[ [ [ Émeute à Barbès - Yannis Lehuédé

Bravo la gauche ! Hier encore des esprits tortueux plaidaient qu’il vaut mieux, au fond, un sale gouvernement de droite comme celui de monsieur Sarkozy – un modèle du genre –, car au moins il ne laissait aucune illusion. On ne peut pas faire ce reproche à monsieur Hollande. Au contraire, à peine élu voilà qu’il sera parvenu à désespérer le pays entier.

L’amnistie présidentielle, pour les prisonniers et les PV, jadis inventée pour permettre aux nouveaux élus de lever un peu de sympathie même auprès des plus sceptiques, il y a renoncé.

Le nécessaire désarmement, indispensable pour la survie physique de l’humanité à moyen terme, mais plus urgent encore pour les finances publiques, il y a renoncé, préférant parader sur un sous-marin nucléaire où il écopa d’emblée d’un sobriquet qui pourrait bien lui coller à la peau, François le Terrible.

La pacification de la guerre aux étrangers et aux tziganes engagée par son prédécesseur avec le plus odieux cynisme, il l’avait promise pour se faire élire, mais il y a aussitôt renoncé, nommant le dynamique Manuel Valls au ministère de l’Intérieur qui s’est empressé de déclarer qu’il ne changerait rien, démantelant les camps de Rroms et poursuivant la chasse aux sans-papiers.

On espérait qu’en nommant les Verts aux ministère du logement, là au moins, les squatters de Jeudi noir parvenus dans ce fastueux cabinet ministériel parviendraient à donner une impression du "changement" claironné. Làs, ceux-ci n’auront rien eu de plus pressé que de couper l’électricité et l’eau au premier squat qui s’est ouvert à Paris sans eux puisqu’ils étaient occupés ailleurs...

La litanie des déceptions est d’ores et déjà sans fin. En moins d’un trimestre François Hollande sera parvenu à enterrer la gauche mieux que ne l’auront fait ses pourtant redoutables prédécesseurs, François Mitterrand et Lionel Jospin.

Ce monsieur aura ainsi tordu le cou à toute espérance en moins de deux, sans s’en apercevoir, bien sûr, le pauvre homme. On ne demande pas à un technocrate d’inventer la poudre.

Voilà qui serait sans importance en temps ordinaire. L’infâme Sarkozy a bien prouvé qu’on peut parfaitement gouverner en se faisant haïr, même si cela n’aide pas à se faire réélire.

Malheureusement pour François Hollande, sa conquête héroïque du pouvoir aura coïncidé avec la crise économique la plus redoutable de tous les temps. Celle de 1929, pourtant justement fameuse, apparaîtra sous peu comme une bagatelle à côté de ce qui nous attend.

On a beaucoup glosé sur la banqueroute de l’État grec. Mais on a fait moins de commentaires, hier, lorsque la Catalogne, une des régions les plus riches d’Europe, a annoncé qu’elle ne pourrait verser ses subventions aux organismes sociaux. "Il s’agirait de 400 millions d’euros, destinés aux hôpitaux, centres pour handicapés, résidences pour personnes âgées ou centres d’accueil pour mineurs", explique l’AFP. Ainsi, 100 000 fonctionnaires ne toucheront pas leur salaire de ce mois de juillet… "Ça tombe très mal. Cela touche la manutention des locaux, l’eau, l’électricité", détaille la responsable d’un centre pour mineurs qui héberge 2000 enfants et jeunes adolescents.

La tête d’œuf qui fait office de porte-parole du ministère de l’Économie catalan s’est voulu rassurant : "C’est un problème de liquidité", dit-il sans rire, car on sait bien que ces gens-là sont capables de tout sauf d’humour. Il s’est même hasardé à pronostiquer que les choses "commenceraient" à rentrer dans l’ordre en septembre. Un garçon optimiste.

Une autre technocrate impénitente reconnait qu’"on a été pris par surprise", mais se veut encore plus rassurante en rappelant ce que personne ne savait, que le problème s’était déjà posé il y a moins d’un an...

Il n’est pas vraiment interdit de pronostiquer non les "difficultés de l’euro" dont se gargarisent les journaux et les gouvernants qui doivent bien faire semblant de faire quelque chose, mais la faillite totale de l’État, et pas ici ou là, mais partout.

Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Il fallait assister à la conférence de presse de ceux qui appellent à un jeûne pour l’abandon de l’arme nucléaire, il y a deux jours, à la Mairie du 2ème, pour entendre ce simple rappel : en une dizaine d’années les dépenses militaires mondiales ont… triplé ! Ce sont les chiffres du SIPRI, l’institut de Stockolm consacré à ces évaluations – notoirement sous-estimées, par exemple pour ce qui concerne le budget français.

Le coup d’État mondial du 11 septembre 2001 aura porté ses fruits. Maintenant, il n’y a plus qu’à ramasser les pots cassés. Et on n’a pas fini de pleurer.

Hier après-midi, à Barbès, sonnait le tocsin des temps nouveaux, et ce sont deux fliquettes et un flic qui se sont fait gentiment tabasser par la foule en furie.

Paris s’éveille

Paris : trois policiers blessés lors d’une intervention à Barbès

Jeudi vers 20 heures, après l’interpellation de deux voleurs à la tire présumés, près de la station de métro Barbès-Rochechouart à Paris, les policiers ont été « pris à partie » par une cinquantaine de personnes qui leur ont jeté des projectiles, selon une source policière.

Trois policiers ont été blessés jeudi soir près de la station de métro Barbès-Rochechouart, dans le XVIIIe arrondissement parisien, lors d’une intervention au cours de laquelle ils ont été « pris à partie » par une cinquantaine de personnes qui leur ont jeté des projectiles, selon une source policière.

Des policiers de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) ont interpellé vers 20 heures sur la voie publique deux présumés voleurs à la tire, soupçonnés d’avoir dérobé un téléphone portable dans le métro.

Une cinquantaine de personnes leur ont lancé « différents projectiles », dont des chaises, avant d’être dispersées par des renforts de police, d’après cette source.

Des rapports et procès-verbaux (PV) de police, qu’a pu lire l’AFP, font état de « l’extrême agressivité » de ces personnes, précisant que les deux présumés voleurs ont « ameuté » la foule et ont pu s’enfuir, l’un étant menotté. Ces rapports font également état de « plusieurs centaines d’individus » regroupés lors des incidents dans la rue.

Des projectiles les plus divers lancés sur les forces de l’ordre

« Manches de bois, bouteilles en verre », « tables, morceaux de palettes de bois » ont été « lancés de toutes parts » sur les policiers, selon ces documents. Une « foule hostile » qui s’en est aussi prise à un véhicule de police sur lequel ont été lancés des « haltères » et des « pavés ».

Trois policiers ont été blessés lors de ces affrontements, a dit la source policière. L’un a été admis en observation à l’hôpital tandis que les deux autres ont obtenu une dizaine de jours d’ITT (incapacité temporaire totale), a-t-elle ajouté. Une enquête a été ouverte.

[Source ; café noir, Le Parisien]

L’INTERVENTION de quatre policiers sous le métro pour interpeller un voleur à la tire boulevard de la Chapelle a tourné à la mini-émeute hier, en milieu d’après-midi. Il était environ 16 h 15 lorsqu’une patrouille de la brigade anticriminalité du XVIII e est intervenue près de Barbès, sous le métro aérien, courant après le voleur que désignait un passant. Comme ils l’interpellent, le voleur présumé ameute la foule, qui devient un peu plus importante en cette fin d’après-midi. Très vite, un attroupement se forme autour d’eux. Deux cents personnes se massent autour de l’interpellé et des quatre fonctionnaires, pris à partie de façon très violente. Quelques jeunes, qui se regroupent habituellement et régulièrement autour du square Léon tout proche, habitués à en découdre avec la police, se sont joints à la scène. La menace d’une bagarre générale est perceptible. Une poubelle est descellée, quelques pavés auraient même volé.

Trois policiers, dont deux femmes, blessés.
La patrouille, qui comptera au final trois blessés légers, dont deux femmes policiers qui se plaignent de coups de poing et de pied à la tête, a dû appeler du renfort pour s’en sortir. Une trentaine de fonctionnaires ont afflué vers le boulevard, à la rescousse de leurs collègues. Cinq personnes ont été interpellées et conduites en garde à vue au service de recherche et d’investigation (Sarij) du XVIII e , tandis que le calme revenait sur le boulevard, peu avant 17 heures. Il y a quinze jours déjà, une intervention du même genre, sur la voie publique et quasiment au même endroit, avait provoqué un attroupement et une scène similaire.

