[ [ [ Cessez-le-feu dans la ZAD assiégée ? - Yannis Lehuédé

La réponse du gouvernement, après les énormes manifestations dans la zone prévue pour le futur aéroport et à Nantes, était "Force reste à la loi", de la bouche du ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Les opérations d’expulsions ont repris avec une violence non-contenue depuis vendredi 23 novembre près de Notre Dame des Landes. Les forces de l’ordre, arrivées en nombre au petit matin, ont réveillé les occupants de la ZAD à coup de gaz lacrymogène près des nouvelles cabanes, censées être sur un terrain non-expulsable. Un arrêté préfectoral a ensuite été bricolé pour légaliser les violations de propriété, mais tout a été fait dans les règles dit la préfecture.
Les masques à gaz et les outils du chantier sont confisqués, ce qui est difficilement justifiable, mais on suggère - sans le dire clairement - la raison d’État : "pour éviter qu’un camp retranché [ne serve] de base arrière à des opposants radicaux" dans la forêt.
Malgré le bouclage de la zone, les grands médias relayent désormais l’information, mais ont repris en cœur le vocabulaire martial du ministre de l’Intérieur et qualifient les opposants sur place de "squatteurs" et relatent abondamment les "tirs-tendus" de fusée de détresse, cocktails molotov et jets en tout genre. Ironie de l’histoire, leurs images montrent des gendarmes mobiles tirant horizontalement des grenades lacrymogènes !
Ils ne relatent que très peu ou minimisent les résistants blessés par des éclats de grenades assourdissantes (parfois à la tête) ni l’exaspération croissante face à cette brutalité policière. Pourtant aussi objectives que possible, les informations en provenance des assiégés ne semblent pas prises en compte. Cette guerre se mène sur plusieurs fronts...

Imposant la sourde oreille aux arguments contre le projet, l’État a pourtant compris l’ampleur de la contestation : les rassemblement et actions qui ont lieu partout sur le territoire pour dénoncer cette brutalité sont surveillés par d’impressionnants dispositifs policiers, avec les habituelles intimidations et interpellations. De simples graphers d’une permanence parisienne du Parti Socialiste ont même vu leurs gardes à vue prolongées et ont subi des perquisitions jusqu’au plus profond de leurs ordinateurs. À la place de cette police politique, de tels moyens sont-ils déployés pour prévenir les profanations de lieux de culte ?

Ce projet d’aéroport a été élaboré par quelques notables et les enquêtes d’utilité publiques, réalisées il y a longtemps ne respectent plus les normes du Grenelle de l’Environnement, sans parler de la destruction de ce laboratoire avant-gardiste de construction d’habitats et d’agriculture biologique auto-géré.

La conception de concertation "démocratique" que revendique l’ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, est pour le moins étrange. Dans sa ville, des personnes ont subi des pressions, des élus locaux nous confiaient avoir eu la carrière brisée pour le fait de s’être engagés contre ce projet et on relève que les socialistes de Loire-Atlantique "fichaient" leurs opposants en 2007. Il est peut-être tôt pour juger Mr Ayrault en tant que premier ministre, mais la vigilance serait de mise, quand on se souvient que nombre de membres de la gauche se revendiquent de François Mitterrand...

Enfin, on apprend qu’après ces deux jours de "combats", les ministres des Transports, Agriculture et Écologie ont décidé d’une trêve avec les opposants : une commission "indépendante" devra non-pas plancher sur les questions écologiques, mais communiquer sur le projet... avant le défrichage de la forêt qui est retardé, en assurant que le projet "se fera" ! Ce cessez-le-feu servira probablement à tenter de diviser les occupants des militants d’Europe-Écologie-Les-Verts et de maintenir les ministres de ce parti dans le gouvernement.
De toute façon, même si une médiation se met en place, l’étau policier ne semble pas se desserrer dans la "Zone Libre"...

Vive la résistance, tous sur les barricades, il y a une Zone À Défendre !

