[ [ [ La manif tourne à l’affrontement devant l’université - Yannis Lehuédé

« C’est vraiment con de tout bousiller, mais vraiment, il y a quelque chose qui ne va pas. » « Où on va ? J’en sais rien, je ne sais même pas s’il y a quelqu’un qui décide »« Oui, je préférerais être en cours, mais franchement, il faut essayer de faire quelque chose. C’est peut-être pas perdu. »

Après une brève occupation de la gare par 400 personnes, hier, le rassemblement s’est terminé dans les heurts et la fumée.

Une vingtaine de conteneurs à poubelles brûlés, des pierres et du verre brisé sur la chaussée, une caméra de surveillance arrachée, trois arrêts de tram brisés et deux interpellations. Bilan d’une fin d’après-midi houleuse devant l’université. Il est 18h50, jeudi. Protégés par des policiers en tenue d’intervention, les pompiers finissent d’éteindre les feux qui empêchent la circulation de part et d’autre de l’esplanade de la Paix, entre le Gaillon et la Pigacière. Il y a un bon moment que les slogans ne concernent plus les retraites...

Une quarantaine de casseurs masqués vient de quitter les lieux. Deux d’entre eux, âgés de 14 et 20 ans et soupçonnés d’avoir lancé des projectiles, ont été conduits au commissariat. Pendant plus de deux heures, ils ont attendu l’affrontement et tenu tête aux forces de l’ordre sous les yeux de 150 à 200 curieux. Les policiers ont été la cible de jets de pierre et des passants, un peu trop critiques, insultés.

« C’est vraiment con de tout bousiller, mais vraiment, il y a quelque chose qui ne va pas. » Malgré la forte odeur de plastique brûlé, Pierre et Paul regardent la scène. Ils ont 60 et 66 ans. Pour ces deux retraités, « le projet a vraiment été mal ficelé et mal présenté, surtout avec la conjoncture actuelle ». Et surtout, ils se demandent « pourquoi le gouvernement ne bouge pas d’un pouce malgré tout ça ».

Pourtant, tout commence calmement, quatre heures plus tôt. À 14h15, un
cortège de près de 400 personnes, jeunes pour la plupart, quitte l’université, traverse le château avant de prendre la direction de l’Orne.

« Où on va ? J’en sais rien, je ne sais même pas s’il y a quelqu’un qui décide », lance une jeune femme à vélo en faisant signe aux voitures de passer pendant qu’il est encore temps.

Dans les rangs, beaucoup de lycéens qui s’expriment de façon anonyme. Comme cette jeune fille du lycée expérimental d’Hérouville où les cours sont suspendus : « Oui, je préférerais être en cours, mais franchement, il faut essayer de faire quelque chose. C’est peut-être pas perdu. »

Vingt minutes sur les rails

En passant le pont de Vaucelles, les foulards et les cagoules sont déjà de sortie. La manifestation se dirige vers la gare. L’alimentation électrique de 25 000 volts des caténaires vient d’être coupée. Plusieurs dizaines de personnes traversent les voies. Le train de 14h58 à destination de Paris est bloqué en gare. Ce n’est que vingt minutes plus tard que la situation redevient normale quand les manifestants repartent vers le centre-ville puis l’université. Là, l’après-midi de « manif-action » allait prendre une autre tournure.

[Source : caen.maville.com]

Dans la même rubrique
Archives