Depuis bientôt une semaine, la révolte gronde parmi les 120 détenus
de la prison administrative pour étrangers du Mesnil-Amelot (CRA)
située pratiquement sur les pistes de Roissy. Ils protestent contre
les conditions de leur détention mais aussi et surtout contre le sort
fait aux sans papiers dans ce pays et la véritable chasse à l’homme
dont ils sont l’objet.
En effet, soumis à la pression de la politique du chiffre à tout
prix, les préfectures et les services de police recourent à tous les
moyens et à tous les stratagèmes pour interpeller, placer en
rétention et expulser à tout va. Rafles dans les transports et dans
les rues, descentes de police sur les lieux de travail et même dans
les magasins comme cela s’est produit mercredi à Paris, convocations
pièges, contrôles au faciès, interpellations à domicile, tout est bon
pour faire du chiffre. Si M. Sarkozy prétendait aller chercher le
pouvoir d’achat avec ses dents, ce sont les sans papiers que M.
Hortefeux va, lui, chercher avec ses dents pour tenter d’atteindre
son objectif démentiel de 25 000 existences fracassées en 2007.
Malgré leur situation très difficile (conditions carcérales dans
lesquelles la police a tous les pouvoirs, possibilité de dispersion
des détenus, menaces d’une expulsion précipitée), ceux du Mesnil-
Amelot ont réussi à s’organiser et à élaborer leurs revendications,
essentiellement la fin de la chasse à l’homme dont ils sont les
victimes, et à faire connaître leur mouvement.
Face à la révolte des détenus contre la crasse et la promiscuité dans
lesquels on les fait vivre et le bannissement qui les attend, les
autorités conservent le silence. Les responsables de la prison
administrative du Mesnil-Amelot n’ont pas reçu l’autorisation de
s’exprimer, M. Hortefeux est en vacances et M. Sarkozy claque en
Egypte le fric de ses amis milliardaires ou dictateurs, ceux là même
qui en contribuant à faire régner un ordre économique et politique
injustes sur les pays pauvres provoquent l’immigration. Tout un
symbole !
Comme ils le disent eux-mêmes, les détenus du Mesnil-Amelot, comme la
quasi-totalité des sans papiers d’ailleurs, sont des travailleurs et,
ont, le plus souvent, des charges familiales, en France ou au pays.
Les persécutions dont ils sont victimes n’ont d’autre justification
que l’entêtement doctrinaire et la démagogie xénophobe des Stakhanov
de l’expulsion. Ils doivent bénéficier de la solidarité de tous ceux
qu’indignent l’oppression et l’injustice.