Paris s’éveille

Évènements de la journée du samedi 24 novembre dans la ZAD
7h : Le carrefour du Moulin de Rohanne est bloqué par les flics ; à Atlantis, plus de 4 camions de CRS ont été vus prendre la 4 voies en direction de Vannes (et la ZAD)
8h15 : Aux cabanes de la Chat Teigne il y a du monde assez divers sur les toits ; dans la forêt de Rohanne il y a du monde dans les cabanes dans les arbres ; Les flics sont au moins sur les chemins avec des spots. Infos routières : Ça semble facile de circuler entre la ZAd et NDDL.
À l’hôtel Pallatio (à Vigneux), plein de flics s’apprêtent à partir vers la ZAD avec une machine
8h 41 : Une centaine de flics entrent dans la forêt de Rohanne, sans engins pour le moment.
8h45 : Les flics sont entrain de se déployer vers la Saulce et entre la forêt et le Rollandière.
8h49 : Au moins 15 fourgons de mobiles sur le chemin de suez plus une dizaine entre le moulin de Rohanne et la Rollandière. Dans le forêt de Rohanne, les flics viennent d’entrer dans la cabane au sol. Des renforts seraient plus que bienvenus !
8h58 : Infos routières : entre le Temple et Vigneux tous les carrefours sont bloqués.
9h15 : 30 autres véhicules se dirigent de Vigneux vers la ZAD...
9h36 : Entre 100 et 200 flics viennent d’entrer dans la Lande de Rohanne. Un cordon de flics assez serré du chemin de suez aux cabanes dans les arbres, et avancent vers les cabanes, en laissant des effectifs derrière eux pour protéger l’arrivée de machines. Infos traffic : Les flics bloquent le carrefour des Ardillères.
9h47 : Des machines entrent dans la forêt de Rohanne
10h00 : des grimpeurs sont signalés dans la forêt de Rohanne
10h10 : une des machines s’est embourbée...
10h10 : on nous signale des barrages ou contrôles routiers au niveau des Ardillières, entre la Boissière et la Paquelais, à Vigneux et au Temple ... vous êtes les bienvenu-e-s quand même ! à pied, ça doit encore passer
10h25 : 2 pelleteuses et 2 manitous dans la forêt, une des pelleteuses a embourbé ses 80 tonnes.... mêmes les flics semblent se lasser et disent qu’ils en ont marre
10h45 : des barricades montées sur le chemin d’accès aux cabanes tiennent et résistent, pour retarder une arrivée de machines par là, 150 flics sont au sol au pied de la cabane
10h58 : les flics ont gazé au poivre les personnes qui protégeaient nues les arbres dans lesquels sont les cabanes et les potes qui sont dedans Et pendant ce temps là ... une soixantaine de personnes commencent à reconstruire du côté du chantier de reconstruction : appel à matériaux, outils, verriers....
11h : les grimpeurs ont commencé à monté dans les arbres où il y a des cabanes, les personnes qui étaient dans les cabanes sont montées au dessus des cabanes attention : les flics cherchent à choper les personnes qui prennent des images et/ou à casser le matériel, faites gaffe à vous, et protégez vous !
11h20 : la cabane au sol de la forêt de Rohanne est en cours de destruction, quelques cabanes en hauteur qui n’étaient pas occupées aussi. ils montent vers les cabanes occupées les flics gazent énormément au sol, et gazent en tirs tendus
11h30 : une personne arrêtée dans la forêt de Rohanne
11h47 : des infos en provenance de la barricade sur le chemin de suez au niveau de l’accès au chantier de reconstruction : ça résiste par là aussi ! mais on nous annonce trois blessés ( 2 par tirs de flash ball à la jambe et à la main, et 1 par grenade assourdissante à l’oreille )
Une bonne nouvelle : un conducteur de machine refuse de continuer à travailler parce qu’il y a trop de gaz ...
on reçoit l’info suivante par mail et ça nous fait bien plaisir : le syndicat Sud-rural a officiellement rejoint le soutient à NDdlL, et s’est exposé à de graves sanctions en envoyant sur messagerie professionnelle à 5000 fonctionnaires des ministères d’une part de l’Agriculture et d’autre part de l’"Ecologie", du Développement Durable et de l’énergie un mail pour leur expliquer ce qui se passe à Notre Dame.
Point sur les arrestations pour l’instant : 1 fille arrêtée aux alentours de 11h20 lors d’une chaine humaine au sol devant les cabanes, une dizaine de minutes après 1 mec s’est fait arrêté aussi.
12h50 : point de la légal team : pour l’instant 5 arrestations connues, dont une personne relâchée après avoir été matraquée. Une des personnes arrêtées l’a été après être tombée d’une cabane, matraquée puis emmenée. on nous signale aussi que les flics veulent arrêter toute personne sortant de la forêt avec un masque à gaz.
Encore 3 blessé-e-s après des tirs tendus ou éclats de grenades, touchés à la paupière, au mollet, ou au foie on ne va pas s’indigner de tout ça, parce qu’on sait ce que sont les flics, mais ils sont vraiment graves !!
Depuis ce matin, beaucoup de gens arrivent et continuent à arriver, des alentours et de plus loin, ça fait du bien, y en a besoin !
14h04 : il est possible de venir sur la zone, il y a des barrages pour les voitures, donc pas l’accès en voiture, mais possible d’avancer à pied !!
