La répression semble s’être calmée dans la ZAD de Notre Dame des Landes ces derniers jours. Le Préfet de Loire-Atlantique, qui avait planifié de détruire tous les abris sauf une grange - La Vache-Rit, propriété commune d’une quarantaine d’associations - semble avoir changé de tactique...
Dans la nuit de lundi à mardi, un vigile, seul au milieu de nulle-part, a été pris à partie par des personnes cagoulées qui auraient tenté de le brûler vif dans sa voiture avant de l’en sortir et le rouer de coups (les versions des évènements divergent). Il a réussi à s’échapper avec quelques blessures.
L’affaire a aussitôt intéressé les médias, relayant très vite les déclarations de la préfecture et la réaction immédiate du groupe Vinci qui, en dépit de la présomption d’innocence, mettent en cause les activistes "violents" venus défendent les terres promises au bétonnage alors que l’enquête débute à peine. Ils n’ont pas non-plus trouvé utile de signaler que ces derniers démentent l’action et n’ont pas tenté de réoccuper le lieu-dit "La Pointe" , évacué et muré depuis le 16 octobre.
Ce qui est encore plus surprenant, c’est que cette affaire survient alors qu’aucune opération des forces de l’ordre n’a été signalée depuis le 3 novembre. Signalons que les occupants de la ZAD sont restés pacifiques lors des vagues de destructions successives ordonnées par le gouvernement.
Cet incident intervient à quelques jours de la grande manifestation de réoccupation du samedi 17 novembre, qui nous appellerons de "reconstruction" à laquelle de nombreuses personnalités politiques nationales participeront, aux côté des "squatteurs", des agriculteurs, opposants historiques et militants écologistes.
On est en droit de s’interroger à qui profite cet acte criminel. Serait-ce une opération d’intoxication médiatique visant à criminaliser les opposants au projet d’aéroport aux yeux de l’opinion et diviser les "opposants historiques" et nouveaux venus ? Cette stratégie a été mainte-fois utilisée par les services gouvernementaux français, qui a l’habitude de ne pas laisser de trace et d’étouffer les enquêtes lorsqu’ils sont en cause. Toujours est-il que cette affaire tombe pile au moment où le mouvement de protestation submerge le grand-public !
Ces dernières semaines, les manifestations des collectifs de soutien à la résistance se sont multipliés ainsi que les appels à faire cesser la répression et rouvrir le dossier de la question d’"utilité publique" du projet d’aéroport.
Plusieurs syndicats ont annoncé leur participation à la manifestation et mettent à disposition des autocars pour se rendre sur place (Confédération Paysanne, Cohérence, la CNT, FFTE, Solidaires, Attac...). Les directions nationales des partis Europe-Écologie-Les-Verts ou le Parti de Gauche ont également confirmé leur présence et la mise à disposition de moyen de transport au départ de plusieurs villes de France.
Réjouissons-nous à l’idée de voir Jean-Vincent Placé et Jean-Luc Mélanchon mettre les pieds dans la boue et mouiller la chemise pour participer à la reconstruction de la Zone À Défendre !
Nous sommes tous conviés à participer, avec dès 11h samedi 17 novembre à partir de Notre Dame des Landes avec des poutres, matériaux de construction et d’escalade, cuisines collectives, chapiteaux, musiciens, batukadas, cabanes en kit, outils, tracteurs...
Paris s’éveille
Tout sur la manifestation du 17 novembre 2012.
Communiqué - 13 novembre
Nous apprenons aujourd’hui par la presse qu’un vigile aurait été agressé dans la nuit du 12 au 13 novembre par un groupe d’une vingtaine de personnes, devant le lieu-dit la Pointe. Parce que ce lieu était récemment encore occupé et qu’il a été muré depuis le début de la vague d’expulsions le mardi 16 octobre, la Préfecture s’est empressée de dénoncer une action des opposants. Elle en a profité pour ressortir son sempirternel discours de dissociation entre opposants historiques et nouveaux venus présumés violents.
Nous voulons rappeler que sur le terrain cette dissociation n’existe pas et que c’est toutes et tous ensemble que nous luttons contre ce projet d’aéroport. Nous voulons également rappeler que jusqu’ici toutes les actions de solidarité effectuées en lien avec la lutte de la ZAD ont été revendiquées. Ca n’a pas été le cas pour l’action de cette nuit. Pour nous il est donc impossible de nous prononcer dessus en l’état.
L’hypothèse d’une manipulation est pour nous envisageable, cette action tombant parfaitement pour détourner l’attention de ce qui reste l’essentiel : la préparation de la manifestation de ré-occupation du 17 novembre, et d’une manière générale l’amplification de la lutte contre le projet d’aéroport.
