et notre mouvement s’approche des 99 % qui vont prendre les avenues pour appeler à une justice économique. »

L’annonce, tôt le matin, provenant du bureau du maire de New-York a surgie après que plus de 300 000 Américains aient signé la pétition pour arrêter l’expulsion, et aient saturé d’appel le 311 [Services municipaux de New-York, ndlr] en solidarité avec ceux de Liberty Square. À six heures du matin [midi à Paris], plus de 3 000 New-yorkais, syndiqués, étudiants, et d’autres ont rejoint les occupants du square pour envoyer un message clair à ces 1 % qui veulent réduire au silence cette assemblée pacifique des 99 %. Des dons ont été envoyés par des militants d’Italie, d’Angleterre, du Mexique, et de beaucoup d’autres pays, par des gens ordinaires qui espèrent aider le mouvement à grandir.

« Pendant trop longtemps les 99 % ont été ignorés alors que notre système économique s’effondrait. Les banques ont été renflouées, et nous avons été vendus », dit Harrison Schultz, analyste d’affaire de Brooklyn. « La cupidité de Wall Street a corrompu notre pays et a tué notre planète. Mais aujourd’hui, nous célébrons la victoire et nous engageons à continuer le combat pour la justice et le changement à Wall Street, dans plus de 100 villes aux États-Unis et dans plus de 950 villes dans le monde. »

Le 15 octobre 2011, “Occupy Wall Street” manifestera de concert avec 951 villes dans 82 pays, et comptera parmi les gens du monde, autour de la planète, qui participent à la journée internationale de solidarité contre la cupidité et la corruption des ces 1 %. »

“Occupy Wall Street” est un mouvement propulsé par le peuple, qui commença le 17 septembre 2011 au Liberty Square dans le quartier d’affaire de Manhattan, et s’est diffusé dans plus de cent villes des États-Unis et qui est présent dans plus de 1 500 villes à travers le monde. #OWS (Occupy Wall Street) se bat contre le pouvoir corrompu des grandes banques et des sociétés multinationales dans le système démocratique, et met en lumière le rôle de Wall Street dans l’effondrement économique qui a créé la plus grande récession depuis des générations. Ce mouvement est inspiré par les soulèvements en Égypte, en Tunisie, en Espagne, en Grèce, en Italie et au Royaume-Uni, et vise à démontrer comment les 1 % les plus riches de la planète écrivent les règles de l’économie planétaire et imposent un agenda néolibéral et économique inégal.

Article en anglais

#OWS VICTORY: The people have prevailed, gear up for global day of action

Posted Oct. 14, 2011, 8:51 a.m. EST by OccupyWallSt

People power triumphs over Wall Street’s bid to end the protests mayor bloomberg and Brookfield Inc. back down on eviction world prepares for day of action Saturday October 15 in 950+ cities in 82 countries. We Are Winning!

NEW YORK, NY – Over 3,000 people gathered at Liberty Plaza in the pre-dawn hours this morning to defend the peaceful Occupation near Wall Street. The crowd cheered at the news that multinational real estate firm Brookfield Properties will postpone its so-called “cleanup” of the park and that Mayor Bloomberg has told the NYPD to stand down on orders to remove protesters. On the eve of the October 15 global day of action against Wall Street greed, this development has emboldened the movement and sent a clear message that the power of the people has prevailed against Wall Street.

“We are winning and Wall Street is afraid,” said Kira Moyer-Sims, a protester from Portland, Oregon. “This movement is gaining momentum and is too big to fail.”

“Brookfield Properties is the 1%. They have invested $24 billion in mortgage-backed securities, so as millions face foreclosure and eviction due to predatory lending and the burst of the housing bubble that Wall Street created, its not surprising they threatened to evict Occupy Wall Street,” said Patrick Burner, an organizer with Occupy Wall Street from the Bed-Stuy neighborhood of Brooklyn. “But Brookfield and Bloomberg have backed down and our movement is only growing as the 99% take to the streets world wide to call for economic justice.”

The early morning announcement from the Mayor’s office in New York came after 300,000+ Americans signed petitions to stop the eviction, and flooded the 311 phone network in solidarity with those in Liberty Square. At 6 AM this morning, 3,000+ New Yorkers, unions, students, and others joined the occupiers in the square to send a clear message to the 1% who want to silence this peaceful assembly of the 99%. Donations poured into the protesters from Italy, England, Mexico and many other countries by everyday people hoping to help the movement grow.

“For too long the 99% have been ignored as our economic system has collapsed. The banks got bailouts and we’ve been sold out, ” said Harrison Schultz, business analyst from Brooklyn . “Wall Street’s greed has corrupted our country and is killing our planet. But today we celebrate victory and vow to keep fighting for justice and change on Wall Street, and in over 100 cities in the US and over 950 cities globally.”

