La police est intervenue mercredi en France pour débloquer les sites pétroliers et routiers stratégiques contrôlés par les opposants à la réforme des retraites, qui ont riposté en multipliant les actions. Lire ci-dessous l’article de Reuters, trouvé sur Yahoo-actualités.
Forts d’une mobilisation de 1,1 à 3,5 millions de personnes selon les sources mardi pour leur sixième journée d’action, les syndicats ont fait monter la pression pour obtenir le réexamen du projet qui doit être voté en principe dans les prochains jours au Sénat, mais l’Elysée reste sur ses positions.
En conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a réaffirmé qu’il mènerait la réforme à son terme et estimé qu’il était "de son devoir de garantir le respect de l’ordre républicain".
"J’ai donné hier des instructions pour débloquer la totalité des dépôts de carburants afin de rétablir au plus tôt une situation normale", a-t-il déclaré selon le texte de son intervention devant le conseil des ministres.
La force sera utilisée chaque fois qu’il le faudra, a dit le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux lors d’une conférence de presse.
La police est déjà intervenue dans la nuit pour mettre fin au blocage de trois dépôts au Mans (Sarthe), à Donges (Loire-Atlantique) et à La Rochelle (Charente-Maritime), a-t-il expliqué. Au total, 21 interventions de déblocage de dépôts par les forces de l’ordre ont eu lieu depuis vendredi dernier, selon le ministère de l’Intérieur.
À Donges, un barrage s’est aussitôt reformé sur la route en amont du dépôt, qui était donc toujours inaccessible en fin de matinée. Une source à la CGT a par ailleurs aussitôt annoncé le blocage à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, d’un autre dépôt stratégique qui alimente l’armée et les aéroports de Marseille et Nice.
LES STATIONS-SERVICE MENACÉES
Selon le gouvernement, 4.000 des 13.000 stations-service du pays connaissaient mardi des problèmes d’approvisionnement et la pénurie menace dans une grande partie du pays.
Les 12 raffineries françaises étaient toujours bloquées mercredi matin et 11 d’entre elles étaient à l’arrêt complet ou en cours d’arrêt, disent les syndicats.
"On est partis pour reconduire la grève tous les jours et aller jusqu’au bout (...) On n’a plus tellement le choix puisqu’en face on a des murs qui n’écoutent pas", a dit à Reuters un délégué CGT de la raffinerie LyondellBasell de l’Etang de Berre.
Les distributeurs de carburant, pétroliers et hypermarchés sont convenus mardi de mettre leurs stocks en commun et de mettre en place des moyens de transport supplémentaires, au besoin grâce à des camions étrangers.
Les mouvements de protestation continuaient mercredi matin, notamment près des aéroports, comme à Nantes-Atlantique.
À Roissy-Charles de Gaulle, quelque 300 manifestants bloquaient les accès à l’aéroport.
En revanche, à Toulouse, le blocus des accès routiers à l’aéroport, mis en place mercredi à l’aube par près de 200 salariés de société liées à l’industrie aéronautique locale accompagnés de plusieurs dizaines d’étudiants, a été levé peu avant 10h.
Plusieurs vols au départ de Toulouse ont été annulés en raison de ce blocus, cet aéroport n’ayant aucun autre accès que par la route.
Le Centre national d’information routière recensait dans la matinée une douzaine de points de blocages sur les routes. Le mouvement se prolongeait à la SNCF, qui prévoit deux TGV sur trois.
SITUATION TENDUE À MARSEILLE
Les lycéens restent mobilisés et leurs syndicats appellent à un rassemblement devant le Sénat dans la journée. Les universités amorcent aussi une entrée dans la contestation, comme à la faculté du Mirail de Toulouse, fermée pour raisons de sécurité par la direction après le vote d’une décision de blocus.
Des barrages ont été installés aux entrées des trois principaux tunnels de Marseille, ce qui a aussi amené une intervention de forces de l’ordre, a dit la préfecture.
Deux des trois sites ont été libérés mais le tunnel Saint-Charles, dans le quartier de la gare SNCF, était encore bloqué en milieu de matinée. La ville est aussi touchée par une grève des éboueurs et les ordures s’accumulent dans les rues.
Les syndicats considèrent que c’est le gouvernement qui est responsable du blocage du pays.
"Ils sont enfermés dans leur tour d’ivoire, ce sont eux qui sont complètement bloqués", a dit le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly sur Canal +.
Selon deux sondages publiés ce mercredi, le mouvement bénéficie dans l’opinion d’un large soutien.
Selon une enquête Viavoice pour Libération, une majorité de Français souhaite que le projet de loi soit partiellement modifié (61%) ou profondément modifié (60%) et 79% souhaitent une reprise des négociations avec les syndicats.
Ces derniers se réunissent jeudi à Paris pour décider d’autres actions.
[Source : Reuters]