[Source : ZAD]
Vigile agressé à Notre-Dame-des-Landes : Jacques Auxiette « condamne la dérive criminelle »
Le patron de la Région Jacques Auxiette, qui préside également le syndicat mixte aéroportuaire, réagit après l’agression d’un vigile, la nuit dernière, à Notre-Dame-des-Landes. « Nous basculons aujourd’hui dans une violence criminelle d’activistes radicaux et nous vivons une escalade intolérable, rendue possible par la caution apportée par des responsables politiques. En soutenant et en annonçant leur présence sur place (à la manifestation prévue samedi 17), aux côtés des éléments les plus radicaux, ils laissent le champ libre à de tels agissements, affirme Jacques Auxiette. Ces professionnels de la guérilla, qui n’ont rien à voir avec les opposants historiques et légitimes avec qui le dialogue existe, se croient tout permis depuis des semaines. » Jacques Auxiette appelle les responsables politiques qui annoncent leur venue aux manifestations prévues en fin de semaine « à prendre leurs responsabilités, à condamner fermement et publiquement ces actes et à lancer un appel à la raison pour éviter d’autres drames. »
[Source : Ouest-France]
Texte de l’appel :
La lutte contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes n’a cessé de prendre de l’ampleur au cours des dernières années. Entre autres initiatives, un mouvement d’occupation s’est étendu sur les bâtis et bocages menacés. Il y un an, face aux menaces croissantes sur les différentes maisons, cabanes et potagers, des habitant.e.s de la ZAD et collectifs solidaires appelaient à une manifestation de réoccupation en cas d’expulsion.
Quand César patauge...
Depuis le mardi 16 octobre, l’offensive redoutée a commencé. Les 1800 hectares de la ZAD ont été envahis par 1200 policiers. Ceux-ci se sont attaqués petit à petit aux maisons et cabanes occupées qu’ils ont détruites et emportées minutieusement pièce par pièce hors de la zone, pour ne rien laisser qui puisse servir aux occupant.e.s. Les occupant.e.s et toutes celles et ceux qui les ont rejoint sur place ont résisté, barricadé, réoccupé. Ensemble, nous avons tout fait pour enrayer les machines de destructions et bloquer les mouvements policiers... Nous sommes toujours là !
Notre détermination a été renforcée par une grande vague de solidarité aux quatre coins de l’hexagone et au-delà : manifestations quotidiennes à Nantes et dans diverses villes, ravitaillement et soutien matériel, actions sur les représentations du PS, de Vinci et consorts, constructeurs de l’aéroport et broyeurs de nos vies.
Si la plupart des maisons en durs ont déjà été expulsées, ainsi que quelques cabanes, de nombreux autres habitant.e.s demeurent, dispersé.e.s dans les bois, les champs, dans les arbres. De nouvelles constructions sont déjà lancées. Outre les occupant.e.s, des habitant.e.s "légaux" et paysan.ne.s sont toujours menacé.e.s de devoir dégager de la ZAD dans les mois à venir. Autant dire que cette tentative d’expulsion XXL est partie pour durer. Les gros malins de la Préfecture ont officiellement intitulé leur opération militaire : « César ». A nous de leur prouver que la résistance face à l’aéroport est effectivement « irréductible » et qu’eux seront finalement défaits et ridicules.
On ne lâche rien et on est toujours là !
Au delà de l’appel à rejoindre la zone et à poursuivre les actions solidaires dans les semaines à venir, nous confirmons aujourd’hui qu’une grande manifestation de réoccupation aura bien lieu le samedi 17 novembre 2012, au départ d’un des villages proches de la ZAD.
Après ce premier round d’expulsions, nous aspirons à un moment de mobilisation large, constructive et offensive, partagé par les différentes composantes de la lutte : occupant.e.s, agriculteur.rice.s, habitant.e.s du coin et d’ailleurs, associations et groupes solidaires.... L’objectif sera de reconstruire ensemble un lieu ouvert d’organisation sur les terres menacées. Nous voulons faire de ce lieu un carrefour pour les opposant.e.s, un point de départ pour de nouveaux habitats, une antenne pour organiser la résistance aux travaux à venir, autant ceux de l’aéroport que du barreau routier, première étape du projet censée débuter en janvier. Ils peuvent bien militariser la zone, ils ne nous empêcheront pas de nous y réinstaller.
Ayrault, Vinci et consorts - le message est clair - Dégagez des terres !
