[ [ [ Et l’on appelle cela du flagrant délit, c’est un comble ! - Yannis Lehuédé

…C’est alors que j’ai vu trois policier en civil qui ramenaient un jeune isolé d’origine maghrébine qu’ils venaient d’arrêter alors qu’il n’avait rien fait en affirmant :

« Toi, je t’ai vu lancer des cailloux ce matin ».

Et l’on appelle cela du flagrant délit, c’est un comble !

J’habite le centre ville de Lyon. Cela fait trois jours que j’assiste en témoin à un déploiement de forces de police qui met la ville en état de siège. Il est fréquent de voir des hordes de CRS courser des jeunes isolés dans de petites rues et utiliser des gaz lacrymogènes hautement toxiques contre l’ensemble de la population. J’ai fait les frais de ces excès en me faisant gazer à plusieurs reprises en effectuant mes déplacements quotidiens. J’ai même essuyé un coup de coude de la part d’un CRS que je n’avais pas vu en tentant d’atteindre mon bureau de banque.

Il est évident que tout ceci est une vaste mise en scène d’un goût douteux tentant à re-crédibiliser un gouvernement que la majorité de la population en est arrivée à exécrer.

Il est navrant de lire dans la presse le contraire de ce que l’on a pu voir « en live » la veille dans les rues. Les informations partisanes et manipulées diffusées par les médias sont une preuve que la presse n’est plus libre dans notre pays qui n’a plus rien à envier aux pires des républiques bananières.

Je n’ai jamais vu 1600 casseurs place Bellecour, mais des lycéens venus manifester probablement infiltrés par quelques très jeunes casseurs et des policiers en civils plus âgés vêtus de la panoplie du casseur de quartier sensible.

Il ne suffit pas d’opposer un déni médiatique systématique à la réalité pour faire croire aux gens qu’ils vivent dans une démocratie. Un grand nombre de gens ne sont plus dupes.

Je tiens à témoigner de ce que j’ai pu voir hier vendredi 21 octobre :

Je marchais vers la place Bellecour, vers 17h, rue Émile Zola.

Je me suis retrouvée bloquée par une rangée de CRS placés derrière un « camion lance eau ». L’on pouvait voir sur la place des jeunes paniqués qui courraient dans tous les sens harcelés par les grenades lacrymogènes lancées par les CRS.

J’ai demandé aux gens qui étaient présents ce qui s’était passé.

L’on m’a répondu que les CRS avaient bloqués toutes les issues de la place Bellecour dès le matin et ne laissaient pas sortir les jeunes qui servaient de cible aux CRS qui les gazaient et tiraient dessus au taser.

J’ai vu un jeune qui courait pour se protéger des gaz lacrymogènes arrêté par les CRS qui bloquaient la rue. Ils ont commencé à le rouer de coups. Des gens parmi les passants voulaient prendre des photos. Le commandant de la brigade de CRS s’est rué vers nous en hurlant qu’il était interdit de prendre des photos.

Puis, alors que les manifestants n’avaient même pas réagi, le camion lance eau s’est mis en marche.

Le commandant de la brigade de CRS s’est à nouveau dirigé vers nous, menaçant, cette fois, une grenade lacrymogène dans chaque main, nous donnant l’ordre en hurlant de dégager.

Par peur, les uniques passants qui pouvaient être témoin ont du partir.

C’est alors que j’ai vu trois policier en civil qui ramenaient un jeune isolé d’origine maghrébine qu’ils venaient d’arrêter alors qu’il n’avait rien fait en affirmant :

« Toi, je t’ai vu lancer des cailloux ce matin ».

Et l’on appelle cela du flagrant délit, c’est un comble !

J’ai honte d’être originaire de ce pays qui tente vouloir s’aligner sur l’Allemagne, certes, mais l’Allemagne d’une autre époque.

Pour ma part, il m’est odieux d’avoir à vivre au milieu des bruits de botte. Je suis dégoutée d’avoir assisté sans pouvoir rien faire à ce spectacle.

Anne

[Source : rébellyon]

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