[ [ [ Camp pour étrangers de Vincennes, vendredi 23 septembre 2011‏ - Yannis Lehuédé

Lundi soir (19 septembre), huit retenus du bâtiment 3 se sont évadés du centre de
rétention de Vincennes. L’un d’eux a été rattrapé. Les flics sont
intervenus plusieurs fois dans la semaine dans les différents bâtiments
du centre.
Des retenus du CRA 2 refusent de regagner leurs chambres et sortent
leurs matelas pour dormir dehors, aujourd’hui ils ont refusé de manger
et ont rédigé une lettre avec l’ASSFAM.
Il y a quelques jours, une émeute a éclaté suite à plusieurs tentatives
de suicide de retenus au CRA de Bobigny, plusieurs retenus ont été
transférés à Vincennes.

Prison pour étrangers de Vincennes, vendredi 23 septembre 2011

« C’est une vie de merde, on est dans une cage, la bouffe, c’est de la
merde. Il y a huit personnes qui ont voulu s’évader, un qui a été rattrapé,
ils étaient au bloc 3. Nous, au bloc 1, on a essayé hier, ça n’a pas
marché. Hier soir c’était chaud, ils ont ramené les troupes
d’interventions, les CRS, ils ont frappé à peu près tout le monde à
coups de boucliers, il y a eu quelques portes de cassées, y en a qui
sont partis en garde à vue. Zarma, ils auraient cassé la porte, ils les
ont pris au hasard.

On est solidaires entre nous, on s’aide pour les clopes pour tout. Y a
un chinois, je trouve qu’il est malade, ça fait trois nuits, il dort
dehors, il prend son matelas alors qu’il fait froid, ils en ont rien à
foutre. Y en a un qui a mis une corde, il a voulu se suicider, j’ai parlé
avec le policier, il m’a répondu, j’en ai rien à foutre qu’il crève. Des
mots comme ça, ça ne se dit pas. Le système pour nous, en situation
irrégulière, c’est
« Ferme ta gueule ou crève. » C’est la merde totale,
ce qui compte c’est de mettre les gens dans des avions, les chiffres,
quoi, c’est ça qui compte.

Moi ils m’ont attrapé avec mon passeport, je peux rien faire, ça fait 22
ans que j’habite en France. Ils m’ont mis une interdiction de
territoire, ça fait presque deux semaines que je suis ici. On m’a mis
l’avion aujourd’hui, et j’ai refusé : je suis allé jusqu’à l’aéroport et
je suis revenu. Le commandant de bord m’a demandé si je voulais partir,
j’ai dit non. Le problème, c’est que tu risques la prison.

Tellement j’aimais la France, maintenant ce mot me fait horreur. Ils
nous forcent à faire des problèmes dès qu’on veut demander quelque
chose. Quand tu demandes à voir le chef, il est jamais là, mais dès que
y a un petit problème de rien du tout entre les retenus, il arrive en
deux secondes.

Deux retenus de Bobigny sont arrivés au CRA 1, il y a eu un problème
là-bas, ils auraient essayé de mettre le feu. Ils ont été transférés,
quelques-uns ici, les autres je sais pas. Ils ont fait une tentative de
suicide, le premier est sorti, l’autre est à l’hôpital. Les mecs qui
sont venus ici disent que c’est une histoire de bouffe.

Ils nous poussent à détester le mot France.»

[Source : fermeturetention@yahoo.fr]

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