INFOS SUPPLEMENTAIRES ET PRATIQUES
Cet appel à réoccupation a été lancé par le réseau Reclaim The Fields et des occupant.e.s de la ZAD qui avaient occupé des terres en friche avec plus d’un millier de personnes en mai 2012 pour y implanter la ferme maraîchère "Le Sabot" . Nous invitons aujourd’hui tous les groupes qui le souhaitent à relayer cette initiative et à rejoindre l’organisation du 17 novembre.
Au-delà d’une manifestation, il s’agit avant tout d’une action collective qui gagnera en puissance avec une présence longue et active du plus grand nombre. Prévoyez d’être là pendant le week-end et plus si possible pour amorcer l’occupation, continuer les constructions, les défendre, et en faire émerger des idées pour la suite.
Amenez des outils et matériaux divers et variés, des bleus de travail, du son, des créations loufoques, des radios portatives, des tartes à partager et une détermination sans faille.
Il sera possible d’arriver dès la veille. Un espace de campement sera annoncé dans les jours précédant la manifestation.
Vu l’énergie nécessaire à la résistance aux expulsions d’ici là et l’épuisement conséquent pour les occupant-e-s, la réussite de cette manifestation dépend de manière cruciale de l’implication des collectifs et individu-e-s solidaires partout ailleurs. Nous appelons à ce que s’organisent des réunions publiques, relais d’information et co-voiturages dans chaque bourg en vue du 17 novembre.
Des affiches et tracts photocopiables sont disponibles sur le site ou en format papier sur nantes (B17) ou sur la ZAD (Vache-rit). Tout soutien financier est le bienvenu (par chèque à l’ordre de “Vivre sans aéroport”, La Primaudière 44130 NDDL ; par virement : 20041 01011 1162852D32 36)
Comme la situation change chaque jour, guettez régulièrement les infos sur le site : http://zad.nadir.org/
En vue du 17 novembre, on cherche des poutres, matériaux de construction et d’escalade, cuisines collectives, chapiteaux, musiciens, batukadas, cabanes en kit, outils, tracteurs....
Pour tout échange, coup de mains, relais, propositions : reclaimthezad@riseup.net
POURQUOI ON LUTTE ?
Sur la résistance à l’aéroport et son monde.
À Notre-Dame des Landes, décideurs et bétonneurs planchent sur un nouvel aéroport pour parfaire leurs rêves voraces de métropole et d’expansion économique. Cela fait maintenant 40 ans qu’ils veulent anéantir sous le béton 2000 hectares de terres agricoles et d’habitats au nord de Nantes, la ZAD, Zone d’Aménagement Différé devenue Zone A Défendre.
Mais depuis les prémices de ce projet, des résistances s’organisent. Cette lutte est au carrefour d’enjeux sur lesquels s’unir et penser des stratégies communes. À travers elle, nous combattons l’alimentation sous perfusion, la société industrielle et son réchauffement climatique, les politiques de développement économique et de contrôle du territoire, les métropoles et la normalisation des formes de vie, la privatisation du commun, le mythe de la croissance et l’illusion de participation démocratique...
Aujourd’hui comme hier, les opposant-e-s, loin de baisser les bras, poursuivent la lutte : manifestations, recours juridiques, liens avec d’autres luttes, grèves de la faim, diffusion de journaux, péages gratuits, opposition aux forages, sabotages, perturbations des études d’impact de Biotope et des fouilles archéologiques, occupations de bureaux et de chantiers, etc...
Au grand dam de l’État et de Vinci qui rachètent et détruisent pour vider la ZAD, la vie et l’activité s’y sont densifiées et diversifiées depuis plus de trois ans. De nombreuses maisons laissées à l’abandon ont été réhabilitées et occupées, des cabanes ont été construites au sol et dans les arbres, des collectifs occupent des terres pour y faire du maraîchage. Des espaces de réunion, boulangerie, bibliothèque, gîte étaient ouverts à tous et toutes. Plus d’une centaine de personnes occupaient en permanence la ZAD, soutenues par de nombreuses autres du coin et d’ailleurs qui s’y rencontraient et s’y organisaient. Cette présence sur le terrain permettait des réactions rapides face au processus entrepris par Vinci en vue des travaux. C’est ce vivier créatif et indocile qu’ils cherchent aujourd’hui à éradiquer en vue de pouvoir commencer les travaux.
Nous gardons en mémoire les victoires passées contre les projets mégalos, du nucléaire au militaire. Comme au Carnet, à Plogoff ou au Larzac, nous savons que cet aéroport peut encore être stoppé. Nous regardons de l’autre coté des Alpes où l’opposition à la construction de la Ligne à Grande Vitesse Lyon-Turin mobilise toute une vallée, où des dizaines de milliers de personnes empêchent les travaux. Ici aussi toute tentative de bétonnage des terres leur coûtera cher.