14h13 : ils ont detruit environ 7 cabanes dans les arbres, il en reste 3, il y a du monde en hauteur, du monde en bas, ca flash ball tire tendu sur le thorax, des grenades assourdissantes assez suivante, pas mal des blesséEs, bleus, blessures ouvertes par des éclats de grenades. Malgré cette info qui tourne, les gens continuent d’y arriver pour soutenir les amiEs dans la forêt !
15h01 : les flics ont gazé et envoyé des grenades sur le champ du coté de la forêt ou il y a notre Team medicale et la bouffe pour les gens.
15h02 : ils sont en train de détruire la dernière plateforme dans les arbres, il y a des gens assis dans une filet plus bas, risque pour eux que la cabane leur tombe dessus. Il y a encore 15 personnes dans les arbres..
Finalement, vu leur comportement hyper violent dans le forêt aujourd’hui, ça nous confirme que défendre cette magnifique endroit deviens de plus en plus important !! Le déboisement est prévu pour bientôt, on ne laissera pas faire !
14h32 : l’Hélicoptère est là, il y a aussi encore beaucoup du monde qui arrive pour aller dans la forêt :)
15h35 : il aura environ 400 manifestantEs dans la forêt !
15h45 : les machines dans le fôret qui etaient embourbées recommence de travailler.
Idée action, reçue par mail : "Ils" veulent bétonner la ZAD ? Alors allez bétonner le jardin d’un des acteur de ce projet d’aéroport !! Du ciment, la nuit pour vous couvrir, une bétonnière, et le tour est joué !
15h53 : il aura un point d’info ce soir 20 h a la vache rit...
15h58 : La grande cabane dans la "Chat teigne" qui à été "blessé" hier est réparé :) Par contre, dans le fôret ils ont detruit la dernière cabane. Pas bien grave, on les réconstruit ! Ah et l’hélico est arrivé.
16h05 : Grimpeurs et gendarmes se replient dans la forêt de Rohanne pendant que des machines continuent à ramasser des débris des plate-formes détruites. Il n’y a plus de plate-formes, mais il reste des camarades dans les arbres et dans des filets.
16h18 : 10 fourgons de flics arrive a la barricade est sur le chemin de suez, demande de renforts
16h39 : les gens sur le toit de Cha Teigne ont vu une machine avec bras télescopiques, ils demande renforts aussi du coup, par contre par clair si machine est pour là-bas ou la forêt, à voir...
17h12 : plein des tirs de grenades assourdissantes vers le chemin de suez, il nous semble que ça chauffe a la barricade vers là-bas.
INFO selon presse il y a 8000 personnes à la Manifestation à Nantes. Confirmé par les camarades sur place.
17h18 : complètement dingues les grenades, depuis 5 minutes au moins 40 grenades...ce dure de ne pas sentir beaucoup, beaucoup de la haine juste en entendent et sachent que cette grenades ont déjà blessé au moins un dizaine des personnes aujourd’hui et tout ça pour le fric. Dégueulasse...
17h27 : les grenades viennent pas de la barricades de chemin de suez, mais du coup, de la forêt. Sur les barricades il aura eu la dernière sommation a l’instant même. Bon courage les amiEs, tenez bon !!! on vous aime !!
17h45 : à Nantes la manifestation est devant le préfecture. Les amiEs se font tirer dessus avec une canon a l’eau. Ici, ça tire encore de nombreuses grenades.
17h51 : dans le forêt, les gendarmes et les machines se sont repliées, les gens sont partis aussi. Les flics sont en train de se replier sur la D81, ils se font charger, les tirs de grenades sont des tirs qu’ils mettent pour s’enfuir...
Point légal
à 18h : d’après nos informations, depuis 13h il y a eu 10 interpellations. 5 personnes ont été relâchées et au moins une est en garde à vue. Cela s’ajoute à au moins une garde à vue ce matin et plusieurs blessés.
18h07 : sur la D81, entre la Vach Rit et le carrefour de Fosses Noires/D81 en face de fôret, les gens sont très en colère contre les gendarmes après avoir vecu cette journée très violente, pour certaines le première fois une telle violence policière. Ils demandent aux flics de partir après avoir fait leur sale boulot. il y a environ 70 personnes qui mettent un peu la pression aux gendarmes qui ne sont visiblement pas très à l’aise.
18h20 : il y a toujours quelques centaines de personnes devant la préfecture. Des gens font un sitting. Les flics bloquent la rue de Strasbourg, le cours 50 otages et la rue qui longe l’Erdre. Il y a des prises de paroles et une bonne ambiance avec des slogans "libérez ZAD" et "liberez nos camarades".
INFO un comité de soutien se lance sur Lyon. On organise une réunion demain à 14h. Est-ce que vous pourriez relayer l’information de votre côté ? Le rendez-vous : Dimanche 25 novembre, 14h, Place Guichard, Lyon.
18h37 : Selon l’organisation, il y a entre 8000 et 9000 personnes à Nantes qui crient "on a gagné".
INFO  : PARIS (AFP)- Les premiers travaux de défrichement du site de Notre-Dame-Des Landes devraient être repoussés d’environ 6 mois, trois ministres (Agriculture, Écologie, Transports) ayant décidé de renforcer les procédures en faveur de l’environnement, tout en confirmant samedi "la nécessité de poursuivre le projet".
Par contre, 25 fourgons dont un fourgon cellulaire ont été vus en direction de la ZAD vers 18h20.
18h45 : les flics se sont replié et ont quitté les alentours de la forêt. Ils ne sont plus ni sur le chemin de Suez ni au moulin de Rohanne. Il y a toujours des barricades qui n’ont pas été passées par les flics de la journée qui protègent la Chataigneraie.

