[ [ [ Combien faut-il de temps à la police pour désarmer un homme saoul (...) - Yannis Lehuédé

Rue Marcadet, à Paris, ce vendredi soir ( 21 août 2009), nous sommes là par hasard, cherchant un endroit pour manger. Nous revenons en fait d’une visite aux sans-papiers de la rue Baudelique qui préparent la manifestation de l’anniversaire de Saint Bernard de demain.

Il est environ 20 heures 20. Un camion de police est garé en pleine voie. Un peu plus bas des policiers du commissariat de quartier en chemisettes bleu ciel tendent un ruban plastique pour barrer la route au niveau de l’école.

Combien faudrat-il de temps à la police pour désarmer un homme saoul ?

Rue Marcadet, à Paris, ce vendredi soir ( 21 août 2009), nous sommes là par hasard, cherchant un endroit pour manger. Nous revenons en fait d’une visite aux sans-papiers de la rue Baudelique qui préparent la manifestation de l’anniversaire de Saint Bernard de demain.

Il est environ 20 heures 20. Un camion de police est garé en pleine voie. Un peu plus bas des policiers du commissariat de quartier en chemisettes bleu ciel tendent un ruban plastique pour barrer la route au niveau de l’école.

« Que se passe t-il ? »
« Une prise d’otage » dit un homme à côté de nous, tandis que le policier ne nous répond pas, prétextant, qu’il n’a pas à nous parler, ni à nous expliquer pourquoi il barre la route.
On rentre alors dans le restaurant juste à côté, au 28 « le Senou » où la patronne nous accueille en nous priant de ne pas nous mettre à la fenêtre :
« on ne sait jamais une balle perdue »…

Finalement, nous aurons à peine le temps de boire un peu d’eau fraîche, qu’une policière stressée nous ordonne d’évacuer rapidement le restaurant. Le ton employé n’est pas en adéquation avec le peu de moyen déployé, si danger il y a, nous avons peine à croire ces policiers qui ne semblent pas très efficace.

Une voiture de police c’est ajoutée à la camionnette. Ainsi garés, ils bouchent le carrefour de manière anarchique et n’ont apparemment pas encore l’idée ni de faire la circulation là, ni de prévenir en amont les voitures qui viennent se fourvoyer dans ce cul de sac improvisé.

Il est environ 20h40.
Tous les gens de la rue Marcadet sont reflués de part et d’autres. Nous remontons vers la rue Poissonnière avec les personnes du restaurant. Chacun parle, imagine…trépigne, s’inquiète…certains on vu le type avec son arme tendre le bras dans tous les sens…
« Y a t-il des enfants ? » s’inquiète une dame.« C’est une histoire de famille » ajoute un homme…
Les policier du quartier sont impuissants, ce n’est pas de leur ressort, nous comprenons qu’ils attendent du renfort… le GIGN peut-être : C’est du sérieux.

Deux voitures de policiers en civil arrivent. Un barbu crâne rasé avec un pantalon militaire… et un autre avec une mallette. Serait-il le négociateur, ou le psychologue ?
Les policiers enlèvent avec difficulté leur propre véhicule qui empêchent la venue de leur collègue.

Ils nous évacuent au-delà du carrefour… C’est la troisième fois qu’ils nous poussent et mettent des petits ruban rouge et blanc. Quand je leur demande ce qui c’est passé, l’agent me répond :
« non il ne s’est pas passé, il va se passer. Je ne peux rien vous dire voyez-vous je suis un peu comme un médecin. » (?)

Une voiture EDF arrive, puis les pompiers qui font couler de l’eau dans la rue, puis une voiture gaz de France. Nous nous réfugions dans un bar où la patronne du restaurant nous invite à prendre un verre à sa table.

D’autres policiers – en uniforme bleu marine cette fois-ci - sont arrivés. Deux journalistes du Parisien sont désormais également sur place, prévenus par un voisin, puis des policiers en brassard et enfin une camionnette blanche :

Il est 21h55, le GIGN est sur place.
La « substitut » du procureur, une petite femme arrive.
A partir de là tous semble s’accélérer tandis qu’avant leur arrivée rien ne semblait fait ni a faire.

Une femme est assise dans le camion de police : la témoin, la femme de l’homme, aux dires de certains. Ainsi l’homme n’aurait pas d’otage du tout et serait seul avec une arme.

Dans la foule de voisins, on frisonne, on redoute les manières de faire de ces hommes masqués et casqués, vêtus de noir et surarmés. Un homme sera t-il abattu par la police française dans la rue Marcadet ce soir ? Pour certain ça ne fait aucun doute :
« Ah, ils vont éliminer le problème, ils s’en fouttent. Ils sont là pour éliminer l’élément perturbateur de la société. » ; « Pourvu qu’il n’y ait pas de blessé » dit une femme aux traits tirés. » ;« C’est une histoire de garde d’enfant » ;« Alors que le problème est en amont, qu’il serait facile de le régler… Ils vont abattre un homme. D’ailleurs les français aiment les manières expéditives, c’est comme ça que Sarkozy a été élu, la prise d’otage de Neuilly. [1]Ils l’ont tués, sans remord. »

Il faudra une demi heure pour que la tension redescende et quelques voitures banalisées repartent, notamment celle du « substitut » :
« C’est finit, si elle part c’est que c’est terminé. Regardez. Il a l’arme ». Un policier en civil tient effectivement un revolver entouré d’un morceau de tissu ou de papier. Nous n’avons entendu aucun coup de feu. Il n’y a pas de sirène d’ambulance.

Finalement l’un des policier du quartier nous annonce : « C’était un homme saoul. Il est rentré chez lui avec un arme. Ça femme a eu peur. Elle a appelé. On ne sait pas si il voulait faire mal à quelqu’un où a lui même. Il n’y a eu aucun blessé et il va simplement être emmené à l’hôpital en dégrisement. Voilà, ça y est, la route est à vous, vous pouvez y aller. »

Réponse : Plus de trois heures… heureusement cette foi-ci sans victime. Ce n’est bien sûr pas toujours le cas. Pourquoi la police garde t-elle le silence durant toute " l’opération" ? Qu’y avait-il de grave à dire aux citoyens expulsés de leur rue, une homme seul est armé, nous allons le désarmer. Pourquoi ne nous rassurent-ils pas quand au fait qu’il n’y a pas de victime... Le journaliste du parisien, qui n’a pas eu plus d’information que quiconque, habitué par leur méthode affirme que c’est pour qu’en qu’a de grabuges, ils aient une version officielle unique. Et ainsi contrôler l’information. Évidemment.

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