Chaude ambiance ce mardi matin à Tolbiac. Après un blocage mouvementé de ce site emblématique de l’université Paris-I en début de matinée se tenait dans l’amphi N une assemblée générale (AG) très attendue tant par les étudiants grévistes que par leurs homologues antigrévistes.
Vendredi 22 octobre, plus de 1 000 étudiants avaient voté le blocage partiel, pour les jours de manifestation, dans une ambiance houleuse marquée pas la présence du Mouvement des étudiants (Mét), un syndicat étudiant de droite "antiblocage".
Ce mardi, 1 200 étudiants se sont serrés dans un amphithéâtre de 800 places pour débattre. Mais encore fallait-il se mettre d’accord sur l’objet du débat. Car si pour une majorité d’intervenants, dont certains syndiqués de l’UNEF et SUD-Etudiant, l’objet du débat était la réforme des retraites, voire la contestation de l’"ensemble des réformes libérales du gouvernement", d’autres étaient très impatients de voter contre le blocage.
LES ÉCONOMISTES ANTIGRÉVISTES
La présidence ayant incité, selon un doctorant, professeurs et étudiants de la filière économie-gestion à être présents, ces derniers se sont fait entendre. "On est en concurrence avec Dauphine, si on bloque on va disparaître", s’est alarmé l’un d’entre eux. "Il faut arrêter les grèves, sinon les investisseurs vont s’en aller", a-t-il poursuivi, ajoutant "c’est le capital qui crée la richesse", ce qui lui a valu d’être légèrement chahuté par des étudiants hilares. "Si les étudiants en économie sont aussi nuls, on comprend maintenant pourquoi ils ont besoin d’aller étudier", a ironisé une intervenante. "Pourquoi tous les étudiants ne sont pas dans la rue ? Parce qu’il y a une gangrène individualiste", s’est indignée pour sa part Maëlle, du Parti de gauche. "Nous, nous pensons collectif, nous pensons à plus tard", a-t-elle ajouté.
Après plus de trois heures de débat, les étudiants ont finalement voté la grève, la solidarité avec une partie des personnels en grève de Paris-I Tolbiac et l’appel à une journée d’action le mardi 2 novembre. Une fois voté le principe des piquets de grève, au grand dam des antigrévistes, restait à déterminer si le blocage serait total ou uniquement les jours de manifestations. "Pas le blocage total, pas le blocage total", se lamentait une étudiante en économie, la tête entre les mains.
C’est l’option du blocage partiel qui l’a finalement emporté, avec le renfort des voix des antigrévistes, qui après avoir voté contre le principe du blocage, ont stratégiquement voté pour le blocage partiel. Un moindre mal pour ces étudiants visiblement heureux de leur "victoire". L’université Paris-I Tolbiac devrait donc être de nouveau bloquée jeudi.
Mathieu Gaulène (Le Monde)