INFO : Le Communiqué de presse du Ministère de l’écologie et agriculture

Communiqué conjoint du Ministère de l’Écologie et du Ministère de l’Agriculture :

Mme Delphine BATHO, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, et M. Frédéric CUVILLIER, ministre délégué chargé des transports, de la mer et de la pêche, confirment la nécessité de poursuivre le déroulement du projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique, porté par deux régions, sept départements et les intercommunalités de Nantes, Rennes, Saint-Nazaire, La Baule, et qui sera déterminant pour conforter la dynamique économique et sociale du Grand Ouest.
Ils confirment, avec M. Stéphane LE FOLL, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, l’engagement du gouvernement pour que les différentes procédures continuent à se dérouler dans le respect de l’ensemble des règles applicables à un tel projet, et conforter les initiatives en faveur du respect de la biodiversité et de la préservation des terres agricoles :
1- Protection de la biodiversité et des zones humides dans le cadre de la loi sur l’eau

  • Le comité scientifique qui sera mis en place dans le cadre de la procédure d’autorisation au titre de la loi sur l’eau sera composé avec toutes les garanties d’indépendance et de transparence, et présidé par un expert scientifique.
  • Alors que la commission d’enquête constituée dans le cadre de la loi sur l’eau demande seulement que les travaux de terrassements ne soient pas réalisés avant validation de la méthode de compensation environnementale par ce comité, aucune intervention de défrichement sur site ne sera effectuée avant cette validation.
    2- Préservation des terres agricoles
  • S’agissant des 740 ha d’aménagement, dont 250 ha doivent être artificialisés du fait du projet, une mission sera constituée, en coordination avec les acteurs locaux concernés, afin d’identifier localement les moyens de minimiser l’impact du projet sur les
    surfaces agricoles (notamment par la mobilisation de friches agricoles disponibles) et de contribuer à la définition des dispositifs nécessaires à la lutte contre l’étalement urbain.
  • Les conclusions de cette mission nourriront la préparation des dispositions relatives à la préservation des espaces agricoles qui figureront dans la loi d’avenir sur l’agriculture, la forêt et les industries agroalimentaires, prévue pour le deuxième semestre 2013.
  • Cette mission tiendra compte de l’opération d’aménagement foncier déjà engagée pour permettre la reconstitution des exploitations impactées par le projet, et, plus largement, des outils de planification déjà élaborés par les collectivités pour lutter contre la consommation des espaces agricoles dans les zones urbanisées et le mitage des territoires, que ce soit au travers du SCOT Nantes Saint Nazaire ou du Périmètre de protection des espaces agricoles et naturels périurbains.

