[ [ [ Procès en diffamation du ministère de l’intérieur envers le collectif contre la (...) - Yannis Lehuédé

Vendredi 17 février, à partir de 13h30, se tiendra, à la 17ème chambre correctionnelle de Paris, un procès intenté par le ministère de l’intérieur (en la personne de Brice Hortefeux, condamné pour propos raciste, plainte désormais reprise par Guéant) contre une publication du blog du « Collectif contre la xénophobie », datant du 26 octobre 2010, intitulée : La chasse à l’homme en Seine-Saint-Denis, et son auteur, Michel Sitbon.

Pour voir le texte incriminé, cliquez ici.

Rappelons le contexte dans lequel prennent place ces faits : suite au fameux discours de Grenoble, où le président annonçait, entre autre programme sécuritaire, le démantèlement des terrains occupés par des rroms, la police harcèle plus ouvertement que jamais la population rrom.

En Seine-Denis, Christian Lambert, ancien policier, est aussitôt nommé préfet pour orchestrer le programme. A Montreuil, nous avons été témoins directs de cette chasse à l’homme, au point d’avoir du ouvrir la porte du local de l’association Télé Liberté, dans le 20ème arrondissement, (local prêté par Michel Sitbon), à une trentaine de personnes à la rue chassées des trottoirs de Montreuil par la police.

Un mois après le discours de Grenoble, Brice Hortefeux pouvait annoncer que 128 camps illicites avaient été démantelés et que près de 1 000 Roms avaient été renvoyés en Roumanie.

Le ministère de l’intérieur porte plainte pour diffamation ou injure, une habitude prise par Hortefeux, dès lors que les actions de la police actuelle sont dénoncées et parce qu’elles rappellent les crimes d’hier, trop tardivement dénoncés, eux. Depuis, on a cru que la liberté d’expression et la critique du gouvernement était possible et souhaitable pour une « démocratie ». Mais cela n’empêche pas le ministère de l’intérieur de multiplier ses plaintes contre les citoyens vigilants – contre la société civile ! Il utilise la justice pour établir son pouvoir, restreignant, ainsi, de fait, la liberté d’expression des membres d’associations, de collectifs, comme d’artistes ou de citoyens indignés, de quiconque les dénoncerait…

Rendez-vous vendredi 17 février 2012 à 13h30 à la 17ème chambre,
pour défendre la liberté de critiquer la politique du gouvernement,
dénoncer les « crimes de bureaux »,
pour la libre installation et circulation de tous.

Soutien à Michel Sitbon, poursuivi par le ministre de l’Intérieur Claude Guéant

le 17 Février à 13h30 à la 17ème chambre correctionnelle de Paris.

Communiqué

"La Voix des Rroms" apporte son soutien à Michel Sitbon, du « Collectif contre la Xénophobie », dans le procès que lui intente, pour propos injurieux, le ministère de l’intérieur, en la personne de Claude Guéant, le 17 Février à 13h30 à la 17ème chambre correctionnelle de Paris.

Les phrases, relevées par le ministère dans une publication du blog du "Collectif contre la xénophobie", datée du 26 octobre 2010, sont les suivantes : «  Le Préfet Lambert, véritable Papon de notre temps, poursuit la chasse aux Rroms en Seine-Saint-Denis » ; « Aujourd’hui, c’est à Bondy que Lambert-Papon continue sa sale besogne, appliquant son programme ultra-raciste »

« La Voix des Rroms » témoigne de la violence de l’action du gouvernement à l’égard des Rroms roumains et bulgares à l’été et l’automne 2010. Cette violence divisa jusqu’au au sein de la Majorité Présidentielle, et provoqua l’indignation de la Commissaire aux droits de l’homme de l’U.E, des instances du Vatican, et d’une grande partie de l’opinion publique mondiale.
Les Rroms et les Gens du voyage sont devenus alors dans le discours et l’action du gouvernement un mal social et devaient être traités comme tel.
La « Voix des Rroms » témoigne du harcèlement irrationnel par les autorités publiques d’hommes, de femmes et d’enfants, de la destruction brutale de leur habitat, de la surveillance de chacun de leur pas, jusqu’à leur disparition du domaine de compétence de ces autorités.

L’intensité des propos ici incriminés, sont à la mesure du sentiment d’indignation que suscitent dans le cœur d’un nombre croissant de citoyens et d’élus la démesure d’un gouvernement qui en disséminant la peur, la confusion, et l’ignorance dans la société y fait croître la haine et contribue délibérément à la régression morale dans laquelle semble vouloir s’engager l’Europe.

Là où il faut voir dans l’intensité du sentiment de Mr Sitbon, comme dans le sentiment plus récent de Mr Letchimy, député de la Martinique, le signe qu’une limite est en train d’être franchie, l’action judiciaire du ministère de l’intérieur participe d’une stratégie qui vise à détruire la légitimité même du sentiment d’indignation, afin que ne s’impose sur l’Europe qu’une seule idée de la civilisation et de son histoire, celle du Parti Populaire Européen, auxquels appartiennent l’Union pour la Majorité Présidentielle et la CDU d’Angela Merkel, et dont le premier ministre hongrois Victor Orban, est le vice-président.

Lorsque un citoyen, alerté, ressent qu’un gouvernement fait le mal alors il attribue à son action le nom symboliquement attribué au mal. Sans la conscience de cette limite et sans son expression écrite ou orale toujours brutale, alors les crimes politiques de l’avenir seront commis encore sous l’apparence de la normalité, et le mal se manifestera sous l’apparence habituelle de sa banalité.

Considérant l’importance de cette affaire en termes de liberté d’expression et de débat public, "La Voix des Rroms" compte sur les juges pour qu’ils prennent la défense de ces libertés fondamentales, vitales pour toute démocratie.

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