On October 15th, Occupy Wall Street will demonstrate in concert over 951 cities in 82 countries and counting as people around the globe protest in an international day of solidarity against the greed and corruption of the 1%.

Occupy Wall Street is a people powered movement that began on September 17, 2011 in Liberty Square in Manhattan’s Financial District, and has spread to over 100 cities in the United States and actions in over 1,500 cities globally. #OWS is fighting back against the corrosive power of major banks and multinational corporations on the democratic process, and the role of Wall Street in creating an economic collapse that caused the greatest recession in generations. The movement is inspired by uprisings in Egypt, Tunisia, Spain, Greece, Italy and the UK, and aims to expose how the richest 1% of people who are writing the rules of the global economy and are imposing an agenda of neoliberalism and economic inequality.

Autre article par boursorama.com

Les manifestants anti-Wall Street de New York obtiennent un sursis :

Les manifestants anti-Wall Street de New York ont obtenu vendredi une "victoire" au moins provisoire, avec le report des opérations de nettoyage du square qu’ils occupent depuis le 17 septembre au coeur du quartier financier.

Au moins trois manifestants ont été interpellés peu après à proximité du square, lors d’échauffourées avec la police, a constaté un journaliste de l’AFP, selon lequel la police est intervenue contre un groupe de manifestants qui marchaient sur la chaussée, ce qui n’est pas autorisé. L’un d’eux avait le visage en sang.

La mairie de New York a précisé dans un communiqué que le propriétaire du square Zuccotti "reportait le nettoyage du parc" prévu vendredi, ce qui a suscité une immense clameur de joie parmi les milliers de manifestants, étudiants, syndicalistes et sympathisants qui s’étaient massés dans le square avant même le lever du jour.

L’annonce de ce report a été faite dans le square une demi-heure environ avant le début des opérations de nettoyage qui devaient commencer à 7h00.

"C’est une grande victoire pour nous", a déclaré à l’AFP Senia Barragan, une porte-parole du mouvement, ajoutant que "Occupy Wall Street" (OWS) allait maintenant réfléchir "à la suite", et à comment "étendre le mouvement".

"Mais je ne suis pas vraiment surprise", a-t-elle ajouté, en soulignant la mobilisation observée vendredi matin.

Dans son communiqué, la mairie précise que Brookfield property "pense pouvoir parvenir à un arrangement avec les manifestants pour que le parc reste propre, sûr, et utilisable par le public, dans le respect des commerces et résidents".

Certains manifestants avaient passé la nuit à le nettoyer. Une partie du matériel amassé depuis le 17 septembre en avait été évacué, des fleurs replantées.

"Les gens unis, ne seront jamais vaincus", scandait la foule qui a applaudi à tout rompre à l’annonce du report des opérations de nettoyage.

"Nous n’avons pas l’intention de partir", ont affirmé un peu plus tard les manifestants, amplifiant comme à l’habitude ce que disent les intervenants pour compenser le fait qu’ils n’ont pas droit à des haut-parleurs.

"J’étais prêt à être arrêté, mais je vais partir travailler", commente Zach Loeb, 27 ans, un bibliothécaire à temps partiel qui avait installé avec d’autres une librairie dans le square.

"Je suis ravi, et cela me donne de l’énergie, mais je ne baisse pas la garde", ajoute-t-il avant de quitter le square bondé.

Jeudi soir, "Occupy wall Street", qui occupe le square depuis près d’un mois, avait lancé sur internet un "appel urgent à agir pour éviter la fermeture forcée" du campement. "Rejoignez-nous à 06h00 vendredi, pour une défense non violente à l’expulsion", avait écrit le mouvement, qui depuis quatre semaines dénonce la cupidité de Wall Street et la corruption des 1% les plus riches.

54% des Américains sont favorables au mouvement, selon un sondage publié jeudi.

Vendredi matin, des milliers de personnes, dont des militants syndicaux avaient convergé vers le square, entouré de barrières, avec une police omniprésente.

"Policiers, ne préféreriez vous pas arrêter un banquier? ", pouvait-on lire sur une pancarte. "Liberté de rassemblement", affirmait une autre.

Brookfield property avait fait savoir jeudi qu’il allait nettoyer le square vendredi et demandé qu’en soit retiré tout ce qui y a été amassé depuis le 17 septembre par les manifestants qui sont plusieurs centaines à y dormir toutes les nuits.

Le commissaire de police de New York Ray Kelly avait précisé qu’une fois le nettoyage terminé — prévu pour durer toute la journée de vendredi — les manifestants pourraient y revenir, mais dans le respect du règlement de ce parc privé mais ouvert au public, c’est à dire "sans les sacs de couchage".

Les manifestants qui dorment en plein air avaient dénoncé une manoeuvre pour mettre fin à leur mouvement.

"Vendredi, un panneau affirmait fièrement : "Bloomberg n’a pas expulsé OWS".

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