INFO  : NDDL Honte à Philippe Bataille, directeur de l’école d’architecture de Nantes, qui ce matin (samedi 24 novembre 2012) dans Ouest-France (édition Loire-Atlantique) a cru bon de faire savoir qu’il ignorait que des étudiants de son école avaient participé à la création de cabanes en bois pour les résistants de Notre-Dame-des-Landes, et que, si elle l’avait su, la direction de l’école « ne l’aurait en aucun cas autorisé » car les étudiants seraient tenus selon lui à « une stricte neutralité ».
19h10 : Nantes - Après une pause devant la préfecture et afin de déjouer une éventuelle charge des CRS la manifestation est repartie de plus belle dans l’autre sens. Quel bonheur. ON VA GAGNER !!!!!
19h15 : les flics sont partis sous les huées , en faisant encore des blessé-e-s
19h30 : il semblerait que ça recommence à construire dans la forêt...
20h : Nantes : la manif s’est dispersée, la présence policière devenant vraiment importante... ( est ce que tous les flics d’ici seraient là-bas ?) la soirée se poursuit en musique à Bitche.
Reçu, on partage l’idée : si on peut pas entrer, on pourrait encercler les barrages bleus avec nos voitures...?
20h40 : on apprend qu’à la manif de Nantes une personne a été interpellée et deux ont été blessées (coups de matraque sur la tête)
23h : on apprend que les gendarmes sont à nouveau en position sur la zone, au carrefour de la Saulce et sur le chemin de Suez. Ca laisse rêveur alors qu’on apprenait quasiment dans le même temps que :

"En réaction à cette journée de manifestation et d’affrontement, le gouvernement va confier la semaine prochaine, « dans un souci d’apaisement », à une « commission du dialogue le soin d’exposer » le projet contesté d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et d’entendre toutes les parties prenantes »

23h15 : les flics sont donc de retour, autant pour le dialogue... Ils sont au niveau de la deuxième barricade protégeant le chantier de réoccupation et gazent les personnes présentes sur place.

23h30 : un collectif d’occupantEs a réagi à la proposition d’ouverture de négociation en proposant une liste, non exhaustive, de revendications :

la fermeture de toutes les entreprises de plus de 12 salariéEs

  • une rente à vie pour les salariéEs
  • 20h de soleil en hiver
  • multiplication par huit de tous les minimas sociaux
  • le RSA pour tous et toutes, attribué dès la naissance (et pour les avortéEs aussi)
  • le retrait des implants capillaires des présentateurs télé
  • le nucléaire remplacé par des ministres qui pédalent
  • l’Elysée transformé en zone humide
  • toutes les lettres au Père Noel seront reçues exaucées par le gouvernement
  • Manuel Valls ainsi que tous les corps de la Défense et de l’Intérieur se tatoueront "Nique la police" sur le front
  • que l’académie française accepte et utilise le langage sms
  • qu’après la mort de Jean Marc Ayrault soit gravé sur sa tombe " la ZAD m’a tuer"
  • que la Terre tourne dans l’autre sens
  • repousser la fin du monde (bien après le 21 décembre) le même temps à Lille qu’à Marseille, mais sans Mistral
  • La Marseillaise sera remplacée par une comptine pour enfant chantée à l’envers
  • les séances de spiritisme seront remboursées par la SECU
  • les pipelines seront exclusivement reservés à des transports de jus de fruits
  • pour chaque animal tué, un parlemantaire sera sacrifié (même quand on écrase une fourmi par erreur)
  • 20à 30 hectares de terres attribuées à tous les gens étant passés ou ayant habités sur la ZAD (plus un tracteur ou hélicoptère si souhaité)
  • que les négociations soient interdites

