[ [ [ Nous refusons la définition d’étranger que l’Etat français nous (...) - Yannis Lehuédé

Ce dimanche 29 mars 2009, à la suite du colloque organisé par LE COLLECTIF POUR LA DEFENSE DES DROITS DES CARIBEENS ET DES CARIBEENNES(*) sur l’immigration caribéenne en Guadeloupe et en Martinique, l’ ASSEMBLEE des participants présente la motion suivante :

  • Considérant que l’immigration des Caribéens et des Caribéennes en Martinique et en Guadeloupe se fait dans un contexte de déni des droits humains,
  • Considérant que les grands mouvements de revendications sociales de janvier-février en Guadeloupe et en Martinique ont permis de porter un autre regard sur les Caribéens travaillant chez nous.
  • Considérant qu’il s’agit là d’un problème politique et que nous devons nous positionner par rapport par rapport à la politique d’immigration menée par le gouvernement français telle que la manifeste la législation mise en place.
  • Considérant qu’il faut rejeter avec cette démarche de recherche du dominant de faire en sorte que le dominé cherche plus dominé que lui – démarche qui engendre la xénophobie.

Nous refusons, compte tenu de notre histoire commune dans le Bassin Caribéen, la définition d’étranger à cet espace que l’Etat français nous impose.

Nous dénonçons les incessantes modifications législatives qui conduisent à des pratiques administratives et judiciaires discriminatoires et inhumaines à l’égard des Caribéens étrangers et de ceux qui les soutiennent.

Nous dénonçons la double discrimination – sexiste et raciste – dont sont victimes les femmes étrangères. Nous condamnons radicalement toute violence à leur égard - en toutes circonstances y compris dans la vie de couple.

Nous exigeons la suppression des arrestations, des détentions arbitraires, des reconduites à la frontière. Etre étranger n’est pas criminel.

Nous exigeons l’arrêt des violences policières à l’encontre des étrangers. Nous exigeons que soient totalement respectés les droits de la défense des immigrés comme de tout être humain – notamment que leurs avocats bénéficient de tous les moyens nécessaires pour organiser leur défense.

Nous exigeons le respect de la législation du travail par les employeurs, tant au niveau de l’embauche que des conditions de travail des salariés étrangers. Nous exigeons que les droits fondamentaux des femmes étrangères soient garantis, notamment dans les domaine du travail, de la formation et de la vie familiale.

L’ASSEMBLEE appelle les peuples de Martinique et de Guadeloupe à s’associer aux peuples de la Caraïbe dans des actions communes concrètes, nécessaires et efficaces, destinées à faciliter et à harmoniser la libre circulation des hommes et des femmes caribéens dans leur espace naturel.

Elle appelle ainsi à constituer des réseaux de solidarité et de coopération entre les peuples pour faire échec aux pratiques de l’Etat français contre lesquelles les actions individuelles sont peu efficaces.

Elle appelle aussi tous ceux qui sont chargés dans nos pays de l’éducation et de la formation à orienter leurs pratiques dans le sens d’une citoyenneté responsable en luttant contre la xénophobie et le racisme, contribuant ainsi au processus de décolonisation de nous-mêmes.

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