[Source : aufeminin.com]

La Catalogne suspend ses subventions sociales, les salaires menacés

BARCELONE — La Catalogne, poids lourd économique de l’Espagne, au bord du gouffre financier, a annoncé mardi qu’elle ne verserait pas en juillet les subventions aux organismes sociaux, provoquant l’indignation d’un secteur déjà frappé par les coupes budgétaires.

"C’est un problème de liquidité", a expliqué une porte-parole du ministère catalan de l’Économie, en ajoutant que la situation "commencerait à revenir à la normale en septembre".

La Catalogne, la région la plus endettée du pays, dirigée par la coalition nationaliste CiU, a déjà reconnu qu’elle envisageait de faire appel au fonds de liquidité de 18 milliards d’euros créé par le gouvernement pour aider les régions à honorer leurs dettes.

Mais elle refuse les mesures de rigueur draconiennes qui accompagnent cette aide et a annoncé qu’elle ne se rendrait pas, mardi soir, à une réunion avec le gouvernement sur la réduction du déficit des régions, fixé par Madrid à 1,5% du PIB en 2012 et à 0,7% en 2013.

Le gouvernement régional n’a pas précisé le montant des subventions qui ne pourraient être versées, mais selon le quotidien El Pais, il s’agirait de 400 millions d’euros, destinés aux hôpitaux, centres pour handicapés, résidences pour personnes âgées ou centres d’accueil pour mineurs.

Environ 100.000 salariés pourraient ainsi être privés de leurs salaires du mois de juillet, selon la Confédération des associations du secteur social, qui réunit environ 800 organisations.

"Il y a un sentiment de déception et d’inquiétude". "Certains centres ont une marge pour tenir mais la majorité sont affectés" par ce défaut de paiement, déplore Laia Grabulosa, directrice technique de cette Confédération, soulignant que les centres apportent "des services fondamentaux aux personnes très fragiles".

"Nous réclamons un calendrier de paiements et nous voulons savoir quand nous allons recevoir l’argent du mois de juillet", insiste-t-elle.

Sonia Martinez, présidente de Fedaia, un organisme de tutelle des mineurs qui accueille quelque 2.000 enfants, partage son angoisse.

"Ça tombe très mal. Cela touche la manutention des locaux, l’eau, l’électricité", déplore-t-elle.

Or, "ce sont des enfants qui sont à notre charge 24 heures sur 24. Il faut les éduquer, les nourrir, s’en occuper" et cela nécessite beaucoup de personnel.

Plus de 10.000 professionnels de cet organisme et quasiment 400 centres sont concernés, ajoute-t-elle, précisant avoir évalué à au moins cinq millions les subventions manquantes.

La Fédération de l’assistance aux personnes âgées (Feate) évoque elle un manque de 6,3 millions qui touche 3.200 professionnels et 110.000 usagers.

Angels Guiteres, présidente de la Fédération du secteur social de Catalogne, plate-forme qui regroupe 4.000 entreprises, centres et associations de la région, se veut toutefois plus optimiste.

"On a été pris par surprise" mais "c’est un problème ponctuel. Le gouvernement (de Catalogne) s’est engagé au retour à la normalité en août ou septembre", dit-elle, rappelant que le problème était déjà arrivé en septembre dernier et que le trou avait été comblé en octobre.

La Catalogne, qui représente un quart du PIB de l’Espagne et dont la dette atteignait 21% de son PIB à la fin du premier trimestre 2012, a reconnu avoir énormément de mal à se financer sur le marché, alors qu’elle a terminé 2011 avec un déficit de 3,7% de son PIB.

Elle s’est engagée, comme le reste du pays et l’État central, dans une chasse au déficit et avait annoncé pendant l’été 2011 des coupes draconiennes, dont 10% dans les dépenses de santé, visant un milliard d’euros d’économies.

Depuis, des services d’urgence ont fermé dans plusieurs hôpitaux, notamment à Barcelone, des lits ont été supprimés et des dispensaires ont réduit leurs activités.

[Source ; AFP]

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