0h55 : les flics ont détruit la 1ère barricade mais ne sont pas parvenus à prendre la deuxième. Ils sont partis avec leurs véhicules se positionner au niveau du carrefour de la Saulce... puis sont repartis à pied vers le chemin de Suez. Pour l’ouverture d’un deuxième round de négociation peut être ?
1h05 : la route de Vigneux est bloquée. Les gendarmes ont installé des projecteurs et retournent attaquer la 2ème barricade. Ils sont au moins 10 fourgons (mais pas d’amiEs pour n’avoir que çà à faire de leur nuit)
2h : on nous signale une arrestation. Apparamment les camarades en avaient marre de défendre la 2ème barricade. Du coup ils et elles sont retourné sur la 1ère, l’ont reprise et renforcée. Mais que fait la police ?
2h30 : 3 véhicules au moins continuent à tenir le carrefour de la Saulce. La résistance continue du côté du chantier.
2h40 : on vous attend tôt sur les barricades dimanche matin. N’écoutons pas les sirènes écolos socialistes, seule la lutte paie ! Vinci dégage, Résistance et Sabotage.

Pique nique à la Chataigneraie : Les travaux continuent à la Chataigneraie ! On vous invite tou-te-s à un pique-nique dimanche à 13h. Amenez vos outils pour continuer la reconstruction ensemble !

Point d’info permanent sur le campement établi le long de la d81 entre le lieu dit les domaines (la vache-rit) et la Rolandière.

Si vous nous rejoignez sur la zone, soyez le plus autonomes possible pour le couchage et la bouffe. Aussi venez avec une carte, des bottes voire une boussole. Il y a des barrages pour des voitures, les sacs sont fouillés et les masques à gaz quelquefois confisqués. Mais c’est possible d’y avancer à pied !!

Les trucs utiles à prendre en partant d’ici :

  • Legal team : 06 75 30 95 45 : à contacter si vous êtes témoins d’arrestation, si vous êtes arrêté-e-s après votre libération
  • Medic Team : 06 43 28 15 97

[Source : ZAD]

Municipales à Nantes. Le PS fiche ses opposants

En invitant les militants socialistes à lister les « opposants notoires » de leur quartier, le maire de Nantes a démarré la campagne municipale en fanfare. Un vacarme médiatique dont Jean-Marc Ayrault aurait volontiers fait l’économie : toujours soucieux de lisser son image bonhomme à l’approche des scrutins locaux, l’intransigeant président des députés PS a donné à la droite des verges pour le battre, sur le thème toujours sensible du « fichage » et de l’atteinte à la liberté d’opinion. À cela s’ajoute le ralliement à la droite de l’adjoint au maire Yvon Chotard, débarqué de sa liste par son « ami de 20 ans ».

C’est un militant socialiste irrité qui a rendu public, voici un mois, le contenu de la lettre-harangue adressée par Jean-Marc Ayrault aux 1.500 adhérents PS de la ville. Dans ce courrier, il leur demandait de « faire remonter, via le secrétaire de section, un état des lieux des quartiers », avec une fiche jointe précisant les éléments qu’il souhaitait obtenir : typologie sociale, catégories d’âges et de situation familiale dominantes, lieux à investir durant la campagne, mécontentements exprimés par les habitants... et, au point nº 3 « la présence de relais connus ou d’opposants notoires à la municipalité ».

Treize combats treize victoires

La méthode n’est certes pas nouvelle. Elle est le fruit de la longue expérience d’un briscard de la politique : derrière ses apparences de sémillant jeune homme alerte et soigné, Jean-Marc Ayrault - 58 ans le mois prochain - est un cacique rodé à toutes les techniques de la prise du pouvoir. À son actif, 36 ans de socialisme militant, 32 ans de mairie à Saint-Herblain puis à Nantes, 21 ans de députation dont 10 à la présidence du groupe socialiste, et un passage de six ans au conseil général. Treize combats, treize victoires. Et éclatantes de surcroît : n’a-t-il pas été reconduit à l’Assemblée avec 66,2 %, en juin dernier ? L’homme a du charisme, c’est un bosseur acharné, un gestionnaire efficace et une personnalité de poids sur l’échiquier politique national, même s’il doit se contenter de diriger le « shadow gouvernement » du PS, à défaut d’avoir été reconnu par le vrai portefeuille ministériel dont il rêve depuis toujours.

Au cœur de sa galaxie

Et, surtout, c’est un méthodique rigoureux et un organisateur hors pair. Ayrault en campagne, c’est un rouleau compresseur. Alerte batteur d’estrades, tribun convaincant, débatteur énergique, charmeur quand il le faut, cassant quand il le peut, il est au cœur d’une galaxie « ayraultphile » aux innombrables ramifications. Sans doute est-ce l’héritage de son engagement popereniste des origines, lorsqu’il incarnait la gauche dure du PS avant de s’engager dans la voie sociale-démocrate : de son mentor, il a appris la science de l’entrisme, du noyautage et du management militant. Associations, institutions, acteurs économiques, relais sociaux, intelligentsia culturelle, tout ce que la ville compte de prescripteurs d’opinion a fait depuis des décennies, l’objet d’un maillage serré de « réseauteurs » dévoués. Les seules armes qu’il s’est toujours refusé à utiliser, c’est la rumeur et la calomnie. Peut-être parce qu’il les craint lui-même, sans doute parce que la perfidie n’est pas dans sa nature.

Une liste noire pour quoi faire ?

Et puis, le patron tient fermement ses troupes de militants encartés. Il les tient si bien qu’il a pu se laisser aller à cette invitation au signalement des « opposants notoires », sans imaginer qu’il pouvait s’y trouver un félon capable de porter la chose sur la place publique. Selon le bon principe qui veut que l’attaque est la meilleure des défenses, il a commencé à s’en prendre à la droite qu’il a accusée de se montrer outrancière en hurlant au « fichage ». Une posture victimaire peu crédible, qui l’a vite conduit à reconnaître que oui, il y a bien eu une maladresse quelque part, une petite bévue d’un sbire fédéral, mais que non, loin de lui l’idée de porter atteinte aux libertés fondamentales de ses concitoyens. Un grand démocrate comme lui, vous pensez bien ! N’empêche, on imagine les cris d’orfraie qu’aurait poussés le grand démocrate si un candidat sarkozyste avait osé faire ce qu’il a fait... En attendant, les cercles de gauche font plutôt profil bas. Les « opposants notoires », c’est un sujet tabou : on n’en parle pas et on attend que ça passe. Surtout, il faut éviter que surgisse la seule vraie question que pose l’« affaire » : pourquoi lister les opposants ? Y aurait-il quelque arrière-pensée de pression, voire de rétorsion à leur encontre ? Ou bien s’agissait-il simplement d’un chantier pédagogique à l’intention des militants de base qu’il faut bien occuper en leur donnant le sentiment de leur utilité ? À défaut d’être flatteuse, cette explication aurait au moins la vertu de relativiser la portée du propos.

La droite la plus nulle...

En face, la droite tente évidemment de maintenir la pression sur le sujet. Emmenée par Sophie Jozan (UMP d’origine centriste) dont c’est le baptême du feu municipal, elle ne brille pas par son habileté dans l’art d’exploiter l’affaire. Qu’est-elle allée organiser une « manifestation populaire » qui n’a même pas réuni 250 personnes ? Et pourquoi diable quelques manifestants ont-ils jugé opportun de se coudre une étoile sur le veston ? Il est vrai que la droite nantaise est en bien mauvais état depuis qu’Ayrault lui a chipé la mairie voici 19 ans. L’épisode Elisabeth Hubert, la jeune ministre de la Santé de Juppé, n’a rien fait pour arranger les choses : trop fonceuse pour la vieille garde RPR de la ville, elle a subi la vindicte des siens plus encore que la hargne socialiste. Résultat : une défaite cinglante. C’était l’époque où l’ironie acidulée de Philippe Séguin le faisait dauber sur la « droite la plus nulle du monde », et où les Nantais pleuraient leur droite locale, la plus nulle de France. Ensuite, voici six ans, c’était au tour du centriste Jean-Luc Harousseau d’affronter le maire. Ce brillant professeur de médecine à la personnalité attachante, jugé trop tiède par la droite traditionnelle, n’a rien pu faire face au tout-puissant sortant. Avec 34 %, l’opposition touche le fond et Ayrault super-star réalise un joli 54 % dès le premier tour.

Le petit soldat face au guerrier

Jean-Marc Ayrault serait-il indestructible ? On pourrait le penser, surtout qu’il s’est offert, voici six mois, une législative à 66 %, face à Sophie Jozan qui n’aura eu pour maigre consolation que de l’avoir contraint à un second tour. Professeur comme il l’a été, elle repart au combat en petit soldat courageux, face au guerrier dominateur et sûr de lui. Pour elle, dont la notoriété reste à conforter, l’« affaire des opposants notoires » est tombée à point nommé. Évidemment, ça crée un sale climat. Mais si la polémique prend, elle pourrait rapprocher les Nantais des urnes. Parce que l’enthousiasme électoral de la population est bien tiède, comparé à la flamme des militants. Aux dernières municipales, l’abstention s’est élevée à 49,1 %. Si la légitimité républicaine du maire n’est évidemment pas en cause avec ses 54,9 % des votants, il n’en va pas de même de sa légitimité populaire avec 27,6 % des inscrits. Alors, si l’équipe de Sophie Jozan parvient à convaincre les électeurs de son camp que tout n’est pas perdu d’avance, sans doute pourra-t-elle espérer réduire l’abstentionnisme à son profit. Pour peu qu’une « vague bleue » vienne à déferler là-dessus, et le sarkozysme triomphant peut se prendre à rêver...

Chotard, transfuge d’ouverture

Un rêve ? Peut-être déjà une ambition, avec le tonitruant ralliement d’Yvon Chotard, adjoint au maire (tourisme et international) et compagnon d’armes de Jean-Marc Ayrault depuis la prise de Nantes, en 1989. Récemment débarqué par son ami de 20 ans qui ne voulait plus de lui sur sa liste, il a aussitôt frappé à la porte de Sophie Jozan qui l’a accueilli à bras ouverts sur la sienne. Une pierre dans le jardin du sortant, d’autant plus que le sorti n’hésite pas à balancer sur son ex-patron dont il dénonce publiquement la dérive autocrate après l’avoir critiquée en interne. Analysé par le premier cercle d’Ayrault comme le reniement d’un félon qui va à la soupe pour conserver un siège d’élu, ce claquage de porte est vu par la droite comme une superbe occasion de pratiquer l’ouverture qui plaît tant aux Français. L’arrivée de Chotard dans l’équipe Jozan ne devrait d’ailleurs traumatiser personne à droite : entre une tête de liste issue des démocrates sociaux et un transfuge social-démocrate, il n’y a aucun hiatus de doctrine. À cela s’ajoute la personnalité du rallié, un avocat de 61 ans qui se reconnaît libéral de gauche (on le voit bien dans le parti des sarkozystes de gauche que vient de créer Jean-Marie Bockel) et s’est toujours trouvé à l’aise dans les réseaux d’entreprises et dans le monde de la bourgeoise nantaise auquel il appartient.

Inauguration anonyme

L’enjeu des 9 et 16 mars n’est pas seulement nantais. La gauche espère bien conquérir quelques-unes des huit villes (sur 24) de la communauté urbaine qui lui échappent encore. Et puis, il y aura aussi les cantonales. La droite, qui a perdu le conseil général voici six ans, a désormais pris trop de retard pour espérer raisonnablement retrouver une majorité. La gauche, de son côté, compte accentuer son avance. Sur ce terrain-là aussi, le climat est tendu. En témoigne une autre « affaire », anecdotique mais révélatrice : l’inauguration, dernièrement, par le président PS du département du centre d’entraînement des pompiers de Vertou. Cet établissement porte le nom de Luc Dejoie (ancien maire et président RPR du conseil général, aujourd’hui décédé). Ou plutôt, portera son nom : lors de la cérémonie, il a été soigneusement masqué au motif que la période électorale ne se prête pas à cet hommage. Pour le dévoiler, on attendra le baptême, après le 16 mars. L’apprenant, les élus de droite, ulcérés, ont déserté les lieux. Le moins chagriné n’était pas le maire Laurent Dejoie, successeur de son père et candidat sortant. Sur ce coup-là, la tête de liste communiste aux municipales n’a pas hésité à partager publiquement l’affliction de la droite, en dénonçant « l’indignité » de la méthode. Décidément, la vie politique nantaise ne manque pas de sel.

[Source : Le Télégramme du 21/12/2007]

Pour aller plus loin sur l’illégalité de plusieurs points du projet d’aéroport.

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